Christian Bataille, député (PS) du Nord : « Déni de démocratie : la droite responsable »

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

Par Christian Bataille, député (PS) du Nord.
traité européen

La ratification du traité de Lisbonne sans repasser par les urnes qui ont rejeté le traité constitutionnel européen vous paraît-elle défendable ? Christian Bataille. Pas du tout, d’autant que la question posée me semble être exactement la même qu’en 2005. Ce qui a été acté par le résultat d’un référendum ne peut être modifié que par un autre référendum. Le référendum relève d’une légitimité supérieure. On ne peut donc pas demander aux parlementaires de se substituer au peuple. Recourir, ici, au Congrès, relève d’un abus absolu. Acter une telle démarche signifierait que seuls les référendums conclus par un « oui » auraient une valeur.

La légitimité acquise par Nicolas Sarkozy en mai dernier ne tourne donc pas, à vos yeux, la page du « non » au projet de constitution ?

Christian Bataille. Cette idée est tout à fait fantaisiste. Le président de la République dispose d’une majorité parlementaire, mais rien n’indique que cette majorité se traduirait par une majorité référendaire en faveur de ce traité européen.

Que pensez-vous de l’appel au boycott du Congrès lancé par des dirigeants socialistes ?

Christian Bataille. Le mot « boycott » est un peu abusif. Je préfère parler de « non-participation ». Je comprends d’autant mieux cette décision que j’ai été de ceux, les plus nombreux au PS, qui ont défendu le « oui » en 2005. Je n’ai pas été un grand enthousiaste des Communautés européennes mais j’ai considéré que le rassemblement des peuples avait une valeur supérieure à celle de la bureaucratie européenne. Cela étant, plus le temps passe, et plus j’ai des doutes quant à la valeur de la politique européenne. Je m’intéresse beaucoup au sujet de l’électricité, de l’énergie et je vois comment cette bureaucratie européenne démantèle le service public. C’est un aspect qui me scandalise. Le PS répond aujourd’hui à l’aspiration majoritaire du peuple français en réaffirmant que seul un référendum peut répondre à une question aussi solennelle. C’est une position qui me réjouit. Personnellement, j’avais de toute façon l’intention de m’abstenir ou de ne pas participer à ce vote.

Mais l’abstention ou la non-participation revient, ici, à laisser la voie libre à une ratification parlementaire…

Christian Bataille. Certains pensent effectivement qu’il faut voter « non ». Je ne suis pas un maximaliste sur cette question. Nous n’avons pas à approuver ce traité. De là à voter « non », c’est un pas que je ne veux pas franchir. Je rappelle que j’étais moi-même un partisan du « oui ». La non-participation me paraît être la position la plus sage. Le peuple est privé d’expression par la volonté de Sarkozy. Il faut laisser à la droite la responsabilité de ce déni de démocratie. Ils assumeront ultérieurement.

http://www.humanite.fr/2008-01-12_P...