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Angela Merkel, où l’art de noyer le poisson.

Publie le dimanche 1er avril 2007 par Open-Publishing

Angela Merkel, où l’art de noyer le poisson.

Par Michel MENGNEAU

Le cinquantième anniversaire du Traité de Rome nous a donner l’occasion d’entendre trois beaux discours. C’est avec enthousiasme, une certaine flamme, beaucoup de détermination que le Président de la Commission, puis le Président du Parlement et enfin la Chancelière de l’Etat Allemand, qui assure la présidence du conseil jusqu’au mois de juin prochain, nous ont encensé une Europe unie avec des idéaux communs.

Ensuite ils ont développé plusieurs thèmes jugés par eux essentiels. La lutte contre le terrorisme, sur laquelle il est inutile de faire des commentaires tant ce combat contre certaines formes d’extrémisme sanglant est malheureusement nécessaire. Puis après avoir parlé, entre autres, de l’immigration clandestine, c’est une soudaine préoccupation pour le réchauffement de la planète qui fait l’objet d’une attention particulière. C’est d’autant plus étonnant que cela fait plusieurs années que les mouvements écologiques, les scientifiques, nous mettent en garde contre les effets néfastes des diverses formes de pollution que la civilisation moderne engendre.

Après tout, mieux vaut tard que jamais. Mais cet intérêt subit, ne serait-il pas sans arrière-pensées ? Les dirigeants européens et les industriels ont senti que les peuples étaient de plus en plus sensibilisés et inquiets de l’évolution des phénomènes climatiques, conclusion de nouveaux marchés seraient à prendre. L’exemple le plus significatif est celui de la raréfaction de certaines énergies fossiles comme le pétrole qui ouvre la voie vers les soi-disant bio-carburants, voire des polymères à base d’amidon qui permettraient de fabriquer des plastiques divers. A première vue l’idée est bonne, en utilisant des produits non polluant les rejets dans l’atmosphère seront à l’évidence moins dévastateurs. Le regard se tourne donc vers le monde agricole qui sera le premier pourvoyeur de ces matières premières. Seulement voilà, il va falloir produire plus. On a d’ailleurs vu, il n’y a pas longtemps, Bush aller faire un petit tour en Amérique du sud, plus précisément au Brésil où de nombreuses terres pourrait être exploitées pour subvenir aux besoins de de l’Amérique du Nord. Le marché risque d’être juteux pour les marchands de semences, les vendeurs d’engrais, de produits de traitements.

Quel régal pour les entreprises multi-nationales ! Mais la pollution que l’on voulait atténuer dans les airs va saturer les sols, sans oublier l’utilisation des OGM qui va se généraliser. Un regard soupçonneux et critique des peuples sur la façon dont on veut nous imposer de l’écologie est donc indispensable !

Le final de la « Déclaration de Berlin » fut une apothéose...de la langue de bois ! Concocté par Madame Merkel, ce texte sans valeur juridique nous dit qu’il faut « asseoir l’Union européenne sur des bases communes rénovées » (sic), et ceci avant 2009. Il s’agit donc bien d’un nouveau traité pour une constitution qui est sous-entendu par ces termes sibyllins. D’ailleurs, au cours des autres discours, en aucune circonstance le mot constitution a été prononcé.

Apparemment il a des sujets qui fâchent. Pourtant, sous ses propos discrets c’est bien une adaptation raccourcie du traité constitutionnel déjà proposé que l’on veut nous pondre. Et cela dans les plus brefs délais puisqu’une déclaration devrait être adoptée par le Conseil au mois de juin à la fin de la présidence allemande, puis une conférence intergouvernementale est prévue fin 2007 sous la présidence portugaise, pour finir par une ratification du traité avant juillet 2008, début de la présidence française, on verrait alors sa mise en application en 2009 avant les élections européennes. On nous l’a pas dit...ouvertement, mais tout est déjà prévu.

La Chancelière est bien aidée dans son projet car il semble que les refus et les resistances ayant mis un frein au premier traité seraient levés par certains chefs ou futurs chefs de gouvernement qui verraient d’un bon oeil un mini traité. Entre autres le Ministre des Affaires étrangères Néerlandais se dit favorable afin de contourner par ce biais le premier refus, Sarkozy le signerait des deux mains et le ferait adopter par voie législative. Quant aux socialistes français, malgré la proposition de référendum de leur candidate, dans leurs rangs certains ne semblent par farouchement opposés à cette fausse bonne idée.

L’Europe est donc toujours au coeur du débat...