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Allemagne : le Parti de gauche ouvre la voie à un nouveau parti d’opposition

Publie le dimanche 11 décembre 2005 par Open-Publishing
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Le congrès du Parti de gauche, qui s’est achevé dimanche à Dresde (est de l’Allemagne), a ouvert la voie à une nouvelle formation politique allemande à la gauche du Parti social-démocrate (SPD) en approuvant le principe d’une fusion avec le parti contestataire WASG, son allié aux élections législatives.

Un "accord de coopération", qui propose aux membres de l’Alternative électorale pour le travail et la justice sociale (WASG) "un processus d’unification juste et solidaire", a été approuvé par une large majorité des 342 délégués de l’ex-PDS néocommuniste au cours d’un vote à main levé.

Ce parti devra naître avant le 30 juin 2007. Jusque-là, des pactes de "non concurrence" sont prévus en 2006, année électorale chargée avec cinq scrutins régionaux.

Ce texte, déjà approuvé mardi par les dirigants des deux partis, est la suite logique des élections législatives du 18 septembre, où le PDS et la WASG avaient recueilli 8,7% des voix, devenant le quatrième parti au Bundestag (chambre basse du parlement) avec 54 députés.

Le parti néocommuniste, dont l’électorat réside dans l’ex-RDA, avait doublé son score par rapport à 2002 grâce à la WASG, menée par l’ancien président du SPD Oskar Lafontaine et qui rassemble des déçus de la social-démocratie et les contestataires dans l’ouest du pays.

"Le 18 septembre a été marqué par l’intérêt pour un parti d’envergure nationale à la gauche de la social-démocratie. Les chances de développement d’un parti de gauche fort sont visibles et réalistes", a plaidé le président du Parti, Lothar Bisky.

"Nous voulons une nouvelle gauche qui pourra changer la politique de l’Allemagne. Si un gouvernement poursuit ce même objectif, alors nous y participerons", a déclaré Oskar Lafontaine. Après les élections, le SPD et les Verts avaient refusé de s’allier au Parti de gauche dans une coalition pourtant majoritaire au Bundestag.

Avant la fusion, trois points de friction devront toutefois être résolus : la référence au "socialisme démocratique" des néocommunistes, le passé du PDS, construit sur les ruines de l’ancien parti communiste SED de la RDA, et la présence du Parti de gauche dans des coalitions gouvernementales à Berlin et dans le Mecklembourg-Poméranie (nord-est).

Klaus Ernst, membre de la direction de la WASG, a expliqué que "certains militants ne pensaient pas, en venant chez nous, devenir dans un an des socialistes démocratiques".

"Il faut éclaircir le passé, le Parti doit s’ouvrir aux idées de l’Ouest", a-t-il précisé, assurant que la décision de Bernhard Walther, élu samedi comme trésorier et qui s’est retiré après avoir révélé être fiché comme informateur officieux (IM) de la Stasi, la police secrète de l’ex-RDA, était "un bon début".
Autre illustration des "différences culturelles" entre l’Est et l’Ouest, il aura fallu deux tours de scrutin pour permettre aux militants de la WASG d’être également membres du Parti de gauche.

La WASG reproche également au Parti de gauche de mettre en application au niveau régional les mesures "antisociales" qu’elle combat au niveau national.
"Nous avons de bonnes chances (aux élections régionales) en
Rhénanie-Palatinat, mais il faut résoudre ces conflits pour être crédibles là où c’est plus serré", a expliqué Klaus Ernst. Trois scrutins régionaux sont prévus en mars 2006 et deux en septembre.

Les discussions au sein des deux formations se poursuivront jusqu’à leurs prochains congrès, en mars pour la WASG et en avril pour le Parti de gauche, qui présenteront un bilan provisoire des négociations au vu des premiers résultats électoraux. (AFP)