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Cesare Battisti. Ouvriers et intellectuels italiens signent la pétition

Publie le jeudi 4 mars 2004 par Open-Publishing

Le romancier Valerio Evangelisti est chargé de recueillir, en Italie, les signatures pour la pétition de soutien à Cesare Battisti. Il tient à nous remercier " pour la bataille digne que mène votre journal ".

Vous avez, en Italie comme en France, lancé depuis quelques semaines une pétition de soutien à Cesare Battisti. Combien de signatures avez-vous recueillies à ce jour ? Comment évaluez-vous ce résultat ?

Valerio Evangelisti. Même si c’est très peu par rapport à la France, comme par miracle notre appel a été signé par pas mal d’intellectuels et d’académiciens, mais aussi par des ouvriers, des syndicalistes, des employés, des enseignants, des étudiants. Parmi les noms les plus connus, il y a des écrivains (Tiziano Scarpa, Giorgio Agamben, Nanni Balestrini, le collectif Wu Ming, connu dans le monde entier sauf en France, Aldo Nove, Antonio Moresco, Massimo Carlotto, le poète Lello Voce, etc.), mais aussi des gens du cinéma (Marco Muller, producteur et futur directeur du festival de cinéma de Venise, le metteur en scène David Ferrario, etc.), des dessinateurs (Vauro, Jacques Tardi), des critiques, des historiens, des scénaristes, des journalistes, des musiciens.

Vous ne trouverez pas des noms célèbres comme ceux de Eco, de Baricco... mais, pour nous les promoteurs de l’appel, il s’agit d’un gros succès. Voilà deux ans, une pétition pro Persichetti n’avait rassemblé que 300 signatures.

Malgré ce succès, quels obstacles à la mobilisation rencontrez-vous ?

Valerio Evangelisti. Ici, on tend à présenter la mobilisation des intellectuels français comme une sorte de guerre occulte entre la France et l’Italie. Donc, se battre pour Battisti est un peu " trahir la patrie ". On doit considérer qu’ici, on a traduit seulement deux romans de Battisti, encore disponibles en librairie. On a aussi tous les médias contre nous, à part deux quotidiens - Il Manifesto et Liberazione - et quelques radios privées locales. La droite au gouvernement et la plupart des partis de centre-gauche sont, de plus, unis dans l’hostilité à Battisti et dans le refus de discuter des années soixante-dix. On a fait tout autant table rase de toute réflexion sur les procès absurdes de cette époque. Cela ne vaut pas, évidemment, pour les militants de droite comme Delfo Zorzi - reconnu coupable du massacre de Piazza Fontana, en 1969, et laissé tranquille au Japon, où il mène une vie paisible - et pour les anciens associés de la Loge P2, bien représentés dans le gouvernement italien de centre-droit (même le ministre de l’Intérieur y était). Il faut considérer que, à part Berlusconi, siègent dans son gouvernement d’anciens fascistes et des xénophobes acharnés, dont le ministre de la Justice.

Propos recueillis par Magali Jauffret