Blocages et occupation d’une télé au Mexique

02 août 2006 Mexique : les cuisinières assiègent les locaux de Channel 9

Hier, à 13h30 (heure locale), les locaux de la télévision publique
Channel 9, à Oaxaca (Sud), ont été pris d’assaut par environ 500
femmes qui, armées d’ustensiles de cuisine, avaient passé leur journée
à manifester dans la ville. Celles-ci exigeaient que la chaîne diffuse
en direct un message adressé à Ulises Ruiz Ortiz, le gouverneur de
l’Etat d’Oaxaca.

Ce matin-là, ces mères de famille avaient quitté leurs fourneaux pour
s’emparer de la rue. En frappant leurs poêles avec des cuillères en
bois, elles ont réclamé la démission du gouverneur en scandant "Ruiz
fuera !" (Dehors Ruiz !). Celui-ci est accusé d’avoir falsifié les
élections de 2004 et d’avoir durement réprimé le mouvement des
enseignants qui, avec le soutien des syndicats et des partis de
gauche, avaient récemment occupé le centre-ville touristique avant
d’en être délogés par une force constituée de 3 000 policiers,
provoquant la mort d’au moins cinq civils.

À 15h30, les locaux de Channel 9 étaient occupés, sans résistance, par
cette armada de mères de famille. Et en l’absence de l’équipe
technique, la chaîne cessait complètement de diffuser ses programmes.
Elles ont alors téléphoné à la radio de l’Université autonome Benito
Juarez d’Oaxaca qui a diffusé leur appel à la population pour qu’elle
les soutienne en leur apportant vivres et protection pour continuer le
siège. Elles ont également appelé les hommes sachant utiliser le
matériel de la chaîne à les rejoindre.

Elles semblent avoir été entendues puisque vers 19h, Channel 9
diffusait de nouveau pour montrer à l’écran des représentants de
l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca (APPO ­ qui s’est déclarée
souveraine dans l’Etat d’Oaxaca après la répression du 14 juin). Elles
étaient une dizaine à être alignées devant une banderole sur laquelle
on pouvait lire : "Quand les femmes avancent, aucun homme ne reste en
retrait".

Plusieurs femmes ont ensuite pris le micro successivement pour appeler
le gouverneur Ulises Ruiz Ortiz à démissionner. Et l’une d’entre elles
a déclaré : "Channel 9 ne nous a jamais donné d’informations,
seulement des mensonges. L’APPO, c’est le peuple. De manière
pacifique, nous nous sommes réappropriés cette chaîne publique." Une
heure et demi plus tard, la transmission était de nouveau coupée.

MEXICO (Reuters) - Les partisans d’Andres Manuel Lopez Obrador,
candidat de gauche qui conteste les résultats de laprésidentielle
mexicaine du 2 juillet, ont établi dimanche un campement dans le
centre de Mexico après une manifestation qui arassemblé des centaines
de milliers de personnes.

Lopez Obrador a annoncé qu’il se joindrait à ses partisans qui
prévoient de camper jour et nuit sur la place du Zocalo, dansle
centre-ville, pour obtenir de la commission électorale un nouveau
décompte de tous les bulletins de vote.

La manifestation a donné le coup d’envoi d’un mouvement de
désobéissance civile qui avait été annoncé par Lopez Obradoret qui
menace de paralyser le centre de la capitale mexicaine pendant
plusieurs semaines.

"Cela va bien au-delà de la question de la reconnaissance de ma
victoire lors de la présidentielle", a dit le candidat degauche à ses
partisans à l’issue de la manifestation. "Il est fondamental que la
démocratie soit respectée dans ce pays".

Il s’agissait de la troisième grande manifestation au cours des trois
dernières semaines et d’une des plus grandes del’histoire du Mexique.
La police municipale a fait état d’un million de manifestants, mais
ses estimations sont souventexagérées car la ville est gérée par le
parti de Lopez Obrador.

Le Mexique est plongé dans la crise politique depuis que Felipe
Calderon, candidat du parti conservateur au pouvoir, abattu Lopez
Obrador de seulement 244.000 voix sur un total de plus de 41 millions
de voix exprimées. La gauche a d’embléefait état de fraudes
électorales majeures lors de ce scrutin.

Calderon a encore affirmé dimanche devant la commission électorale que
le scrutin avait été transparent.

"C’est ici et non dans la rue que l’élection doit être évaluée",
aurait-il dit aux juges. "Nous ne pouvons pas permettrel’annulation
des votes de millions et de millions de Mexicains par pure démagogie".
La gauche affirme que le dépouillement du scrutin du 2 juillet a été
manipulé dans 72.000 des 130.000 bureaux de vote dupays. Elle a accusé
le président Vicente Fox et Calderon d’être à l’origine de ces
fraudes.

Lopez Obrador, ancien maire de Mexico, a affirmé qu’il n’accepterait
sa défaite que si les bulletins étaient recomptés.

Les sept juges de la commission ont jusqu’au 31 août pour décider un
éventuel nouveau décompte.

La gauche mexicaine continue à protester

NOUVELOBS.COM | 01.08.06 | 10:25

Des milliers de personnes dans Mexico lundi, pour obtenir un
recomptage des bulletins de la présidentielle.

A l’appel du candidat de gauche battu, Andres Manuel Lopez Obrador,
des milliers de manifestants ont paralysé des grandes parties de
Mexico lundi 31 juillet pour exiger un nouveau comptage des bulletins
de l’élection présidentielle mexicaine.

Des milliers de manifestants ont installé des campements dans le
centre financier de la capitale, bloquant la circulation et provoquant
la baisse des marchés. Le camp principal est situé sur la place
principale de Mexico.

Andres Manuel Lopez Obrador demande un nouveau comptage des bulletins,
vote par vote, et a saisi le tribunal électoral du pays pour protester
contre les fraudes qui ont selon lui entaché le scrutin du 2 juillet
dernier. Le candidat de droite Felipe Calderon l’a remporté par une
marge de seulement 0,6 points, ou 244.000 voix.

Le candidat de gauche a promis lundi que le mouvement ne faisait que
commencer et ne baisserait pas d’intensité avant que le tribunal ait
statué sur son appel. Les manifestations ont été pacifiques jusqu’à
présent, mais la tension est de plus en plus palpable.

Le gagnant désigné avant le 6 septembre

Le tribunal électoral doit rendre un jugement d’ici le 31 août et
désigner un gagnant avant le 6 septembre. Le mandat du président
conservateur Vicente Fox, issu du Parti d’action nationale (PAN) comme
Calderon, vient à son terme le 1er décembre.
"Pour certains, nos protestations sont une contrainte, mais sans
sacrifice, il n’y a ni justice ni liberté", a déclaré Andres Manuel
Lopez Obrador, qui passait sa deuxième nuit consécutive dans une
tente, lundi soir. "Nous vivons des moments cruciaux au Mexique. Ils
essaient de bloquer la démocratie pour des millions" de personnes,
a-t-il estimé en visant la droite. (AP)