Accueil > Chirac et les mougeons

Chirac et les mougeons

Publie le vendredi 15 avril 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Cliquer pour agrandir - Le "Piton", également connu sous la dénomination de "mougeon" (mouton-pigeon) - De Matt Lechien

Le chef de l’Etat était hier soir sur TF1 pour débattre avec des jeunes sur le thème de la Constitution européenne. Un grand coup médiatique pour convaincre les Français de dire « Oui » au référendum, à l’aide d’arguments constructifs et d’autres, plus culpabilisants (voir l’emission)

Jacques Chirac était pimpant hier soir sur TF1 pour prêcher la bonne parole à des Français que tous les sondages disent récalcitrants sur la Constitution européenne. Aux côtés de Patrick poivre d’Arvor, Marc-Olivier Fogiel, Jean-Luc Delarue et Emmanuel Chain, il était face à un parterre de 83 jeunes adultes, âgés de 18 à 30 ans, sélectionnés par la Sofres. Ceux-ci étaient probablement censés incarner l’avenir de la nation, même si le Président a précisé qu’il entendait s’adresser « à tous les Français ». Ils constituaient surtout un bon prétexte très télégénique pour permettre au Président de délivrer son message.

Une rhétorique en deux temps

Un mois et demi avant le référendum, le chef de l’Etat a usé toutes ses cartouches, avec le talent d’orateur qu’on lui connaît et le fait qu’il « passe bien à la télé ». Jacques Chirac a d’abord voulu ancrer son discours dans les aspects positif de la Constitution. Il a expliqué que l’enjeu n’était pas de construire une Europe toujours plus libérale mais, au contraire, de faire avancer l’Europe-politique qui a longtemps souffert de l’omniprésence de l’Europe-économique. Le Président a également affirmé que le texte préparait une Union d’orientation bel et bien sociale, voulant ainsi porter un coup aux arguments de ses principaux détracteurs.

Mais l’intervention de Jacques Chirac s’est également tourné vers la menace de ce qui, selon lui, surviendrait inévitablement si les Français se prononçaient négativement. Il a en effet brandi le spectre du déclin de l’influence française en Europe, ce qu’il a appelé d’une expression bien sentie « l’effet boomerang ». Le chef de l’Etat a voulu contrer la peur que les Français ont de l’Europe par une autre peur : celle que l’Union se fasse, mais avec l’Hexagone en marge, devenu « le mouton noir ». Une technique culpabilisante pour les électeurs tentés par le « Non », qui pourrait porter ses fruits le 29 mai ?
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 15 avril 2005

Hier soir à la télé c’était « Oui », mais ailleurs c’était « Non » aussi

Pendant ce temps là, à l’autre bout de Paris, dans la salle du Zénith, les partisans du « Non » se sont aussi fait entendre. Pour contrer la voix du Président, un grand show anti-Constitution avait été orchestré, avec notamment le trublion paysan José Bové, la communiste Marie-George Buffet, le socialiste dissident Jean-Luc Mélenchon et le leader de la Ligue communiste révolutionnaire Olivier Besancenot. (LPJ - 15 avril 2005)

 http://www.lepetitjournal.com/conte...

Messages

  • L’émission de Chirec fût un "flop" complet. Cà a fait "pschitt". Acadabrantesque ! Jusqu’ à un merveilleux labsus sur la "concurrence librement faussée", qui ne serait pas un principe contradictoire "à nos valeurs et nos intérêts". Aux questions des "jeunes" (plutôt "jeunes adultes" selon l’expression de PPDA. Soient plutôt des jeunes déjà un peu vieillies) qui n’exprimaient pour la plupart que des préoccupations et des raisonnements de vieux : "prudence", "peur", raisonnements résignés, préoccupations hypercatégorielles : quid pour les routiers, le textile, les homos, les flics, les jeunes avocats, les bts action commerciale contraint à gagner leur vie comme caissière de supermarché, le tri sélectif des déchets, l’avenir de la Peuge à Sochaux... répondaient invariablement les mêmes "gimmicks" (pour reprendre une expresion d’une éditorialiste du Figaro ce matin) : "nos valeurs et nos intérêts", la mondialisation comme phénomène quasi "météorologique" auquel "il faut s’adapter", "l’union fait la force", et un baratin de vieux VRP fatigué fourgant une camelote qui a traîné déjà trop longtemps en stock et en magasin. Seule une très jolie petite minette lui tendît une grosse perche, invoquant les craintes lors du premier grand élargissement (Espagne, Portugal, Irlande...), qui se sont révélées par la suite infondées, grâce au développement de ces pays... Mais las, une heure après, lorsqu’un autre "jeune" (lui aussi tout comme la petite minette de droite, plus informé que les autres, mais "à gauche" semble-t-il) évoque les fonds structurels (les subventions pour l’aide aux régions et les pays les plus en difficulté ou "en retard"), et le fatal recul de ces investissements d’"harmonisation", du fait de la stagnation du budget européen, Chirac a été obligé de lâcher le morceau : il n’y aura pas d’augmentation de ces budgets, parce qu’on a pas les sous, et que le cours actuel est bien "ultralibéraliste" (selon l’expression d’un "jeune" que Chirac a reprise 3 ou 4 fois par la suite) : pour fustiger certes cette "dérive ultralibéraliste" - et le TCE nous en protégerait (!?)- mais ici encore, non comme une pratique et une stratégie qui est au coeur du capitalisme européen, de ses grands groupes et de ses relais politiques, mais comme une sorte de fléau naturel - une sorte de tsunami, ou de montée des eaux dûs à l’effet de serre. Enfin un "jeune" très propre sur lui, style "science po souverainiste" à la Dupont Saint-Aignan l’a toqué sur le rôle de "M. Politique extérieure de l’Union" (qui sera Solana l’ancien secrétaire général de l’OTAN), Chirac a tenté d’esquiver en déclarant ni plus ni moins que ce "pauvre Monsieur politique étrangère" (le mot "pauvre" a été répété au moins deux fois) ne serait qu’un bouffon qui n’aura aucun pouvoir, à part la mission impossible de faire la tournée des popotes des 25 ou des 27 pour tenter de trouver "une position commune" sur tel ou tel sujet ! Tout le baratin des ouiouistes (genre cohn bendit ou bayrou )sur l’Europe puissance, pour être fort dans le monde, contrer les méchants américains, et apporter la paix dans le monde s’effondre d’un coup !
    En conclusion, il m’a semblé qu’au fond le seul vrai argument et la seule vraie conviction de Chirac était la suivante : "Ce brouillon de traité constitutionnel est un compromis merdique, mais qui a été voulu, sous cette forme, par la partie Française (c’est le "règlement de copropriété" d’un Jacques Delors, revu et corrigé par Giscard et les plus technos-bruxellos-capitalistes des socialistes français). Si le peuple français rejette ce traité, de quoi allons-nous (nous : les dirigeants français, et in fine moi le président Chirac) avoir l’air ? La honte totale !? On va se faire chambrer à chaque G8, à chaque sommet européen...bref cela va affaiblir la "position de la France" ! (cette même position de la France qui depuis au moins Maastricht pousse la roue du cours "ultralibéraliste", les capitalistes français se servant des directives et règlements européens (et demain du TCE) pour démolir leurs systèmes internes de droits et de protections sociales, dans un jeu de billard à une bande, car ils n’ont pas la capacité politique de le faire "bille en tête". L’enjeu réel de ce referendum est peut-être donc bien "franco-français". Et le NON français soulagerait sans doute l’immense majorité des citoyens européens, voire même une grand partie des dirigeants des autres pays !?
    Ce qui est sûr, c’est que les géniales idées de Claude C., hier, n’ont pas franchement fonctionnées ( même les brillants journalistes de ce plateau en semblaient presque abattus).
    La campagne ouiouiste est tès mal partie.