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Bangkok : Médias Pourris…

Publie le samedi 22 mai 2010 par Open-Publishing
16 commentaires

de Georges STANECHY

"Tue un serpent, et toute sa famille viendra le venger"
Proverbe thaïlandais

La Thaïlande n’est pas l’Iran, la Chine, la Birmanie (Myanmar) ou encore Cuba.

Non.

Elle est l’objet, en Occident, de toute la sympathie de nos nomenklaturas et de leurs médias.

Le traitement des sanglants évènements récents sur le plan de l’information, de l’action diplomatique, de la vigilance de l’ONU quant au respect des "droits de l’homme" et de la "démocratie", a témoigné de cette sollicitude.

C’est avec soulagement et satisfaction qu’elles ont accueilli le jour où l’armée a pris d’assaut le campement du mouvement de protestation pacifique, au centre de Bangkok. Manifestation, dite des “Chemises Rouges”, qui durait depuis 9 semaines.

Normal : la Thaïlande est considérée et administrée, depuis la guerre du Vietnam, comme une colonie de l’Empire. Tabou !

Pleurs et affiches pour armes

Misère et dignité

Implacable dictature sous couvert d’une monarchie d’opérette, de paysages exotiques et du plus grand supermarché mondial du sexe, synonyme de liberté et de modernité pour nos médias décérébrés, aux mains d’une richissime caste de militaires et d’affairistes. Eux-mêmes servilement inféodés aux intérêts occidentaux.

Comme nos autocraties africaines bien-aimées, ou nos ploutocraties latino-américaines favorites, déguisées en “démocraties”, ce pays peut se permettre tout ce qui est imaginable dans la spoliation, l’oppression, la répression. Il lui sera, à chaque fois, pardonné…

Les journées que vient de vivre ce pays dans sa capitale Bangkok, mais aussi dans 24 de ses provinces, démontrent la sanguinaire brutalité de sa caste au pouvoir lorsque son suzerain, l’Empire, lui en accorde l’autorisation. Tout a été fait, bien sûr, pour en amortir l’impact à l’égard de l’opinion publique internationale.

Les médias occidentaux ont employé la panoplie, parfaitement rodée, de la désinformation : occulter, déformer, manipuler. Un record de propagande. A présent, il convient de justifier la terrible répression. Dans nos médias en France, en bon vassal de l’Empire, comme chez les autres : à grandes louches de bobards.

Je les regardais, ces “reporters” d’une chaîne française, spécialisée dans le décervelage publicitaire, se lamenter devant des centres commerciaux en feu… Incapables de se poser et de poser des questions de base : Pourquoi avoir mis le feu à des bâtiments ?... Avant ou après les tueries des commandos de l’armée ?...

Evidemment, ils n’ont pas enduré des heures d’avion pour poser des questions.

Emblématique de tous ces médias, qui ont pris un soin extrême à ne pas informer. Ils sont venus, placidement, célébrer, justifier, les mérites de la répression armée, contre un mouvement de protestation populaire, pacifique. Le sale boulot des soudards terminé, ils viennent en “nettoyeurs” pour blanchir la répression et son régime protégé par l’Occident.

“Journalistes”…

Incapables de présenter Bangkok. Une des villes à l’urbanisme anarchique, où s’entassent plus de 10 millions d’’habitants, chancre de la corruption politique sur fond de folie spéculative, immobilière et financière. Une des capitales les plus polluées de la planète, par les gaz d’échappement générés dans des embouteillages titanesques et quotidiens, par le bruit, et la course contre la misère.

Incapables de voir, filmer, écouter, les enfants mendiants, le délabrement des quartiers périphériques, aux égouts saturés lâchant la puanteur des eaux usées, dévalant les ruelles sous les trombes de la mousson.

Incapables de nous expliquer pourquoi le vertueux Libéralisme Economique engendre une injustice sociale d’une telle amplitude. Oui. Bangkok, symbole d’un pays où une minorité, colossalement enrichie par la spéculation et sa collaboration avec les occidentaux dans le pillage du pays, en oublie le reste de ses concitoyens.

Avec, dans sa misère, l’indignité de ses immenses marchés humains de prostitution. Femmes, hommes, travestis, souvent mineurs, qui débordent du quartier Patpong ou du Little Tokyo, fuyant pauvreté et aliénation, se vendant au plus offrant, dans les vapeurs d’alcool et de drogue.

Les buchers de l’Injustice

Daltonisme et couleur de chemise

“Décrypteurs”…

Incapables de nous présenter les “Chemises Rouges”, leurs motivations, leurs revendications. Uniquement décrits comme les suppôts du diable. Anarchistes. Insurgés. Terroristes. Seraient-ils musulmans, ils auraient eu droit au qualificatif d’islamistes. Instrumentalisés par Al-Qaïda…

Ces manifestants s’étaient rassemblés en plein centre de Bangkok. Sur quelques kilomètres carrés, un entassement d’une dizaine de galeries marchandes, d’immeubles de bureaux et d’hôtels de luxe.

Sans armes, dans un campement, ainsi qu’on a pu le constater dans les documentaires, les vidéos et les photos. En familles, avec femmes et enfants. Dans une ambiance de kermesse, solidaires dans l’émotion et la détermination. Parmi eux, beaucoup de paysans sans terre et d’étudiants sans avenir.

Pour se protéger des violences, des provocations de la police et de l’armée, aussi détestées l’une que l’autre : des bambous et de vieux pneus.

Que réclamaient-ils ?... Des élections !

Protestant contre le coup d’Etat qui a contraint le premier ministre, légitimement élu par la majorité des thaïlandais, à l’exil : Thaksin Sinawatra.

Immensément populaire, Thaksin Sinawatra est le fondateur en 1998 du parti Thai Rak Thai (TRT, traduction : Les Thaïlandais Aiment les Thaïlandais). Milliardaire, après avoir fait fortune dans les télécommunications, il n’a jamais oublié ses origines modestes et ses débuts de carrière en tant qu’officier de police.

Il a des idées simples : le développement des campagnes et la prospérité des paysans sont tout autant essentiels que le développement du “business citadin”. L’un n’excluant pas l’autre. Soulager la misère paysanne doit être une des priorités du gouvernement. Le développement du pays ne pouvant se fonder sur l’exploitation d’une majorité de citoyens, par une minorité de privilégiés.

Triomphalement élu en 2001, puis réélu tout aussi triomphalement en 2005, il avait réalisé ses promesses électorales dans un grand effort national pour développer le monde rural. Multipliant, écoles, centres de soins, infrastructures dans les campagnes…

En premier lieu, dans les régions les plus pauvres du pays, le nord et le nord-est. D’où vient, précisément, l’immense majorité d’une jeunesse contrainte à l’analphabétisme et à la prostitution, exploitée par les mafias de l’industrie touristique, fondement de la fortune des oligarques. Bien sûr, beaucoup restait à faire.

Immensément populaire, mais détesté par la caste au pouvoir qui entend conserver la richesse nationale à son seul profit… En 2003, le vent a commencé à tourner, malgré son large soutien dans la population thaïlandaise. Pourquoi ?...

Très simple, il commit deux erreurs majeures :

i) Il déclara la guerre au trafic de drogue : impardonnable !

La violence de la résistance fut à la hauteur du défi. Des escadrons de la mort paramilitaires, suivant le système en usage en Colombie, assassinèrent ceux qui luttaient contre ce trafic. Même Amnesty International, qui prend soin habituellement d’éviter les polémiques dans les provinces administrées par l’Empire, s’inquiète du nombre d’assassinats : environ 3.000…

On ne touche pas à des intérêts d’un tel enjeu.

Les plus considérables étant les plus occultes. Beaucoup de “fonds spéciaux”, d’Etats et de services secrets, tout particulièrement occidentaux, y puisent à grandes bassines depuis la guerre du Vietnam. Avec recyclage dans les paradis fiscaux, dont personne ne souhaite la fermeture par nécessité de dissimulation d’enrichissement personnel. Ce n’est pas pour rien que, depuis l’invasion de l’OTAN en Afghanistan, l’ONU a constaté un décuplement de la culture du pavot et de la production d’opium dans ce pays…

ii) Il était contre les politiques de discrimination antimusulmanes dans les provinces du sud. Spécialement, de la violence armée par des commandos échappant au contrôle des autorités du pays, manipulés par des services secrets étrangers.

Ainsi, les musulmans massacrés par des commandos de l’armée dans la mosquée de Krue Se. Ou encore, les musulmans protestant contre la persécution religieuse, étouffés dans des camions bondés sous la chaleur : 78 morts. Cuisson à l’étouffée…

Forces armées et services de sécurité thaïlandaises sont, en effet, cornaqués par des “experts” occidentaux, hallucinés par le Choc des Civilisations, luttant contre l’islamo-fascisme et autres délires. Ces fous furieux entendent, en premier lieu, éradiquer l’Islam là où il est minoritaire.

Quitte à lui substituer une autre religion. Le bouddhisme, en Thaïlande. Le catholicisme, aux Philippines. L’Hindouisme au Cachemire ou au Gujarat. Dans l’île de Bornéo, partagée entre Malaisie, Indonésie et le minuscule sultanat de Brunei, profitant de l’immensité de la région, de son insularité, de son absence d’infrastructure en transport, ce sont des charters d’évangélistes qui débarquent…

Eh, oui : on l’occulte, mais aucune pause dans Les Croisades, même en Asie !…

Outre sa popularité et sa politique sociale, cumuler de telles erreurs c’était signer, de la part de Thaksin Sinawatra, son arrêt de mort politique.

Une mort politique est toujours précédée d’une intense campagne de diffamation. Accusés de corruption, lui et son épouse. Pour conforter sa légitimité, il réclama des élections anticipées. Ce que ne voulaient surtout pas ses adversaires, sachant qu’il serait encore triomphalement réélu.

Le 19 septembre 2006, les militaires renversèrent son gouvernement et son parti fut interdit. Coup d’Etat, accompagné de manifestations de soutien dans le genre de celles qu’ont connues d’autres pays : révolution orange, révolution de velours, etc. Ce sont les “chemises jaunes” qui soutinrent ce putsch représentant les militaires et l’oligarchie. Le jaune étant, en Thaïlande, la couleur de la monarchie…

Ce à quoi ripostèrent les partisans du TRT, sous les “Chemises Rouges”, réclamant pacifiquement de nouvelles élections libres. En fait, ce qu’évitent de dire les médias, les “Chemises Rouges” sont les soutiens de la légalité démocratique, du suffrage universel, du respect du droit de vote, contre le coup d’Etat militaire. Dans un remake de la lutte des républicains contre les franquistes espagnols.

Assassinat d’un héros de La Liberté : Le général Khattiya Sawatdiphol

Mensonges et montages

Un courageux général était venu encourager les “Chemises Rouges”. A la retraite. Il avait dû quitter l’armée, après en avoir dénoncé la corruption et le dévoiement dans des tentatives de coups d’Etat.

Les médias, locaux et internationaux, n’ont pas cessé de portraiturer cet incorruptible en général « renégat » (renegade, dans les médias anglophones). Copieusement diffamé, jusque dans les encyclopédies dites “libres” (cf. les articles de Wikipedia, en anglais, français, etc.).

Khattiya Sawatdiphol, était venu apporter son sens de l’organisation et son soutien moral. Il a été tué par un sniper. Attiré dans un piège par un faux journaliste, venu “l’interviewer”. L’obligeant de rester immobile, à découvert, pour se tenir proche du barrage où se tenait le prétendu journaliste. Une balle dans la tête. Mort, après deux jours de coma.

“Renégat”, pour les putschistes et les oligarchies occidentales. “Héros”, pleuré par tous les Thaïlandais, partisans de la Liberté et de la Dignité.

On procède toujours de la sorte : tuer les « leaders » est une priorité dans un mouvement de répression. On lâche ensuite la soldatesque et le rouleau compresseur de la terreur, avec ses camps et ses tortures.

Qu’en dire les médias dans leur présentation des évènements ?...

Lors de l’assaut, tous parlaient « d’échanges de tirs » ce qui était faux. Pur mensonge. Ils le savaient. Les images le montraient nettement, tout spectateur attentif en était témoin : les militaires tiraient sur des manifestants s’enfuyant les mains nues, sans armes. Les manifestants tués n’avaient aucune arme sur eux, aucune munition, ni cartouchière.

Pour justifier la répression, les journalistes prenaient soin, à chaque reportage de rajouter un figurant disant tout le bien possible de l’assaut du campement par l’armée. Evitant de rappeler que ces manifestants pacifiques ne demandaient que des élections libres.

Il suffisait de négocier et de laisser l’expression populaire s’exprimer dans le vote. Et, tout aurait-été réglé sans fureur ni, encore moins, effusion de sang.

Mais, non. Insupportable, pour une dictature. Pour une ploutocratie vermoulue.

Aucune négociation, discussion, écoute. Le mépris. Dans la violence.

C’est d’un exemple, d’une démonstration de force, que souhaitaient la caste au pouvoir et ses sponsors : noyer un sursaut démocratique, pour installer « la terreur ». La contestation n’est pas de mise. Surtout si c’est pour rappeler les deux premiers fondements de la démocratie : liberté d’expression et exercice du droit de vote.

Nos gouvernements se sont réfugiés dans le silence complice. Comme l’ensemble de la mythique Communauté Internationale. Soutenant dans les coulisses la répression.

Thaksin Sinawatra, depuis son éviction par le putsch de l’armée, vit en exil, craignant pour sa vie. Entre Londres et l’Asie. Il sera de passage à Paris, le 31 mai prochain. Premier ministre régulièrement élu, renversé par un coup d’Etat militaire, il souhaitait informer l’opinion publique française.

Mais, notre gouvernement, comme dans les autres pays occidentaux, vient de lui signifier l’interdiction de s’exprimer publiquement. (1)

Interdit de s’exprimer. En France… Pays des Droits de l’Homme et de la Liberté d’Expression, parait-il…

Que voulez-vous : il aurait été le Dalaï Lama, fervent partisan de la théocratie au Tibet, toutes les Bonnes Consciences se seraient précipitées, en défenseurs de la laïcité, pour se prosterner, le décorer, l’encenser, l’inviter sur les plateaux TV…

Nos vaillants journalistes, spécialistes du terrain, de l’investigation, de l’analyse politique, soutiennent, ainsi, coups d’Etat et putschs militaires, sans hésiter une seconde. Les mêmes qui tartinent sur les “valeurs républicaines”, et la “démocratie”, dès qu’il y a du méchant Chinois ou de l’horrible Cubain comme grain à moudre …

Porte-paroles de nos castes au pouvoir, ils font leur travail… La propagande en action.

Devant cette abjection intellectuelle, on ne peut que partager l’appréciation si clairement exprimée par Jean-Luc Mélenchon sur ce cynique milieu de « décrypteurs de l’actualité » :
« Medias Pourris »…

Georges Stanechy
 http://stanechy.over-blog.com/artic...

(1) http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...

URL de cet article
 http://www.legrandsoir.info/Bangkok...

Messages

  • Pilhaouer , faut pas rêver ! . Voit autour de toi de moi , comme le " petit peuple " tous ces ouvriers qui préfèrent se battre entre eux se critiquer , se moucharder , se vendre au patronat , plutôt que se rassembler pour luter contre le patronat et le gouvernement , pire mettre fin à leurs jours à la satisfaction des gouvernants ; alors aider , soutenir leurs frères loin d ici il ne faut pas y compter pour eux cela est plus intéressant de regarder la télémensonge , de vivre en égoïste même si cela aura pour conséquence l esclavage de toutes leurs descendance . J en suis écœuré depuis longtemps ; il y a plus de 30 ans que je prévoyais cette situation . Je garde espoir quand même .

  • Rassurez-moi, c’est une plaisanterie cet article ? Je veux dire, vous savez réellement qui est Thaksin ? Pour le coup, je préfèrerais être sourde plutôt que d’entendre ça !

    • Je vis à Bangkok, je travaille pour un journal, j’ai donc assisté en direct aux événements. D’abord je veux préciser que je juge les revendications des Rouges au sujet d’élections anticipées légitimes. Mais c’est assez compliqué. Ils ont commencé à manifester en mars, quand le procès de Thaksin a eu lieu. Thaksin est avant tout un homme d’affaires. Contrairement à ce que dit cet article, il a organisé une répression sanglante dans le Sud du pays et contre le marché de la drogue, quand il était au pouvoir. Il a envoyé l’armée et ça a été un bain de sang. Il a lancé une société de télécom, Shincorp, qu’il a ensuite revendue à Singapour, sans payer aucune taxe. A l’époque, cette société a équipé, les services de police et le "package" contenait, entre autres, deux satellites qui appartiennent au gouvernement thaïlandais... Il est parti en exil pour échapper à la justice. Son procès a donc eu lieu en mars dernier, il a perdu une partie de sa fortune et là, les Rouges ont commencé à manifester. Qui sont les Rouges ? Dur à dire, ils réclament le retour de Thaksin et à l’origine, ont été payé pour venir manifester à Bangkok. Aujourd’hui encore, il est très dur à dire si nous avons assisté à une révolution qui a échoué ou pas.... Je n’ai pas de jugement là dessus, c’est très compliqué, plusieurs éléments ne sont pas clairs, la présence d’une milice en noir du côté des Rouges, les incendies qui ont ravagé le centre-ville, le couvre-feu (en place jusqu’à ce soir), la demi-douzaine de morts retrouvés dans un temple, les leaders qui se sont rendus... Mais une chose est sûre, Thaksin n’est pas un libérateur.

    • La question n’est pas de savoir qui est Thaksin.

      Y-a-t-il eu oui ou non une répression sanglante de couches populaires plutôt désarmées par l’armée ? A l’évidence oui.

      Le fait que tu travailles pour un journal n’est pas une référence.

      Aujourd’hui encore, il est très dur à dire si nous avons assisté à une révolution qui a échoué ou pas.... Je n’ai pas de jugement là dessus, c’est très compliqué, plusieurs éléments ne sont pas clairs,

      Il me semble que tu doutes, pourtant ...

      Parles-nous un peu du régime au pouvoir !

    • Le parti de Thaksin était bien au pouvoir plusieurs années à la satisfaction de la grande majorité des thaïs y compris de ceux qu’on appelle à tord "l’élite de bangkok" ; j’en suis certain, je l’ai constaté et en ai discuté souvent avec des thaïs ; ils adhèrent à l’idée de faire progresser leur démocratie, alors d’où vient le problème ??? Seulement UN homme (et sa clique bien sûr) qui a fait terriblement peur en se bâtissant un empire financier en grande partie en se servant de son statut et en tentant d’asservir tout "son" peuple (mainmise sur tous les postes clés et les médias, censure, élimination de toute opposition à ses ambitions personnelles, économiques et politiques. Et c’est toujours cet homme qui complote et manipule pour reprendre sa place.

      Les journalistes qui prennent les anti-Thaksin pour des anti-démocrates véhiculent un discours honteux, méprisant et dangereux pour le peuple thaï qui aspirent dans sa grande majorité à une démocratie saine.

      Certains vous diront encore que c’est faux ; que Thaksin a autre chose à faire avec tous ses business et "amis" partout dans le monde... alors regardez ça
      http://www.youtube.com/watch?hl=fi&v=vBDm-jA3N80
      je précise que la télé qui a fait cela réalise des satires d’autres personnalités (y compris Abhisit). Là pour le coup, il convient plutôt de pleurer...

    • L’expression "plutôt désarmée" est très drôle..
      Ce serait l’équivalent de "une grande majorité désarmée" ?
      laissant donc supposer qu’une partie des manifestants était armée

  • Il suffit de comparer le traitement médiatique auquel a eu droit la révolte Safran, en Birmanie, terriblement réprimée par la junte, et celle, aujourd’hui, des "Chemises rouges"...

    Dans le premier cas, les journalistes et les ambassades se positionnaient clairement du côté des insurgés ; dans l’autre, on s’aligne derrière les généraux...

    Les images de moines birmans, à Rangoon, matraqués, ont fait le tour du Monde.

    En revanche, celles des moines thaïs prenant partie pour les "Chemises rouges" et finissant menottés au fond d’un panier à salade, à Bangkok, sont passés quasiment inaperçues.

    C’est l’impérialisme US qui dicte la ligne éditoriale de nos journaux.

    • Il n’y a pas de comparaison avec la question birmane, les potes de Total et Kouchner.

      Ce qui est comparable à la Thaïlande est plus ou moins ressemblant à la question du Honduras, mais dans un pays beaucoup plus important, la Thaïlande.

      Thaksin n’est certainement pas une poularde de l’année, ni un chevalier blanc, c’est un bourgeois d’une faction bourgeoise.

      Mais le président du Honduras n’était pas non plus Chavez ou Castro.

      Par contre, entre des libertés démocratiques malmenées dans un régime bourgeois et des tirs de snippers de l’armée, des agressions militaires , des puchistes installés au pouvoir, des éléments des classes populaires qu’on canarde de façon sanglante , une autre faction bourgeoise au pouvoir avec une violence terrible, il n’y a pas photo.

      Et le traitement médiatique est un grand scandale. Les trémolos sur la démocratie sont oubliés, surtout quant la rébellion aux putchistes a touché les quartiers populaires.

      Il n’y a pas d’alliance à passer avec Thaksin mais il y a incontestablement un énnemi principal : la faction bourgeoise militarisée au pouvoir en Thaïlande, les putschistes.

      Cette crise n’est pas finie et loin de l’être, car une partie des masses populaires s’est mise en mouvement et des factions bourgeoises sont en bataille les unes contre les autres. La faction bourgeoisie dont la base sociale est la plus étroite est également celle qui est putchiste et assassine des libertés démocratiques.

      On ne peut se taire là dessus.

    • Les discussions politiques d’un européen avec un thaï peuvent être passionnées et j’ai eu la chance d’apprendre un peu leur histoire, culture, mentalité...
      Un jour un thaï de bangkok, de condition moyenne, manifestant pour les "jaunes" me dit au cours de notre conversation "oui d’accord, peut-être que tu as raison, je suis davantage rouge dans mon coeur, mais tant que plane l’ombre de Thaksin, je ne peux pas écouter mon coeur ; regarde en birmanie, ça fait plus de 20 ans que San Sou Ki est en prison et que l’on massacre les démocrates, et ça fait plus de 20 ans que le monde entier en parle, et qu’est-ce que vous avez fait ? vous n’avez pas pu changer les choses"

      En résumé, beaucoup de thaï voient en Thaksin un futur dictateur, l’urgence est donc d’éliminer ce risque à tout prix.

    • Tiens, tiens, je vois qu’on parle de pétrole et de Kouchner ; ce monsieur a fort mauvaise réputation auprès des thaï ; j’étais très étonnée de le savoir si connu en thaïlande ; on m’a alors parlé d’accords qui auraient été passés avec Thaksin concernant le temple praeh viharn (la zone contestée) et d’extraction de pétrole dans le golfe de Thaïlande.

      C’est peut-être une coïncidence que Thaksin soit à Paris "pour des raisons strictement personnelles et privées" (faire quelques emplettes) alors même que le mouvement rouge était sur le point de faire céder le gouvernement.
      Je dois être mauvaise langue...

      Vous avez peut-être des infos

  • Le journaliste brillant qui a écrit l’article aurait pu parler de la manière dont les américains, embourbés pendant la guerre du Viet-nam, ont transformé le pays en un immense bordel pour troupes étrangères et par là meme voué à la prostitution des générations de femmes, enfants et adolescents.

    Il aurait pu également dire comment le reste des armées du Kuomintang a constitué, dans le triangle d’Or, les premiers narcotrafiquants au service de la CIA qui ont réduit à l’esclavage les tribus montagnardes.

    Il aurait pu souligner que les patrons de l’industrie du sexe et du jeu sont, pour la plupart, des officiers supérieurs de la police et de l’armée thais.

    Il aurait pu parler de Bangkok comme du quartier-général du Vice et des Affaires où se croisent les grands parrains de la pègre indienne, les agents du MOSSAD, de la CIA et les capitalistes du Monde entier.

    Que les "Chemises rouges" aient envie de mettre le feu à cette Babel consacrée à la destitution des peuples de Siam, rien de plus naturel !

  • Votre article "medias pourris" a le mérite d’inviter à réfléchir sur des aspects du conflit peu ou jamais évoqués, encore qu’en lisant beaucoup (ailleurs que dans les médias habituels) on peut apprendre beaucoup et avoir un éclairage plus objectif.

    La façon dont les évènements (récents et plus vieux) nous sont exposés de façon générale est toujours affligeante. Pas plus quand il s’agit de la Thailande que d’autres pays, mais simplement en raison du fait que les journalistes se satisfont presque toujours d’une vison édulcorée des choses, soit par paresse, soit par ignorance, soit volontairement.

    C’est le cas pour la Thailande que je connais particulièrement bien, mais je me rend bien compte que ce n’est pas une exception.

    Vous avez donc raison sur beaucoup de points en ce qui concerne ce pays dont les derniers conflits étaient attendus depuis bien longtemps parce que rien n’est jamais résolu au fond, trop d’intérêts, trop de corruption, trop de pesanteurs aussi étant en jeu.

    En revanche, votre sentiment sur Taksin est singulier ; j’espère qu’il résulte seulement d’ignorance ; pour m’en part, j’en étais malade depuis l’élection de ce dernier à la chambre basse de voir à quel point les laisser-pour-compte se sont fait berner par cet arriviste qui ne les a pas aidé par souvenir d’une enfance pauvre, mais en les achetant sans vergogne, avec un cynisme au moins égal à celui de l’oligarchie militaro financière depuis 60 ans.

    Je vous mets au défit de citer une seule réforme structurelle qui témoigne du contraire. Il s’est bien gardé notamment de mettre en oeuvre une réforme de la représentativité (en supprimant par exemple l’obligation d’avoir fait des études supérieures pour se présenter aux élections...). Quant à ses méthodes dans le sud, j’imagine que vous n’avez pas été informé pour écrire ça !

    Le salut des thailandais pauvres ne viendra pas de Taskin, mais d’une évolution inévitable de l’histoire de ce pays complexe ; d’abord parce que la monarchie va s’achever avec la mort du roi et qu’une partie de ce que vous appelez "l’élite" est parfaitement consciente qu’il faut que ca change.

    Mais ne simplifiez pas, ça ne sert pas les intérêts des lecteurs qui voudraient bien avoir une autre vision des choses que celle données par les médias

  • Le journaliste qui décrit ici la manière brutale dont les communards de Bangkok ont été réprimés par l’armée aurait pu nuancer son pessimisme...

    Le mouvement des "Chemises rouges", en Thailande, se déroule au moment où les masses paysannes, au Népal, qui ont aboli la monarchie en avril 2006, sont au seuil d’une nouvelle révolution.

    Le Parti communiste maoiste népalais annonce, après la réussite d’une grève générale illimitée, pour le 29 mai, l’irruption du peuple, peut-etre, en armes, à l’Assemblée constituante à Katmandou.

    Les peuples que cela soit en Thailande comme au Népal ne se laisseront pas destitués.