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Cindy Sheehan, "la mère de soldat qui veut rencontrer Bush"

Publie le vendredi 12 août 2005 par Open-Publishing

A Crawford, Cindy Sheehan combat la "noble cause"

de Corine Lesnes

Peu importe qu’elle ne soit pas vraiment représentative et qu’elle soit arrivée dans un bus de militants antiguerre réclamant la destitution du président. La classe médiatique américaine s’est emparée de l’histoire de Cindy Sheehan, "la mère de soldat qui veut rencontrer Bush". Cindy avait un fils, Casey, qui est mort en Irak en avril 2004, à l’âge de 24 ans. Depuis le 6 août, elle s’est installée à Crawford, où le président George W. Bush a sa résidence d’été. Elle campe sur le bas-côté de la route et entend ne plus en bouger avant de l’avoir rencontré.

En trois jours, elle est devenue l’une de ces "figures médiatiques inattendues" que produit l’été, estime le New York Times, qui lui a consacré, mardi, un éditorial, deux jours après avoir constaté à quelle point cette guerre "manque de héros".

Cindy Sheehan est originaire de Californie. Elle participait à un rassemblement d’anciens combattants pour la paix, au Texas, quand elle a entendu M. Bush parler de "noble cause" après la mort de 14 marines la semaine dernière. Elle n’a pas supporté d’entendre une nouvelle fois cette expression. "Nous savons tous que ce n’est pas vrai", a-t-elle dit au journal local, le Lone Star Iconoclast. Là-dessus, elle s’est mise en route : "J’ai voulu demander au président pour quelle noble cause était mort Casey."

A la Maison de la paix de Crawford, qui accueille les protestataires chaque été, un staff s’est improvisé, avec des relais Internet et des collectes de fonds. On peut déjà acheter le T-shirt qui demande au président s’il a "rencontré Cindy aujourd’hui". Mercredi 10 août, ils étaient une cinquantaine de protestataires, malgré la pluie. Pour l’instant, le président ne s’est déplacé qu’en hélicoptère mais il devrait prendre la route vendredi puisqu’il doit participer à une soirée républicaine dans un ranch des environs.

En 2003, les médias étaient loin de se ruer sur les militants antiguerre. Les temps ont manifestement changé. Le Boston Globe se demande pourquoi le commandant en chef s’isole tel un "monarque" dans son "château". Dans son carnet de bord, diffusé sur une demi-douzaine de blogs, la "mom" anti-Bush fait les comptes. "Troisième jour. J’ai fait 25 interviews téléphoniques et plusieurs télés. Si vous pouvez venir, venez. 62 % des Américains sont contre cette guerre et veulent le retour de nos troupes."

Les conservateurs ont senti le danger. Ils ont commencé à enquêter sur Cindy Sheehan. Ils ont découvert qu’elle avait déjà rencontré George Bush, en juin 2004, deux mois après la mort de son fils, et, scandale, elle n’avait rien dit de désagréable après l’entretien. Selon la presse locale, elle l’avait même trouvé "sincère dans son désir d’apporter la liberté aux Irakiens" et "compatissant" pour la peine des familles. Cindy leur a répondu qu’elle plaidait coupable. "Je l’admets avec honte et regrets. Avant la mort de Casey, je n’avais rien dit publiquement contre la guerre." Un an a passé. Cindy a changé d’avis.

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