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Aujourd’hui le nanomonde 16

Publie le lundi 12 octobre 2009 par Open-Publishing
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Le 15 octobre 2009 débutera à Strasbourg la campagne nationale de propagande
des nanotechnologies commandée par le gouvernement à son officine
d’acceptabilité : la Commission nationale du débat public (CNDP).

Nous publions à cette occasion le numéro 16 d’Aujourd’hui le nanomonde (disponible ici
), dont vous trouverez ci-dessous le sommaire et l’édito.

Pour tout savoir de la caravane publicitaire des nanotechnologies et des
moyens de la dénoncer, rendez-vous sur www.nanomonde.org.

Merci de faire circuler.
www.piecesetmaindoeuvre.com

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Sommaire
p. 1-2 : Edito : Participer, c’est accepter
p. 3-4 : Correspondance : la CNDP nous écrit
p. 5 : Révélations ! Les dessous du débat national sur les nanos
p. 6 : La CNDP pour les nuls : Pour en finir avec l’imposture des "Autorités
administratives indépendantes".
p. 7 : Quand les débats sur le nucléaire étaient annulés par les opposants
p.8 : Rencontres avec Pièces et Main d’œuvre

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Edito
Participer, c’est accepter

Il y a vingt ans, le gouvernement socialiste avait décidé la suppression des
postes et télécommunications pour créer France Télécom et la Poste.
Modernisation, compétition économique, impératifs technologiques. Les
Français, attachés à leurs PTT, renâclaient. Comment les soumettre ? En
montant un simulacre de démocratie : un débat public. "La réflexion sur les
difficultés rencontrées pour décider de grandes opérations ou mener de
profondes réformes (à l’occasion du "renouveau du service public"), ont
(sic) conduit à initier de grands débats. Celui mené, en 1989, sous la
responsabilité de Hubert Prévot a accompagné la transformation des services
du ministère des postes et télécommunications en deux entités : France
Télécom et la Poste."[1].
On sait ce qu’il advint des PTT, de France Télécom et de la Poste.

Ce succès, entre autres, mena à la création en 1995 d’un organe chargé de le
renouveler chaque fois que le pouvoir aurait besoin de faire accepter
l’inacceptable : la Commission nationale du débat public. En 2002 celle-ci
fut aménagée en "Autorité administrative indépendante", dont l’imposture est
démontée ci-dessous.

La CNDP fait partie des outils d’acceptabilité des nouvelles technologies à
la disposition des décideurs, pour vaincre la méfiance de
citoyens-consommateurs échaudés par trop de scandales techno-industriels :
amiante, vache folle, OGM.

Ses débats publics répondent parfaitement aux préconisations des inventeurs
de la "démocratie technique". Des sociologues jaunes, spécialisés dans
l’acceptabilité de l’innovation, qui proposent aux décideurs des dispositifs
pour gérer les "controverses".

Vous craignez une opposition aux nanotechnologies ? Michel Callon, de
l’Ecole des Mines, ingénieur en rapport de forces, vous transforme les
réfractaires en acteurs du débat grâce à ses "procédures de dialogue avec le
peuple"[2] .

Mode d’emploi : n’entrez pas dans la confrontation directe, tâchez
d’"organiser, maîtriser les débordements sans vouloir pour autant les
empêcher". Montez des "forums hybrides", mêlant scientifiques et "profanes",
pour favoriser les compromis. Multipliez les débats publics. Admirez le
résultat avec ce cas concret : "Le nucléaire qui en sortira sera
socialement, politiquement et même techniquement complètement différent du
nucléaire qui aurait été décidé en dehors des forums hybrides. Parler "du"
nucléaire en général n’a aucun sens. Jouer au jeu de ceux qui sont pour et
de ceux qui sont contre est encore plus inepte." Ce miracle qui transforme
votre problème-nucléaire en solution-nucléaire s’appelle une forfaiture.

Chacun voit qu’il n’y a pas plus de "démocratie technique" que de roue
carrée : la démocratie est la participation de tous aux choix politiques,
quand la technique est l’affaire des spécialistes. Cette chimère politique a
été bricolée, on s’en doute, par des experts pour fourguer leurs services à
une démocratie "en crise".

Quand les sciences humaines se vendent à "l’innovation", elles deviennent
plus royalistes que le roi. Jamais Michel Callon et ses semblables ne
recommandent d’introduire le politique dans la technique, de rappeler aux
scientifiques leur responsabilité sociale. Leur solution au contraire
consiste à imposer la logique technicienne au corps social, à encourager
chaque citoyen à faire valoir son expertise. La "démocratie technique",
c’est la négation du politique.

Revenons à France Télécom, brillamment transformée en société de droit privé
grâce au débat public, et dont les salariés jouissent désormais d’un
management expéditif. Dans les laboratoires de recherche & développement de
l’opérateur collaborent des sociologues des usages, dont la mission est de
concocter les dispositifs d’acceptabilité pour vous vendre les futurs objets
communicants. Mission remplie admirablement, à en juger par le succès du
téléphone portable et autres smartphones. Connaissez-vous le credo de ces
pros de la manipulation ? "Faire participer, c’est faire accepter." C’est
dire si les Verts et toute la piétaille associative-de-bonne-volonté les
enchanteront en se ruant dans les débats de la CNDP sur les nanotechnologies
cet automne.

Voilà qui explique pourquoi le président de ladite commission a pris la
peine de nous écrire pour nous inviter une fois de plus à prendre part à son
débat.
Participer, c’est accepter. Voilà pourquoi nous appelons au boycott et au
sabotage de cette opération de propagande.

[1] Site de la Commission nationale du débat public : www.debatpublic.fr
<http://www.debatpublic.fr/>
[2] in Agir dans un monde incertain ­ essai sur la démocratie technique,
co-écrit avec Pierre Lascoumes et Yannick Barthe (Seuil, 2001)

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