Accueil > 10.000 à Paris contre les expulsions et la politique sociale du gouvernement

10.000 à Paris contre les expulsions et la politique sociale du gouvernement

Publie le dimanche 14 mars 2004 par Open-Publishing

Mal-logés et sans-logis, intermittents du spectacle, ou encore chômeurs, quelque 4.000 personnes selon la police, 10.000 selon les organisateurs, ont manifesté samedi à Paris à l’appel d’une quarantaine d’associations et de syndicats pour dénoncer la reprise des expulsions locatives, prévue lundi, et plus largement la politique sociale du gouvernement.

Des rassemblements ont aussi eu lieu à Colmar, Lille, Marseille, Montpellier, Orléans, Rouen, et Tours, selon l’association Droit au logement (DAL).

Dans la capitale, les protestataires, qui répondaient à l’appel du DAL, mais également des associations de chômeurs, du Syndicat de la magistrature (SM), des Verts, de la CGT, de la FSU ou encore de Sud, se sont rassemblés en début d’après-midi place de la République, avant de rejoindre en cortège les abords de l’Hôtel Matignon.

Sur la banderole située en tête du cortège, on pouvait lire : "Un toit c’est un droit. Pas d’expulsions sans relogement".

La Coordination nationale des sans-papiers qui réclament leur régularisation, celle des intermittents du spectacle d’Ile-de-France ainsi que la fédération CGT du spectacle -qui exigent l’abrogation de la réforme d’assurance-chômage de leur secteur- ont défilé dans le sillage des mal-logés pour dénoncer la politique "de répression, et de régression sociale du gouvernement Raffarin".

Le secrétaire général de la fédération CGT du spectacle Jean Voirin, a vu dans ce défilé la "convergence des luttes contre la politique de Raffarin".

"Chirac, es-tu sourd à l’appel des mal-logés !", "Non, non, non aux expulsions !", ou encore "Pas d’expulsions sans relogement !", ont scandé les manifestants qui brandissaient des pancartes à l’image des messages d’avertissement figurant sur les paquets de cigarettes. "La rue tue", "Un logement décent réduit les risques d’échec scolaire", pouvait-on notamment lire.

Des banderoles dénonçaient également la flambée des loyers : "Salariés modestes, logements trop chers. Qu’est-ce qu’il nous reste ?".

"Tant que vous n’avez pas les sacro-saints documents, feuilles de paie etc, montrant votre installation dans la société, vous n’avez pas accès au logement, y compris dans les sociétés HLM", a expliqué Philippe, 51 ans, au chômage, expulsé de son appartement dans l’Essonne au printemps dernier et qui, depuis, a logé dans des hôtels et des foyers successifs.

"La règle pour les propriétaires, ce sont les gens stables. Et qu’est ce qu’on fait
pour les autres ? C’est complètement en décalage avec la situation de précarité dans laquelle de plus en plus de gens se trouvent", a-t-il ajouté.

Dans le cortège également, des assistantes sociales, confrontées, comme Isabelle, 29 ans, "chaque jour à des familles qui ont un problème de logement et souvent sont menacées d’expulsion". "Souvent on n’a pas de solutions pour elles. Les foyers sont archi-complets", déplore encore la manifestante.

Outre un moratoire sur les expulsions, les associations demandent "la réalisation en urgence de 300.000 logements sociaux en Ile-de-France, un million pour la France", et "la réquisition des logements vacants par les autorités afin de répondre à la demande".

Comme chaque année, la "trêve hivernale" qui interdit toute mise à la rue durant l’hiver et prend effet tous les ans le 1er novembre, va se terminer le 15 mars au matin. Selon les associations de défense des mal-logés, quelque 100.000 demandes d’expulsions sont formulées devant les tribunaux chaque année pour des loyers impayés.

De récents rapports, dont celui de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés, ont mis au jour l’étendue de la crise du logement, surtout pour les ménages les plus pauvres, et les expulsions en forte augmentation.

Si les décisions de justice ont baissé de 1997 à 2002 (87.700 à 83.800), les expulsions effectives sont passées de 4.753 en 1997 à 7.534 en 2002. PARIS (AP)