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A la Réunion. Un élu, sa famille et ses copains... encore de petits arrangements ?

Publie le vendredi 21 avril 2006 par Open-Publishing

Interrogations sur le comité de jumelage de la Possession

La justice s’intéresse au comité de jumelage de la Possession. Après avoir entendu l’ex-trésorier hier matin, les enquêteurs de la BRD interrogeaient dans l’après-midi Ibrahim Dindar sur la gestion de la structure depuis 2000.

[21 avril 2006]

Quel est le point commun entre Port-Louis à Maurice, la commune rurale d’Antanifotsy à Madagascar, Villeneuve-d’Ascq dans le Nord de la France, la province de Foshan en Chine et Barakani sur l’île d’Anjouan ? Un seul à priori. Toutes ces localités sont jumelées avec la ville de la Possession. Une particularité que cultive la commune de l’Ouest au titre du “partage, de la solidarité” entre les populations. Cette politique de coopération tous azimuts nécessitait bien la mise en place d’un comité de suivi. Une organisation présidée - de manière officielle - depuis 2002 par Ibrahim Dindar (un homonyme du vice-président du conseil général) et qui intéresse aujourd’hui la justice.

Faut-il y voir un lien avec la nomination d’Ibrahim Dindar à la tête de la toute récente association des usagers de la liaison la Possession - Saint-Denis montée de manière “folklorique” dans le hall de la Région ? L’intéressé le pense fortement et le dit ouvertement à qui veut bien l’écouter. Les griefs contre le comité de jumelage ne datent pas d’hier. C’est un fait. Mais d’aucuns mettront ce “rebondissement” sur le coup de la lenteur de la justice et n’y verront qu’une simple coïncidence...

Dans un courrier en date du 20 février 2003, adressé au président de la Chambre régionale des comptes, le TPG (Trésorier payeur général) faisait part de son “scepticisme” quant à la bonne gestion du comité. “J’attire votre attention sur les indices de gestion de fait qui ressortent de ce dossier, comme la fixation du siège social de l’association dans les locaux de la mairie, l’importance de la part des subventions dans les ressources de l’association, la composition du conseil d’administration faisant apparaître un certain nombre d’élus ou de fonctionnaires de la commune”, écrivait-il. La lettre est sans effet. Ou presque. Le maire de la Possession et deux de ses adjoints resteront membres de droit du comité de jumelage. Mieux, il faudra attendre la fin 2004 pour que la municipalité demande aux associations de transférer leur siège et de ne plus faire adresser leurs courriers à la mairie. Dans la foulée, les élus municipaux quittent le conseil d’administration de l’association. Une manière pour la ville de montrer à la justice qu’il n’existe aucune lien entre elle et les formations qu’elle subventionne.

Il en faut plus pour convaincre Gérard de Boisvilliers, élu de l’opposition. A l’origine de la première salve destinée à démontrer la gestion de fait du maire dans l’association, il s’appuie désormais sur des factures, des dépenses “somptuaires” pour prouver le système de “copinage” au sein du comité de jumelage.

Contre les “corrompus et les malfrats”

Ainsi, le 18/08/1998, l’association a payé une note d’hôtel de 6 137 francs pour le compte du maire Roland Robert. Même si aujourd’hui ces faits sont prescrits, ils témoignent d’un mode de gestion qui a eu cours longtemps après encore. En 2002 par exemple, un séjour à l’île Maurice entre le 6 et le 8 décembre est payé par le comité au profit de l’épouse et la fille du maire. Dans la lettre adressée au procureur, le “Collectif possessionnais contre les corrompus et les malfrats” parle de “nombreux repas et nuitées d’hôtel payés par le comité pour le maire et ses proches ainsi qu’aux élus et autres copains”. Un peu plus loin, il reprend même une déclaration de l’ex-trésorier, Philippe Lew Kwok Chuen - “J’avais nul besoin de présenter de bilan prévisionnel. La subvention communale tombait régulièrement”. “C’est la preuve que le Comité était traité avec une faveur particulière et pour cause...”, commente le collectif.

Hier donc, les gendarmes de la BRD (Brigade de recherche départementale) ont voulu en savoir plus. Tout au long de la matinée, ils ont ont entendu l’ancien trésorier sur la gestion de l’association depuis 2000. “A sa demande”, Ibrahim Dindar a été interrogé dans l’après-midi. Il est ressorti libre de la BT de la Possession en attendant de voir si le procureur décide de donner ou non une suite à cette affaire.

J.F.

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