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Alternative libertaire : lettre ouverte aux signataires de l’appel Copernic.

Publie le mercredi 6 avril 2005 par Open-Publishing

Depuis que nous avons été interpellés pour nous joindre aux signataires locaux de l’appel Copernic, nous observons l’évolution de ce comité et réfléchissons à la réponse que nous pouvons y donner. Certes, cela a mis un certain temps car nous souhaitons donner une réponse qui allie au mieux notre propre démarche à celle d’une expression plus large et unitaire ; ce qui amène à poser les limites des concession que nous sommes amené à faire.

Ni pro, ni anti.

Nous ne sommes ni pro, ni anti-européens. C’est pour cela que nous appelons résolument à voter contre le projet de constitution européenne.

Nous partageons avec les signataires de cet appel un certain nombre de valeurs. Tout d’abord, cette démarche qui exprime un non alternatif aux souverainetistes et autres nationalistes de tout poil nous semble important ainsi que la dénonciation du libéralisme effréné qui suinte à chaque page de
ce projet constitutionnel.
Nous ne reprendrons donc pas ici les éléments critiques de cet appel qui
dénoncent aussi bien l’élaboration anti démocratique, le pouvoir du marché
et la casse sociale car nous sommes en accord avec ces éléments d’analyse.

Les désaccords.

Si nous ne sommes ni pro, ni anti européens, ce n’est pas pour faire de la
surenchère mais parce que nous ne sommes pas prêts, par démagogie, à troquer notre habit d’altermondialiste pour un habillage altereuropéen. Nous nous considérons citoyens du monde et restons attachés aux valeurs portées par l’Universalité et l’internationalisme. Nous considérons que « ce « Non de
gauche » est une affirmation sociale démocrate moderniste de l’européanité.
Dans ce cadre, c’est une régression historique des valeurs portées par nos
ancêtres politiques incarnés par Marx, Jaurès ou Bakounine pour ne se
référer qu’aux fondateurs des idéaux socialistes.

Cet appel n’adresse aussi que très brièvement sa solidarité et un
partenariat égalitaire envers les autres peuples de la planète.

D’autre part, nous pensons que ce texte aborde peu la question des
mobilisations sociales qui sont le fondement du combat contre la casse
sociale déjà engagée depuis longtemps par les tenants de l’économie libérale
européenne (patronat, politiques de la droite ou de la gauche libérale,
technocrates). Un non électoral n’est pas suffisant pour empêcher les
politiques antisociales de chaque gouvernement national. Par contre ce non
entraîne une participation dynamique dont le mérite est de ne pas légaliser
à l’échelle européenne ces politiques impopulaires et surtout il prend toute
sa dimension dans une victoire idéologique qui permettrait de regonfler les
forces européennes du mouvement sociale. Ce serait aussi une revanche sur la
duperie électorale qui a mené Chirac à l’Elysée et un test national du
mécontentement populaire actuel.

Il est plus que jamais nécessaire d’harmoniser les forces européenne du
mouvement social face à la pression exercée par la pression économique
libérale. Ainsi le développement timide et ponctuel des eurogrèves
européennes chez les cheminots, les aiguilleurs du ciel, dans les transports
ou dans le secteur de l’électricité, la solidarité contre la fermeture de
Renault Vilvorde, à Alcatel ou chez les dockers et d’autre part les
mobilisations contre les divers sommets européens devrait être prises comme
valeur d’exemple.

En troisième lieu, nous trouvons que l’appel Copernic transpire d’une vision
jacobine de l’état social et ne tient pas assez compte de la diversité
ethnique, culturelle ou sociale des peuples qui habitent les frontières de l
’Europe. Notre culture politique inspirée du fédéralisme libertaire nous
impose une méfiance envers la centralité étatique dont les expériences
historiques ont montré les coupures entre la caste dirigeante de l’état et
les aspirations populaires.

Nous avons aussi dans ce texte le sentiment que l’état social providence
induit des présupposés négatifs par l’interpellation implicite d’un certain
type de Citoyen européen. En effet il nous apparaît s’adresser en priorité à
l’électeur « blanc » de souche européenne de surcroît classe moyenne. La
place et le statut des immigrations post coloniales, des peuples
minoritaires territorialisés ou pas n’apparaissent quasiment pas dans ce
texte comme dans les divers débats ou réunion auxquels certains militants
ont pu assister. Nous pensons que cela est significatif de la vision
jacobine de la plupart des organisation signataires de cet appel.

C’est pour toutes ces raisons que nous ne pouvons engager en tant que tel la
signature de l’Alternative libertaire Toulouse sur l’adhésion à cet appel.
Cependant conscients de l’importance des enjeux, nous vous proposons donc de
soutenir la démarche unitaire lors d’échéances publiques. Nous ni mettrons
qu’un préalable, nous nous réservons le droit de ne pas soutenir les
initiatives que nous jugerons partidaires qui dénatureraient le non parce qu
’elles se feraient dans le but non avoué de certaines organisations
adhérentes à l’appel, de préparer des recompositions électoralistes pour les
échéances de 2007.

Enfin, nous souhaitons proposer aux signataires de l’appel d’envisager
ensemble un « forum pour une alternative sociale et politique » qui aurait
pour but de réfléchir ensemble à des proposition alternatives En rester au
simple constat de la dénonciation des casses sociales ne nous semble pas
suffisante pour préparer l’avenir. Repenser l’Utopie doit entrer dans notre
réflexion collective, nous proposons donc d’y aborder les thèmes liés à la
notion d’identité, territoire et démocratie active, faut-il une Europe
sociale centralisée ou une autonomie nationale culturelle et fédéraliste tel
que certains de nos ancêtres politiques (les autro marxistes, les juifs du
BUND ou les adeptes du fédéralisme libertaire) y avaient de leur temps
réfléchi.

Amicalement

Le groupe toulousain de l’Alternative libertaire

Alternative Libertaire
Toulouse le
BP 74078
2/04/2005
31029 toulouse cédex 4