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Berlusconi ému : fiction oblige

Publie le lundi 31 janvier 2005 par Open-Publishing

de Giancarlo Pacchioni traduit de l’italien par karl&rosa

Auschwitz, le jour du souvenir. Cela a été beau de voir autant de participation et de commotion. Ce n’est pas un jour quelconque, ce n’est pas un jour comme les autres, il y a une envie de se souvenir de la période la plus sombre de l’histoire. Se souvenir, pour éviter qu’à l’avenir de pareilles atrocités ne se répètent. Mais nous avons commis une erreur impardonnable : nous nous souvenons du passé, nous pensons à l’avenir, mais le présent ?

Le présent c’est : les tortures en Irak de la part d’armées qui envisagent d’exporter la démocratie dans un pays qui a été d’abord martyrisé par un régime et ensuite par les bombes qui très démocratiquement n’ont pas épargné les civils, tout cela assaisonné des tortures et des déportations à Guantanamo. Un présent inconfortable dont on ne doit pas parler, un présent que nous ne voulons pas voir.

Nous soulageons notre conscience en parlant de mission de paix, nous fermons les yeux face aux atrocités qui ne sont pas des épisodes isolés, mais qui représentent le critère par lequel nous voulons soumettre des cultures différentes de la nôtre, en nous appropriant aussi leurs ressources, telles que le pétrole, nécessaires à entretenir notre société. La privation du pétrole par les troupes d’occupation empêche de facto toute possibilité de développement de ce pays, qui sera bientôt submergé par les dettes...

Guantanamo, personne n’en parle, tout le monde fait semblant de ne pas savoir.

Combien d’enfants perdent l’usage de leurs jambes à cause des mines anti-personnel produites par les pays qui exportent la démocratie ?

Le présent c’est aussi la pauvreté pour 80% de la population mondiale. Un présent inconfortable, qui ne nous intéresse pas, d’ailleurs notre conscience est propre : nous avons envoyé tant de texto aux populations frappées par le tsunami. Qu’est ce qui se passe en Afrique, ou en Tchétchénie, ou aux Chiapas ou dans quelque Sud du monde que ce soit ? Nous ne le savons pas et la plupart d’entre nous, les populations "civilisées", ne sont même pas intéressés à le savoir.

Et alors je me demande : à quoi a servi le jour du souvenir ? Le présent demande des réponses, pas des paroles vides et le silence.

Cela a été beau de voir Berlusconi ému, il y reviendra avec ses enfants, pour ne pas oublier. Pourquoi alors avez-vous coupé les fonds à l’Association Nationale des Partisans d’Italie (ANPI) ? Qui s’engage à expliquer à Berlusconi que des membres (le mot est approprié) de son gouvernement minimisent aujourd’hui encore les atrocités du fascisme ? Il vaut mieux oublier, pense la majorité actuelle, ce n’est qu’ainsi qu’on explique la réduction des financements à l’ANPI. Qui prend l’engagement d’expliquer à Berlusconi que c’est aussi grâce au sacrifice des communistes que nous vivons aujourd’hui dans un pays libre ?

Le jour du souvenir est passé, maintenant nous pouvons oublier, maintenant nous pouvons recommencer à ne pas regarder le présent, nous pouvons revenir à notre chasse bien aimée à l’islamiste.

Alliance nationale va fêter ses 10 ans de fard, 10 ans de carnaval, dépensés à se déguiser en démocrates, puis, de temps en temps, on tombe le masque et on retrouve les vieux fascistes de toujours : c’est dur pour eux de vivre chaque jour dans la maison de la liberté d’être faux et hypocrites, tout cela pour une poignée de voix de plus. Une chance que les Gramazio et les Alemanno de mise nous rappellent de temps à autre le vrai visage de la droite italienne : démocrates dehors mais fascistes dedans. Il semble presque qu’ils aient honte de dire qu’ils sont des fascistes, ou ce n’est peut-être qu’une question de convenance électorale ?
Moi, au contraire, je suis communiste et fier de l’être, je n’ai rien d’autre à espérer qu’une rouge primevère.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=7255