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Bruno Le Maire : le ministre qui va tuer les paysans français pour le bon plaisir de l’Europe de Bruxelles

Publie le jeudi 6 août 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Bruno Le Maire appartient d’ores et déjà à cette catégorie de ministres de l’Agriculture qui va mal et vite finir. Son annonce de soumission totale et inconditionnelle à la bureaucratie néo-libérale de Bruxelles a déclenché un processus de révolte du monde paysan qui risque de déboucher, tôt ou tard, sur une jacquerie comme on en n’avait plus vu en France depuis la Grande Peur de 1789 (oui, je sais, en ce moment, 1789, c’est ma marotte) et tout cela peut très, très mal finir.

Ce jeune ministre est à lui seul l’incarnation du nouveau mal français. Voilà un homme dont le parcours témoigne du décalage complet de la nouvelle élite UMP par rapport aux choses de la (vraie) vie.

Qu’on en juge : ENA, cabinet ministériel puis cabinet ministériel et encore cabinet ministériel tout cela dans le sillage de Dominique de Villepin, un petit détour par Evreux pour se faire élire dans une circonscription où même un âne estampillé UMP serait élu (les mauvaises langues ultra-sarkozystes diront que c’était d’ailleurs le cas -j’en connais et des proches de l’actuel président), un passage au secrétariat d’Etat aux Affaires européennes et hop ! parce qu’il en faut bien un, un atterrissage imprévu et surprenant à l’Agriculture.

Et un mois plus tard, la bourde, la boulette, la gaffe, l’erreur, la faute : "Dites donc les paysans, Bruxelles a dit qu’on vous avait filé des aides de 1992 à 2002. Bruxelles n’est pas content. Bruxelles dit que c’est pas conforme à la libre concurrence. Bruxelles dit qu’il faut tout rendre. Bruxelles dit qu’il faut payer des intérêts. Bruxelles dit que ce sera 500 millions d’euros et même peut-être bien 700 millions avec les intérêts. Bruxelles a dit, faut payer."

Il faut quand même être absolument déconnecté du réel pour dire à des centaines de milliers de gens qui sont déjà en grande difficulté : "Vous allez crever parce que ça n’est pas conforme au principe de libre concurrence". Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Si les agriculteurs remboursent cette somme astronomique, ils crèveront.

Les choses de la vie m’ont fait grandir à la campagne. J’ai passé mes étés d’enfant sur les moissonneuses batteuses, sur les tracteurs Massey Ferguson (les rouges) ou John Deere (les verts). Des paysans, j’ai appris que le temps, c’est le clocher ; que les saisons, c’est la vie ; que de la terre, c’est l’originel. Des paysans, j’ai appris ce que c’était que le travail, le vrai. Les levers aux aurores pour les vaches, l’été sans vacances pour les moissons. Je connais ce monde, ses valeurs, ses servitudes, ses menus plaisirs aussi, et contempler un ministre annoncer à ce monde qu’il lui va falloir crever parce que Bruxelles estime que la règle de la concurrence exige de broyer des centaines de milliers de vie, tout un monde qui a façonné ce pays depuis deux mille ans, "par le travail et par le sang" (comme disait l’autre le 21 mai 1981)... Eh bien ! ça me soulève le coeur de constater que ce monde, ses gens, ses valeurs, ses traditions sont menacés de mort par un ministre ignorant et qui n’a jamais du assister à la beauté de la naissance d’un veau dans l’étable !

Il y a des jours comme ça, où, bien que blasé de contempler le lent naufrage du Génie français, l’émolliente décadence d’un grand Peuple, l’irrémédiable agonie de la République livrée à de bien vilaines mains et sots esprits, il y a des jours comme ça, où l’on est moins tenté que d’autres d’afficher l’élégante dérision de ceux pensent que finalement, tout cela est vain.

Cela étant, il y a une belle leçon politique à en tirer. Bruno Le Maire va pourrir la rentrée du gouvernement. Déjà, il s’est permis le luxe de piéger l’Elysée et Matignon. "Ils me soutiennent !" clame-t-il, "je fais tout comme ils disent !". Les voilà faits comme des rats. Le Maire est condamné, c’est inévitable, car le monde paysan, qui a toujours estimé que le ministre en charge de ses affaires ne peut être que son avocat, ne veut déjà plus de ce ministre ignorant qui passe pour le procureur aux ordres de la technocratie néo-libérale de Bruxelles. Mais il vient d’arriver, et on ne peut pas le virer si vite. Piège politique classique : on ne peut faire autrement que de soutenir un ministre qui vous entraîne dans sa chute. Car, ainsi que le disait si bien Talleyrand, "on ne soutient que ce qui tombe".

Bruno Roger-Petit

http://www.lepost.fr/article/2009/0...

Messages

  • Le plus scandaleux dans cette histoire c’est que l’Europe à un mis un mouchoir sur son nez lorsque la province d’almeria a exploité à grande echelle les salariés marocains et senegalais . Le miracle de l’Espagne qui fourni des fruits et legumes bons marchés pour soit disant permettre à tout le monde d’en acheter dans les grandes surfaces . Aujourd’hui le sytéme explose de partout, le blé se vend à la bourse Chicago, le producteurs de lait son à la merci de la mafia des centrales d’achat et des géants de l’agro et les maraîcher triment pour payer leurs dettes au Credit Agricole . Pendant ce temps le consommateur paye toujours plus et tout les meilleures produits partent vers les tables bourgeoises de la planéte bien pensante .

    A quand un mouvement général agriculteurs + salariés + consommateurs

    A+
    Nono

    • A quand un mouvement général agriculteurs + salariés + consommateurs

      + les petits pêcheurs, les artisans, enfin tous ceux qui utilisent en plus de leurs têtes, leurs mains font partie de la classe ouvrière. Regroupons-nous tous ensemble autour d’un socle commun, car nous avons besoin des uns des autres pour tenir debout, pour affronter les voleurs et les pilleurs de nos vies.

      Le ministre de l’agriculture a beau se cacher derrière Bruxelles, il ment, car toutes les directives de l’UE proviennent exclusivement de tous les états qui la composent, s’étant mis tous d’accord sur une ligne directrice. Ex. toutes les universités doivent tomber dans le domaine privé - le travail du dimanche en zone touristique d’abord puis généralisé par la suite - le travail de nuit de la femme - la fin des services publics, etc...

      Donc, c’est sûr que ça va barder dès la rentrée.

  • Le ministre de l’Agriculture devrait défendre les agriculteurs.

    Au lieu de ça, le ministre de l’Agriculture obéit comme un esclave aux diktats ultra-libéraux de Bruxelles.

    Bruno Le Maire explique aux agriculteurs qu’ils doivent rembourser 700 millions d’euros d’aide car ça contredit le dogme de l’Union Européenne : la concurrence libre et non faussée.

    Bruno Le Maire est un traître.

    Aux fourches !

    Aux fourches, citoyens !

    • Chers camarades

      Cette colère contre les mesures de Bruxelles est certainement, à première vue légitime. mais il faudrait avant de prendre des positions aussi radicales prendre le temps d’ étudier un peu mieux le dossier.

      J’habite le Languedoc, les exploitations fruitières et les entreprises de commercialisations se sont développées depuis des décennies dans des conditions absolument folles, avec pour seul soucis le profit immédiat de sociétés capitalistes, ayant investis dans ce domaine uniquement pour spéculer, entrainant la ruine de tous les petits paysans travailleurs.

      Ces subventions ont d’ailleurs été verser directement aux organismes de commercialisation dépendant directement de la FNSEA et des syndicats locaux, si proche du pouvoir. Elles se sont souvent reconvertis en 4/4 de luxe, en bateaux de plaisances à la grande motte.

      Ce problème est, effectivement, très grave sur le plan de la morale politique, car l’ensemble de toutes les subventions européennes ne profitent en réalité qu’à une infime minorité de trés gros agriculteurs. Cet énorme loby va d’ailleurs se mette en marche, et l’etat va rembourser l’Europe avec nos impôts.

      Ma conclusion reste la tienne : tous ensemble pour changer cette société de pourris, mais surtout pas avec les milliardaires de la FNSEA qui traitent leurs ouvriers comme des esclaves.

      Raymond

    • heu... les gars vous savez qui les touchent ces subventions quand vous dites comme la presse "les agriculteurs" pour parler des gros exploitants ?

      Ce serait pas plutot aux Gaullistes et Chiracquiens de defendre leur petite bourgeoisie de province ?

      (d’ailleurs ils sont ou eux ? ils n’etaient pas la majorité des français il y a encore 3 ans ?)

      C’est vrai qu’historiquement, (bien que le communisme dans ces principes ne connait pas de frontieres,) des qu’on les chatouilles au niveau du patriotisme ils retourneraient ciel et terre pour defendre le capitalisme français, son industrie d’armements, son lobby nucléaire etc...

      D’un autre coté c’est vrai que le néo-capitalisme transnational, pire que l’ancien, cherche a uniformiser le monde et que cela passe par la destruction inévitable du droit du travail, des acquis sociaux, des spécifitées culturelles et de la structure même des etats qui composent la dite "union européenne", mais enfin...

      De là a appeler le peuple "aux fourches" pour defendre les assassins de la campagne française et sa petite paysanerie, férus d’OGM et eternels fabricants de croquettes pour chiens domestiques.. ce sera sans moi

      Les salariés syndiqués ou non, les gens de gauche que nous sommes sont absolument incapables de se defendre même a bonne distance avec des cailloux (et même juste de le comprendre comme tel pour l’écrasante majoritée) alors franchement aller se battre frontalement pour nos patrons et les cacahuettes qu’ils nous jettent cela confirme bien la pertinence de la phrase de desproges : "En temps de paix le riche prendra la sueur au front du pauvre et en temps de guerre le pauvre prendra la place du riche ... au front, également"

    • Merci Raymond pour cet éclairage, c’est exactement ce que je voulais metre en lumiere dans mon commentaire simultané

    • J’habite le Languedoc, les exploitations fruitières et les entreprises de commercialisations se sont développées depuis des décennies dans des conditions absolument folles, avec pour seul soucis le profit immédiat de sociétés capitalistes, ayant investis dans ce domaine uniquement pour spéculer, entrainant la ruine de tous les petits paysans travailleurs.

      C’est bien ce système qu’il faut dénoncer pour que tout le monde comprenne et ne tirent pas à boulets rouges sur toute la filière, il y a des petits producteurs ouvriers qui font leur travail parce qu’ils y croient et qu’ils sont soucieux de la qualité des produits.

      Les petits paysans travailleurs sont à protéger, car fragilisés comme nous par le système capitaliste ultra-libéral. A plus forte raison, si eux respectent leurs productions, donc nous, en faisant du bio. Quant aux grands "trusts", ils ne nous intéressent pas parce qu’il font de la m., ce qui signifie qu’ils ne respectent pas la santé des consommateurs, parce qu’en fait ils en ont rien à b. de nous, ne voyant que leurs tiroirs-caisses.

  • Mais que font les député européens, José Bové en tète puisque vice président de la partie agricole ! Rien, c’est comme l’histoire des quotas laitiers qui sont du ressort de la commission et des Etas membres, qu’ils ne viennent pas dire qu’ils servent à quelque chose. Si, sans doute vont-ils dénoncer, et alors, on sera bien plus avancé après !!!

    • Ceux qui viennent de balancer ce pavé dans la cour française ont dû prendre de court Bové qui vient d’arriver, prenant à peine connaissance des dossiers. Enfin, je dis ça, mais j’en sais rien, je m’imagine que c’est ainsi. En tout cas, c’est assez bizarre que ça soit révélé seulement maintenant, alors que le dossier existe depuis 7 ans (lu dans un autre article sur ce site).

      En même temps, Bové peut toujours dénoncer le trafic mafieux de l’Etat français, mais que peut-il faire d’autre, puisque le parlement européen ne sert strictement à rien qu’à avaliser les choix de la commission européenne, tenue par les gouvernements.

  • Quand l’europe a saigné laes chantiers navals,ils n’ont pas bougé,ils n’étaient pas concernés,quand l’europe a saigné la sidérurgie,ils n’ont pas bougé, ils n’étaient pas concernés,quand l’europe s’en est prise à nos fontionnaires,ils n’ont toujours pas bougé,ils n’étaient pas concernés" et en plus c’était bien fait pour ces fainéants."
    Maintenant que c’est leur tête qu’on vient chercher (artisans, agriculteurs,professions libérales etc...) qu’ils ne comptent pas sur les chomeurs pour les défendre.