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ANTICRAVATE : LE SITE DE L’ALLEGORIE DE LA CRAVATE

Publie le mardi 4 août 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

NB : Spéciale Dédicace à l’ami Paul (qui se reconnaîtra)...


KUNDERA : "Le mot kitsch désigne l’attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre. Pour plaire, il faut confirmer ce que tout le monde veut entendre, être au service des idées reçues. Le kitsch, c’est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l’émotion...

Vu la nécessité impérative de plaire et de gagner ainsi l’attention du plus grand nombre, l’esthétique des mass media est inévitablement celle du kitsch, et au fur et à mesure que les mass media embrassent et infiltrent toute notre vie, le kitsch devient notre esthétique et notre morale quotidienne".

ANTICRAVATE : LE SITE DE L’ALLEGORIE DE LA CRAVATE

Qui a t-il de plus kitsch qu’une cravate ? Peut-être une casquette de rapper et encore...

L’allégorie de la cravate, c’est l’histoire de cet homme trouvé pendu par sa cravate le pantalon baissé aux toilettes de son lieu de travail : s’agissait-il d’un suicide, d’un accident du travail, du geste désespéré d’unn fanatique de la sieste ?

L’homme faisait une sieste tous les jours dans les toilettes (seul lieu où il était certain de ne pas être découvert). Les toilettes sont assez peu adaptées à cette pratique. La tête de notre homme tombait régulièrement, ce qui le réveillait immanquablement. Lui vint alors l’idée (le vrai paresseux fait preuve d’un génie que les autres ne soupçonnent et ne comprennent pas) de se tenir la tête à la chasse d’eau par la cravate (il faut bien qu’elle serve à quelque chose cette satanée cravate). Malheureusement, un jour il glissa de la cuvette et périt sur le coup.


Qui porte la cravate porte le phallus du père

texte de François Dor, juillet 1998.

Le pouvoir relève du domaine du père : nous vivons dans une société d’autorité patriarcale.

Celle-ci possède son uniforme, le complet, s’incarne plus distinctement encore dans un attribut vestimentaire bien particulier, la cravate. Banques, industries, administrations, tribunes politiques et médiatiques, les lieux du pouvoir sont les places fortes de ce bout de tissu, omniprésent. La cravate est le signe du pouvoir, le pouvoir ne se vit pas sans cravate : le domaine du père ne se vit pas sans son phallus, ostensiblement affiché.

Qui porte la cravate porte le phallus du père, tout agent du pouvoir se revêt du phallus du chef. Secrétaires, réceptionnistes, agents de l’entreprise, ne respectent d’emblée l’inconnu, le client, le fournisseur, le démarcheur, que s’il se présente à eux dans l’image du papa patron, costard cravate avantageux, gueule qui pue. La tribu du père s’agenouille devant l’attribut du chef.

Toucher le totem du père, s’assurer du pouvoir phallique, c’est se rassurer de son pouvoir. C’est pourquoi, juste avant un moment de pouvoir (rencontre, négociation, signature d’un contrat), se rajustent-ils tous, fort sérieux, la cravate, s’assurant d’un noeud bien serré, d’un tissu déployé, bien tendu : d’un signe de pouvoir bien consistant.

Quand le chef voit les attributs de son pouvoir disparaître, son phallus s’évanouit de même : c’est la prostate des Mitterrand, Mobutu et consorts.

Nous vivons une société très primitive en fait !

Qui porte la cravate vit le phallus du chef, accepte la société autoritaire, devient à son tour un lieu du pouvoir patriarcal, conforte cette structure, la légitime, la perpétue. L’ouvrier, le manuel, le petit employé, l’exploité, tous les sans-cravates sont broyés par le père capital : aussi se revêt-on du pouvoir du père pour compenser son impuissance à le renverser.

Qui porte la cravate accepte de courber l’échine à la loi du plus fort, du jeune employé aux cravates multicolores, guignol sympa qui paraît accepter sa castration dans la bonne humeur, au donneur d’ordres moins rigolo, propagateur sec et grisâtre de l’autorité de l’argent devant laquelle le monde doit plier.

La fonction de l’entreprise est d’accumuler du capital au profit du père. La fonction du porteur de cravates est d’éliminer de l’entreprise tout ce qui nuit à l’accumulation du capital. Londres fut longtemps la première place financière de la planète, le centre d’un monde, du plus grand des empires.

L’exploitation capitaliste de la planète colonisée, poussée ici à son exacerbation, trouvait sa représentation dans la City, et notamment dans le fameux chapeau melon de ses employés. Ce gland phallique mis à nu, déployé, dressé et rigide, symbolisait ouvertement l’entubage du monde par les financiers, ici quasi-orgastiques.

Une société qui porte la cravate est une société qui obéit au père et reproduit servilement son pouvoir, c’est une société infantile. Cette corde au cou manifeste l’étranglement du Moi : la cravate constitue ainsi par nature l’uniforme de l’escroc, administrateur judiciaire, promoteur immobilier, politicien, banquier, affairiste de tout poil qui, pour perpétrer son forfait en toute légalité, se cachera, inattaquable, derrière le phallus du père dont il aura pris soin d’être investi. Voilà pourquoi il est obligatoire chez les voleurs de porter le phallus du chef dans leur assemblée, le Parle Ment (le réglement intérieur de l’assemblée nationale oblige le port de la cravate) : car le totem tabou, insoupçonnable, donne le pouvoir de voler.

Les Parle Menteurs sont incapables de concevoir et de mettre en place les réformes dont nous avons besoin, car ils reproduisent indéfiniment la société patriarcale qui nous vole et dont nous ne voulons plus. Ils sont les assassins du peuple, cravaté.

La corde au cou obligatoire signe l’étranglement de notre société bloquée. Les créatifs, eux, ne portent pas de cravate, refusent de passer la corde du chef au cou : c’est qu’ils ne reproduisent pas la société du père, mais inventent un autre monde.

La cravate représente le phallus du père. Ceux qui la portent sont des petits garçons, propagateurs pervers ou impuissants, mais toujours infantiles, d’une société d’escrocs. C’est pourquoi, après celle des sans-culottes, la prochaine révolution sera celle des sans-cravates.

Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !

François Dor, Grèce juillet 1998.

http://antitoo.free.fr/antitravail/anticravate.htm

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Messages

  • Trop bon !!!!

    Comment je vais passer mes entretiens d’embauche sérieusement, lol !!!!

    Je suis hilare !!!

    C’est tellement vrai !!

  • Merci Camarade de faire allusion à l’une de mes cible préférée et révélatrice du système

    effectivement je me suis reconnu

    et je ne peux que recopier pour le soutenir les paragraphes de conclusion de l’article

    "Les Parle Menteurs sont incapables de concevoir et de mettre en place les réformes dont nous avons besoin, car ils reproduisent indéfiniment la société patriarcale qui nous vole et dont nous ne voulons plus. Ils sont les assassins du peuple, cravaté.

    La corde au cou obligatoire signe l’étranglement de notre société bloquée. Les créatifs, eux, ne portent pas de cravate, refusent de passer la corde du chef au cou : c’est qu’ils ne reproduisent pas la société du père, mais inventent un autre monde.

    La cravate représente le phallus du père. Ceux qui la portent sont des petits garçons, propagateurs pervers ou impuissants, mais toujours infantiles, d’une société d’escrocs. C’est pourquoi, après celle des sans-culottes, la prochaine révolution sera celle des sans-cravates.

    Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !"

    Mais il n"y a pas que le phallus que la cravate symbolise.

    Il y a aussi la fermeture de l’ouverture du corps au monde, c’est à dire l’ouverture de la générosité de poitrine au monde, du don de soi.

    la cravate puritaine avant tout est aussi la négation du corps de l’homme en tant que sensualité généreuse au monde.

    c’est à dire tendresse complice et généreuse du don de soi au monde

    donc effectivement

    la cravate interdit l’expression de toute valeur altruiste au monde en niant la dimension sensuelle du corps masculin.

    je suis radicalement contre le port de la cravate non seulement comme symbole de la domination patriarcale, guerrière et conquérante sur le monde, mais parce qu’elle est aussi une négation du principe de générosité du corps nu au monde.

    qu’elle est donc l’interdit de l’amour du corps masculin au monde

    l’interdit de toute expression de relation masculine de tendresse au monde.

    le féminisme n’est pas simplement la libération de la femme du carcan patriarcale : c’est aussi la libération de l’homme de ce même carcan qui lui interdit la générosité sensuelle de son corps au monde et lui impose d’être un destructeur conquérant et guerrier rivalitaire.

    paul

  • j’aimerais bien savoir qui est derrière ce pseudo "anticravate"

    je ne connaissais pas cette article de françois dor de 1998 et comment anticravate l’a trouvé

    merci de vos lumières

    paul

  • Je comprends mieux, à la lecture de cet article, pourquoi je n’aime pas le port de la cravate chez l’homme.

    La cravate est le signe du pouvoir, le pouvoir ne se vit pas sans cravate :

    Pas tout à fait vrai, car si j’ai bonne mémoire les députés à la Knesset se montrent en chemise ouverte et sans cravate.