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Comprendre LA REUNION . 2

Publie le samedi 14 octobre 2006 par Open-Publishing

L’État affiche une dette de 100 millions d’euros pour le logement social dans l’Outre-mer

LOGEMENT

LA dette de l’État vis-à-vis des principaux opérateurs du logement social dans l’Outre-mer a progressé de près de 40 millions d’euros au premier semestre 2006 et atteint près de 100 millions d’euros fin juin, selon des chiffres publiés 3 octobre. Estimant l’Outre-mer "oublié" par le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, Collectifdom, le collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais, a tiré le signal d’alarme en révélant ces chiffres publiquement le 3 octobre. Collectifdom estime pourtant considérables les besoins de la filière du logement social dans l’Outre-mer, une zone où elle réhabilite 6.000 maisons par an. Et ce sont 1.100 entreprises et 6.000 emplois directs qui seraient menacés par les factures impayées de l’État. La situation est d’autant plus difficile pour les différents opérateurs de logements sociaux dans les départements d’Outre-mer que les HLM y sont financés à hauteur de 25% par l’État, contre 6 à 7% en métropole. Au total, selon Collectifdom, ce sont 70.000 logements qui seraient actuellement insalubres dans les Départements d’Outre-mer.

Les bidonvilles des départements d’Outre-mer

En 2006, plus de 200.000 familles vivent dans des bidonvilles en Outre-mer, parfois même dans des cases en tôle sans eau, ni électricité.
L’Outre-mer devrait figurer à ce titre au rang des priorités nationales, or, tout au contraire, les crédits qui baissent scandaleusement depuis 2004 sont réaffectés au service du plan Borloo, dit de cohésion sociale qui prévoit pour la seule métropole et la Corse des moyens supplémentaires substantiels pour lutter contre la précarisation du logement. L’État a déshabillé l’Outre-mer pauvre pour habiller la métropole, notamment les banlieues. Il est inacceptable que la 5ème puissance économique mondiale réduise ainsi à l’état de pays sous-développés ses Départements d’Outre-mer !

Le déplacement du Premier ministre, Dominique de Villepin, aux Antilles les 12 et 13 octobre, avec une délégation d’une centaine de personnes, doit être utile. Il est attendu de pied ferme sur ces questions majeures, qui bafouent la dignité des populations locales et constituent une vraie honte pour la France. Pour clôturer trois autres réunions interministérielles, le Premier ministre qui doit rendre un arbitrage définitif, lundi 9 octobre 2006, avant son départ doit assumer ses responsabilités. Ce qui n’est pas acceptable en métropole ne doit pas être accepté en outre-mer ! Faute de mesures désormais urgentes, la situation qui se dégraderait rapidement entraînerait troubles et explosions sociales.

Tous les départements, les hommes politiques et les associations d’Outre-mer unis

La quasi-totalité des parlementaires d’Outre-mer, les organisations sociales, syndicales, patronales qui soutiennent ce combat, manifesteront ou interpelleront le Premier ministre lors de son déplacement aux Antilles.
Pour la première fois, les principaux acteurs du logement social en Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, menacés par le dépôt de bilan en raison des 100 millions d’euros d’impayés de l’État, tiendront à Paris une conférence de presse à l’initiative du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais (Collectifdom) qui compte plus de 40.000 membres et sympathisants.

Le jeudi 5 octobre 2006 à 10h, à l’Assemblée Nationale, s’est tenue la conférence de presse regroupant le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais (représenté par Patrick Karam) ; pour la Martinique le GIDOS (représenté par son Président Philippe Gocar, Nadia Seraline, SG, Guillaume Queyrat, Michel Airola, Eddy Ouly et Serge Segur) ; pour la Guadeloupe, Karukéra Logement, affilié à Habitat et Développement (représenté par sa Présidente Mme Marie-Line Dongal) ; pour la Guyane, le PACT Arim (représenté par M. Guy Fleurival, administrateur de la CAF, membre du bureau PACT Guyane) ; pour La Réunion SICA Habitat Réunion (représenté par son Président Gino Ponin-Ballon). La Fédération Habitat et Développement sera représentée par Nicolas Rousseau (chargé de mission DOM) et Jeanne Fournier (chargée de communication). La FNC PACT ARIM était représentée par son Directeur adjoint Xavier Benoist. Des parlementaires d’Outre-mer étaient présents parmi lesquels les Députés Philippe Edmond-Mariette, Louis-Joseph Manscour...

Le Collectifdom va saisir l’ensemble des parlementaires français. Déjà, Victorin Lurel, Secrétaire national du PS pour l’Outre-mer et Président de la Région Guadeloupe, interviendra sur la question. Jean-Christophe Lagarde, porte-parole du groupe UDF pour l’Outre-mer, sollicité aussi par le Collectifdom, interviendra sur ces questions pendant le débat budgétaire au nom de son groupe.

La dette de l’État

La dette globale de l’État pour le logement social (factures impayées aux opérateurs), qui s’élevait au 31 décembre 2005 à 60 millions d’euros, atteint au 30 juin 2006 près de 100 millions d’euros. Des milliers d’emplois sont menacés.
Les besoins de cette filière du logement social qui réhabilite 6.000 maisons par an sont pourtant considérables, en raison du nombre élevé de chômeurs (28%) et de bénéficiaires du RMI (10% du total national), du vieillissement de la population et du manque de structures d’accueil notamment en Martinique et à La Réunion, de la jeunesse de la population des DOM qui nécessite une offre importante de logements nouveaux, du taux de vétusté et d’insalubrité des logements largement supérieur à la métropole, de l’importance des risques naturels (phénomènes cycloniques, tremblements de terre, inondations...), du PIB par habitant inférieur d’un tiers à la moyenne nationale.

Les 70.000 logements type existant sur l’ensemble des Départements d’Outre-mer sont pour la plupart occupés par des personnes âgées et/ou en grande précarité. Aujourd’hui, des artisans ont déjà dû licencier des salariés et plusieurs sont sur le point de fermer leur entreprise : 1.100 entreprises concernées et 6.000 emplois directs sont menacés et autant d’emplois induits et complémentaires. L’urgence a conduit les principaux opérateurs sociaux de l’habitat en Outre-mer à unir leurs forces lors d’une réunion tenue le 21 juin 2006 à Paris : GIDOS Martinique (Groupement Interprofessionnel des Opérateurs Sociaux) ; SICA Habitat Réunion ; Karukera Logement ; Habitat et Développement Guadeloupe ; PACT de Guyane ; PACT de La Réunion ; Club des PACT des DOM ; FNC PACT ARIM ; Fédération nationale Habitat & Développement.

Il est demandé au Premier ministre, comme pour la métropole, de prendre les mesures nécessaires au maintien d’un secteur d’activité qui, outre sa mission sociale indispensable, est également un secteur structuré, doté d’un savoir-faire spécifique et générateur important d’emplois : notamment le remboursement de la dette de l’État ; le rattrapage du différentiel entre les Autorisations d’Engagement et les Crédits de Paiement cumulé sur plusieurs années ; une programmation pluriannuelle des financements dédiés au logement social.

(Sources : Collectifdom)

L’État affiche une dette de 100 millions d’euros pour le logement social dans l’Outre-mer
Article paru dans Témoignages le mardi 10 octobre 2006