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A l’approche du 29 mai, les masques tombent : le cas Dubet

Publie le vendredi 22 avril 2005 par Open-Publishing
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Ce référendum, quel qu’en sera le résultat, a décidément du bon.
A "gauche", les Tartufe tombent le masque les uns après les autres. Avec des nuances et des chronologies qui trahissent les défaillances intellectuelles et politiques, les services commandés, ou qui, a "contrario", préservent ce qui pourra l’être après la victoire du non, de plus en plus prévisible, mais dont la perspective ne doit en aucun cas nous amener à faiblir dans nos luttes.

Nul ne sait ce qui a conduit le spécialiste hors-sol de l’éducation François Dubet à s’afficher dans Libération du 20 avril 2005 en faveur du oui. Son champ opérationnel habituel se limite au dénigrement non pas tant de l’Ecole, mais bien davantage des enseignants, sous les applaudissements de plus en plus rares, il est vrai, d’une partie de la profession, inféodée aux syndicats "anti-élitistes", notamment SGEN-CFDT et UNSA.

Notre sociologue de marché cadre d’entrée les choses : " partout en Europe, les choses semblent claires : les adversaires de la Constitution sont les souverainistes refusant que la nation cède une part d’indépendance".

Comment ? Ces Français décidément insortables n’acceptent pas, avec les pires "souverainistes" (sic) de se défaire des mécanismes qui conduisent à ce qu’un parlement national élu ait plus de pouvoir qu’ une commission ne représentant personne, capital excepté ? C’est trop d’opprobre...

Passons sur le fait bien évidemment tu par Dubet que moins de la moitié des 25 membres jugent bon de : consulter leur population sur la question, coupant court toute amorce de débat. Passons sur le fait que des peuples de toute l’Europe soutiennent le non français. Passons sur le fait bien évidemment tu par Dubet que parmi les pays choisissant la voie référendaire, seule la moitié de ceux-ci s’estiment liés par la consultation ce n’était pas le cas de l’Espagne, par exemple, ce qui y explique les quelqque 60 % d’abstention. Ces peuples exclus de la prise d’une décision importante pour leur avenir sont infiniment plus fréquentables. Ils sont "sages", eux, aussi sages que les mouvements altermondialistes à la sagesse desquels Dubet rend hommage, ainsi qu’à leurs tentatives de "régulation" (sic) de la mondialisation.

Mais dans le cas français, il y a aussi "un non de gauche [qui] s’installe", [qui] "defend plus un modèle national, un imaginaire national républicain, qu’un modèle social".

Ce non de gauche, il est crucial de le salir. Dubet s’y emploie auprès des lecteurs de Boboration et des enseignants qu’il croit peut-être suspendus à ses lèvres.

De manière incongrue, l’"expert" revient de manière pavlovienne sur le foulard islamique et le racisme "anti-blanc" qui ne saurait qu’être, sinon un blasphème, du moins une vue de l’esprit. Les propos desdits racistes eux-mêmes, la réalité du délitement d’une société de plus en plus destructurée qui induit des mécanismes d’exclusion et d’intolérance de toute nature, les témoignages multiples recueillis bien avant le 8 mars, tout cela n’existe pas. Passons, car nous ne souhaitons pas être hors-sujet de concert avec l’éminent professeur. Pour la route, relevons tout de même dans le paragraphe du foulard, la savoureuse saillie sur les "droits de malades" (mais lesquels ?) à l’hôpital, dont l’exercice, que notre défenseur des communautarismes juge apparemment légitime, "porterait atteinte à la grandeur des professions hospitalières". Courageux mais pas téméraire, il ne nous dit pas s’il est plutôt porté sur le remboursement de l’excision par la Sécurité sociale, celui de la réfection d’hymen, ou plus "sagement" sur l’acceptation du refus d’une patiente, souvent bien secondée par son mari, d’être examinée par un homme.

Ces professions de la Fonction Publique ne sont pas, voyez vous, au "service du public". Une fois le statut de fonctionnaire détruit, la régionalisation achevée, ce sera plus facile : tous ces gens feront du "service aux particuliers", un vrai bonheur.
Nous épargnant de surprenante manière (un malencontreux oubli ?) le couplet habituel sur "l’extrémisme" et la communauté de vote avec Le Pen et Villiers, le grand intellectuel ne loupe heureusement pas la mention d’"un anticapitalisme radical qui n’est même plus associé à un projet révolutionnaire", qui ne peut certes pas comprendre la "stratégie d’un capitalisme planétaire" menée par EDF, à propos de laquelle Dubet demeure d’une discrétion sans tache, et cela vaut en effet mieux pour ce thuriféraire de la privatisation du service public de l’énergie.

Troisième acte : le non prospère, car "la gauche du oui paie sa timidité". Elle a "assumé l’économie de marché sans assumer idéologiquement ce choix". Du coup, "ses clientèles la lâchent".

On comprend mieux l’aveuglement d’un "sociologue" quant à ses diagnostics négationnistes sur l’état de l’Ecole à l’aune de tels propos. On mesure mieux pourquoi il fut permis voici quelques années d’entendre en Sorbonne de la bouche de Dubet que "les enseignants regardent les mêmes programmes de télévision que leurs élèves".

François Dubet aime tant "l’imaginaire" qu’il en a transgressé les limites depuis plus de vingt ans. Le sociologue vieillissant n’a toujours pas compris que depuis 1982, la gauche avait ASSUME idéologiquement son rôle de soutien à la droite dans l’élaboration des politiques de dépossession collective des peuples au profit du capital. Pour le peuple, cela s’appelle une TRAHISON. Il n’a toujours pas compris pourquoi Jospin fut devancé par Le Pen. Il ne comprend pas davantage pourquoi le non est donné gagnant. Il vit dans l’illusion, et ne comprend pas que les théories des gourous de son espèce ont cessé de cocufier désormais la majorité des enseignants. Cela explique la profession de foi du 20 avril.

Avant de prendre sa retraite, François Dubet va aller de surprise en surprise.

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