Accueil > 3ème Partie / 70è ANNIVERSAIRE DU PCA (Parti Communiste Algérien) - LES (...)

3ème Partie / 70è ANNIVERSAIRE DU PCA (Parti Communiste Algérien) - LES PORTEURS DES VALISES DE LA MODERNITE

Publie le jeudi 15 juin 2006 par Open-Publishing

http:www.argotheme.com

Par N.E. Tatem

Le PCA au refus du DOM/TOM. 

C’est sous Lénine, fin stratège et intellectuel, de théorèmes à portée organique pour la renversement de l’ordre établi, que se renforça la croyance en l’Etat-Nation. « Musulmans d’orient, persans et turcs, arabes et hindous...Ne les laissez plus saccager vos foyers. Vous devez être vous même les maîtres de vos pays... » (3) L’établissement de nationalités aux peuples qui en sont dépourvus, a emprunté la prescription historique qui ne se fait pas adjurée, du transit par la formation du pays donné en conformité à des modèles éprouvés « Territoire, Peuple et PPP : Perspective de Puissance publique. » Nécessité engendrée de cheminements disparates mais pratiquement postulés dans le même combat anti-impérialiste des communistes.

La nationalité, avec Marx, était un regroupent universel, philosophie qui s’est traduite en une dichotomie du globe terrestre : est/ouest.

Une inestimable intuition humainement pensée, et qui ira crescendo plutôt sur un autre choix que l’Etat prolétarien unique au niveau mondial, se doit-elle aussi de comporter les anticipations des lendemains imprévisibles. Les adhésions des pays en mal d’indépendance, astreints aux mutations, sont espacées de l’époque du précurseur. L’hypothèse philosophique, comme une bouteille messagère mise à la mer, recherchait des affiliés qui sympathisent d’abord, apprécient puis pactisent pour atteindre le niveau envié de l’acteur agissant. S’il y est un dialecticien qui marqué l’humanité, c’est bien Marx qui a ambitionné le mieux une automatique et volontariste évolution de la société, révélant un destin qui a marqué le XXième siècle, bien après sa mort.

C’est même un appel à la guerre libératrice que les communistes ont lancé en se disjoignant des socialistes qui restaient sur leur froideur à la priorité de libérer les colonies. La lutte sociale qui était le socle premier du marxisme s’est emboîtée au prolongement à l’égard des colonies dont les résistances incessantes sporadiques n’ont jamais été définitivement contenues. L’autonomie se dessinait en grignotage des territoires relevant du capital qui avait plus de maîtres esclavagistes que de pédagogues de civilisation. Le PCA à l’instar de ses semblables des colonies, luttait contre l’exploitation démesurée que les colons venant avec le ventre et les poches avides de remplissage ont instauré.

Ils se sont accaparés les ressources naturelles dont regorge l’Algérie, ne bénéficiait point aussi des autres privilèges des postes administratifs. L’Etat universel bénéficiait donc d’une pièce de son puzzle. « Dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les partis dont la bourgeoisie possède des colonies et opprime d’autres nations doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout parti désireux d’appartenir à la 3éme internationale est tenu de démasquer impitoyablement les entreprises de « ses » impérialistes dans les colonies, de soutenir, non en paroles mais en fait tout mouvement de libération dans les colonies , d’exiger qu’en soit expulsés les impérialistes nationaux, de cultiver dans les cœurs des ouvriers de son pays une attitude vraiment fraternelle à l’égard de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées. »(4).

Partout les communistes menaient des luttes sans pouvoir dissocier les intérêts des travailleurs et des colonisés. Le travailleur s’est solidarisé du déshérité de patrie. Colonie ou pas, un même credo sans tenir compte des confins : l’intérêt de la classe prolétarienne s’est muté à être soudé avec ceux des opprimés. Inscrivant en critère désormais préalable, l’indépendance des colonies, la classe ouvrière a ouvert un front, la tâche anti-impérialiste. Dans celle-ci, au flan de la lutte locale se trouvait ce parti algérien, épris de faire communier la parole des travailleurs avec celle des colonisés auxquels l’analyse n’était pas populiste. D’où la caractéristique du PCA à jouir d’une identité convenant à la poursuite des combats de la tradition arabo-berbére dans une projection, disons, matérialiste.

Un monde nouveau, altérant le globalisant préconisé par Marx, a été mis sur rails. Non pas la prise du pouvoir par les travailleurs mais d’autonomie de territoires soumis à la rapine et à la violence. Caricatures capitalistiques, les empires coloniaux ont été démantelés sous l’impulsion de la gauche suivie du centrisme des libéraux. Les guerres qu’a merveilleusement symbolisé celle qui avait libéré l’Algérie, malgré bien des déboires sombres, ont été des révolutions du prolétariat de la paysannerie agricole. Elles ne sont pas l’œuvre exclusive de communistes, plus ancrés dans les milieux industriels ou de service souvent subalternes que dirigeant. Une double perception, de travailleurs et de colonisés, soumettait les tâches à la priorité et l’urgence. La société algérienne était agricole depuis des lustres.

Issus des syndicats très européanisés, des socialistes et des déjà persécutés en métropole, ou leurs descendants, ces travailleurs ont plus tard trouvé des liens et des connexions avec la paysannerie où se sont illustrés plus les petits propriétaires que les salariés : Tahar Ghomri (a) et Chebah El-Meki (b) ont plus fait du syndicalisme avant de se trouver confronté à la nécessité absolue : l’indépendance. Le dilemme vivant, approche et rapprochement à la fois colonisé et dans son statut social de travailleur de la terre, sort de l’idéologie ouvrière professionnellement attelée à la machine et l’urbanité.

D’où la délicatesse de soutenir des fondements de modernité devant la multiplicité culturelle d’abord, plus difficilement face à ce qui est de nature différente et même impossible pour une substitution totale de psychisme, de mentalité ou de société.

Il a fallu que des faits viennent corroborer la vérité de leurs actions engagées envers les opprimés, pour que ces derniers les rejoignent dans le cadre déjà opérationnel.

La montée du front populaire fut un remous, en 1936, au regard d’une prise de pouvoir qui a duré une année, qu’une option historique radicale ne pouvant reculer. Les travailleurs dans la cité capitaliste européenne et d’outre-atlantique, avaient eu sympathie des sociales démocraties dont sont issus d’une manière directe les PC. Les instruments politiques partisans libéraux que les mouvances conservatrices, dites républicaines ou à connotation confessionnelle, se sentent, au plan universelle aussi, proches des libertés. Les années 20, aux USA, ont été marquantes. Tous les pays industrialisés connaissaient des luttes ouvrières implacables, aux USA la marche, sur la maison blanche, des ouvriers de l’industrie surtout des années 20 fut la démonstration grandiose de ce combat. Cependant la question des colonies avait été en France, comme exemple d’empire colonial, le socle du 1èr congres du PCF en 1920, réplique aux instances à l’échelle universelle tenues avec Lénine et du plus récent, la même année, à Tours.

Dans les colonies, les résistances ne se faisaient point aux invasions qui dataient du siècle précédent. La lutte sociale, à armes inégales, avait la connotation d’être contre les bénéficiaires du système colonial dont la domination était disproportionnée de l’argument civilisateur. Marx, dans ses notes et lettres de son séjour en Algérie, constatait l’inconscience d’appartenance à la classe prolétaire des habitants de contrées qui n’avaient gardé de l’héritage arabo-musulman que la farniente dans la nature et la culture pittoresque. La paysannerie déphasée, regardait en subissant la férocité des accaparateurs surarmés. Ce qui démontre aussi la montée du léninisme briguant l’expansion capitaliste de ses extensions coloniales, même si cette donnée n’est pas prise en compte par les historiens du colonialisme et souvent, maladroitement, niée par ceux des indépendances.

A l’origine les sections partisanes de gauche qui existaient en Algérie étaient socialistes de la SFIO. Plus tard après l’émergence du P.C.F. des recrutements de maghrébins se sont effectués surtout en métropole où il était possible d’y faire partie. En territoire colonisé, il était interdit aux algériens de tenir des réunions de plus de 25 personnes, de créer des associations religieuses où de rejoindre les partis existants. En cas de rébellion, les peines sont de l’amende à une relégation dans les fameux bagnes. Il était aussi impossible d’accéder à des emplois dans l’administration ou simplement d’exercer aux métiers de maçon, mécanicien, employé de commerce etc. Des professions réservées aux nationalités (Maltes, Italiens, espagnols dont l’émigration en territoire de l’ancienne Gaule côtoie celle musulmane) ou aux exclus, français mais indésirables.