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Agent Orange Vietnam : la bombe !

Publie le mercredi 13 décembre 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

de André Bouny

Le journal anglais « The Guardian », repris par « Libération » et « Le Nouvel Observateur », lâche une bombe qui tue la sacro-sainte crédibilité aveugle envers la science qui, au travers de Sir Richard Doll, a nié la dramatique réalité des victimes vietnamiennes de l’Agent Orange.

Pape de la communauté scientifique internationale, Richard Doll est né en 1912 à Hampton, Middlesex, Oxford. Professeur à l’université d’Oxford en 1969, puis lauréat de la Royal Medal en 1986, le célèbre épidémiologiste est anobli en 1971. Sir Richard Doll participait de deux découvertes : l’absence de liens entre le milieu socioprofessionnel et les ulcères de l’estomac ( !?) mais, par-dessus tout, au rôle du tabagisme dans l’histoire des cancers pulmonaires : « nous avons découvert le lien entre le tabagisme et le cancer des poumons en 1950, mais l’industrie du tabac s’est obstinée pendant des dizaines d’années à prétendre que nos résultats ne justifiaient pas notre conclusion… »

Lorsque Richard Doll s’intéressa à de possibles effets cancérigènes de certains produits toxiques sur l’homme, le quotidien britannique « The Guardian » dit que le célèbre scientifique était rémunéré par des sociétés de l’industrie chimique qui ne voulaient pas qu’apparaissent des liens de cause à effet entre leurs produits et les cancers. « Ses travaux sont d’ailleurs souvent repris par les détracteurs du projet européen REACH » signale le site Actualites News Environnement.

Sir Richard Doll a travaillé sur l’Agent Orange utilisé par l’Armée américaine au Viêt Nam, ainsi que sur le chlorure de vinyle contenu dans le plastique. Toujours d’après le journal britannique, dans les années 80, la société américaine Monsanto a payé le chercheur en honoraires de conseil 1500$ par jour, tandis que Richard Doll effectuait des recherches sur les liens entre l’Agent Orange (fabriqué, entre autres, par Monsanto) et les cancers. Sir Richard Doll conclura devant une commission australienne qu’il n’y a pas de liens entre eux. Alors qu’aujourd’hui tout prouve le contraire. Les vétérans australiens victimes de l’Agent Orange, ayant combattu au côté des étasuniens, attendent toujours comme tant d’autres. En 1999, lorsque le président Bill Clinton se rendit au Viêt Nam, les autorités vietnamiennes évoquèrent le malheur de l’Agent Orange et Madeleine Albrigth répondit : « Il faut des preuves scientifiques ! » Le quotidien britannique prend appui sur un contrat entre Richard Doll et Monsanto daté du mois d’avril 1986 prolongeant un accord de coopération de mai 1979.

Le journal « The Guardian » ajoute avoir retrouvé des dossiers prouvant que Sir Richard Doll a perçu des honoraires d’un montant de 22 188 € (15 000 £) de l’Association des producteurs chimiques et des groupes américains Dow Chemical (aussi fabricant de l’Agent Orange) et britannique ICI concernant une étude sur le chlorure de vinyle qui, là encore, montrait qu’il n’y avait pas de lien entre ce produit et cancer (exception faite du cancer du foie), ce que réfute l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Le site adiu.fr dit : « Or Doll est devenu un consultant secret du secteur industriel de l’amiante et entre 1970 et 2001 il a soutenu que l’amiante n’était pas responsable des cancers professionnels constatés chez les travailleurs au contact des poussières d’amiante. »

A 91 ans, peu avant sa mort, Sir Richard Doll a reconnu que la majorité des cancers étaient dus à des expositions aux produits chimiques. Il meurt le 25 juillet 2005, à Oxford.

Si le Sir Richard Doll a vendu son âme au diable, cette révélation risque d’affaiblir considérablement la défense des compagnies chimiques et changer la donne du procès des victimes de l’Agent Orange en cours à New York.

André Bouny, père adoptif d’enfants vietnamiens, président du « Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange » (CIS).

Messages

  • Pourquoi faut-il toujours attendre la mort d’un falsificateur pour dénoncer ses mensonges ?

    Pour protéger les bénéfices de ses sponsors pardi !!

    A quand la promulgation d’une loi de CRIME ÉCONOMIQUE CONTRE L’HUMANITÉ ?

    Y a t-il un juriste dans la salle pour creuser cette idée ?

    Flash

    • Pafaitement d’accord avec ce commentaire, crime économique contre l’humanité. Je rajouterai "non assistance à personne en danger" ou "homicide involontaire" avec circonstance aggravante d’une "personne sachante". Pour la criminalisation des corrompus, des menteurs, ce qui n’est pas le cas en France, contrairement à certains pays...

    • Il faudrait déjà que toutes les victimes du capitalisme soient reconnues.

      Ensuite, nous pourrions juger ce système et tout ceux qui en ont fait la promotion ou en ont usé, dans le cadre de cette loi...

      Euh...mais cela s’appelle la Révolution, non ? ;-)

      SBM.

    • On se calme, ce n’est pas en criant "haro sur le baudet" qu’on avancera.
      Bien au contraire, le fascinant pouvoir de l’argent étant et restant ce qu’il est, il y aura toujours un tas de chercheurs, de scientifiques ou de politiques pour mentir.

      La leçon à tirer de l’histoire de cette vie, sinistre en définitive, est politique.
      Criminaliser, stigmatiser un fraudeur de plus, fût il criminel, ne serait que faire le jeu du petit caporal entarté. Lui et sa clique ne se gêneront pas, avec le choeur des vierges néo libérales, pour entonner le couplet de la brebis galleuse, exceptionnelle bien sûr," mais pour la quelle on exigera une condamnation exemplaire".

      TOUTES les multinationales trichent, et manipulent gouvernements, médias, et programmes de recherche, dans le monde entier, pour la raison simple qu’elles les financent.
      Monsanto, Total-Fina, Dow Chemical, la liste est longue…La globalisation libérale n’a pas d’autre objet, en privatisant tout.
      Les vrais délinquants, les vraies organisations mafieuses, ce sont les macro entreprises entretenant des nuées de lobbyistes à Bruxelles, noyautant le MEDEF et l’OMC, contrôlant les médias et par là les politiques. (Voir à ce sujet l’excellent film "TheCorporation")
      http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Corporation

      Imaginer un nouveau délit comme le crime économique contre l’humanité, que les avocats surarmés des multinationales se feront une joie de contourner, ne changera rien.
      Ce qui changera les choses, c’est le retour à un système anti libéral et démocratique, c’est-à-dire -au service de tous-, le retour au service public, à la recherche publique dans le cas qui nous occupe, dont les budget ne cessent de fondre actuellement.