Accueil > Délire d’abus de pouvoir au collège-lycée Romain Rolland

Délire d’abus de pouvoir au collège-lycée Romain Rolland

Publie le vendredi 4 juillet 2003 par Open-Publishing

Le chef d’établissement impose des décisions contre l’avis du Conseil d’administration et prend des mesures de rétorsions quand ce dernier la contrarie, jusqu’à verser dans l’illégalité.

Le conseil d’administration du lycée du mardi 24 juin n’avait pu se tenir faute de quorum (nombre minimum de membres présents), la plupart des élus étant retenus par des tâches d’interrogation ou de correction du baccalauréat. Mme le Proviseur a donc imposé que le prochain C.A. se tiendrait samedi 28 juin à 7h00 du matin. Pour information, quand un C.A. est convoqué une seconde fois, le quorum n’est plus obligatoire.

Les élus (parents FCPE, enseignants et CPE membre de droit), arrivant à 7h03 le samedi 28 juin, ont eu la surprise de découvrir que le compte de financier 2002 avait déjà été adopté : le procès verbal du précédent CA, la désignation d’un secrétaire de séance et l’adoption de l’ordre du jour auraient été discutés et votés en moins de trois minutes !

Ce n’était que le début d’une série d’entorses stupéfiantes au principe démocratique censé réglementer la vie des établissements du second degré.

Il a été proposé au CA de voter pour une augmentation de 1% des tarifs de la cantine (qui est largement bénéficiaire) ; le vote contre a provoqué la remarque suivante du chef d’établissement : l’augmentation sera donc de 2.5% (soit le maximum légal fixé par la Préfecture).

D’autre part, le CA s’est opposé au principe d’une caution de 50 € pour des badges d’entrée au parking intérieur (badge dont le coût est de 20€ selon l’intendance) : le chef d’établissement a immédiatement déclaré que l’accès au parking serait désormais interdit aux professeurs du lycée.

Le CA s’est également prononcé contre le recrutement d’assistants d’éducation, par ce que ce statut marque une régression inacceptable par rapport à celui de surveillant et parce qu’il s’accompagne d’une suppression de 10000 poste d’adultes chargés d’encadrer les élèves. Mme le Proviseur a aussitôt annoncé qu’elle ne recruterait personne à la rentrée. De fait, elle a envoyé un recommandé AR trois jours plus tard au quatre maîtres de mi-pension de l’établissement pour leur signifier qu’ils n’auraient plus de poste l’année prochaine. Il faut savoir que le statut de MDP (maître de demi-pension) n’a rien à voir avec celui d’assistant d’éducation et qu’une lettre collective avait été envoyée au Recteur pour demander le maintien de ces personnels. Par tradition à Romain Rolland, les MDP sont choisis parmi d’anciens éléves qui trouvent dans cette rémunération de quoi poursuivre leurs études. Leur licenciement est une mesure de rétorsion indigne d’un chef d’établissement.

Plus grave encore, Mme le Proviseur a proposé au CA que soit mis à disposition d’un inspecteur un appartement encore non occupé. Jugeant qu’il serait souhaitable que cet appartement soit attribué selon des critères sociaux pour venir en aide à un membre du personnel en situation de difficulté le cas échéant, le CA a voté contre cette proposition. Le chef d’établissement a décidé de passer outre la décision du CA de façon tout-à-fait illégale et selon des témoins résidant dans l’immeuble concerné, l’inspecteur se serait installé le jour même.

Par ailleurs, un professeur de français du collège titulaire de son poste se voit menacé d’aller effectuer plus de la moitié de ses heures en compléments de service dans un autre établissement pour des motifs douteux. La mise en place des itinéraires de découverte en 5° et 4° et la perte d’une classe de sixième laissent environ huit heures de trou d’emploi du temps. Dans de pareils cas, l’emploi du temps peut être comblé par les itinéraires de découverte (la perte d’heure était prévue pour ça), des heures de dispositif SAS, de soutien, d’aide aux devoirs, etc. Les propositions d’emploi du temps faites par la coordination des lettres règlent d’ailleurs le problème sans difficulté. Mais là encore, le principe de l’arbitraire s’impose et Mme le Proviseur a même fait savoir à l’intéressé qu’elle ne se sentait pas obligée de fournir les heures pour combler les manques et qu’elle mettrait même certainement des heures supplémentaires à ses collègues, ce qui agrandirait illégalement le trou de l’emploi du temps. Coïncidence ou pas, cette mesure illicite frappe un des professeurs les plus investis dans le mouvement social de ces dernières semaines.

De telles mesures n’ont pas manqué de faire réagir les parents et le personnel. Alain Buch de la FCPE 94 a exigé une audience urgente au Recteur, accompagné dans cette demande par le personnel de l’établissement et le SNES du Val de Marne. Ils ont en outre été appuyés par Mme Chantal Bourvic, Conseillère générale du Val de Marne, alertée par de telles dérives autoritaristes.