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Deux journalistes de France 3 convoqués par la police : libertés en danger

Publie le mardi 31 mars 2009 par Open-Publishing
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de SNJ-CGT France Télévisions et Audiovisuel

Le Président de la République aurait-il décidé de remettre au pas les journalistes de l’audiovisuel public coupables d’impertinence et de les attaquer individuellement au plan judiciaire ?

C’est la question que l’on peut se poser après la convocation le 1er avril à 9h30 de deux journalistes de la Rédaction nationale de France 3 par la "Brigade de la répression de la délinquance contre la personne" de la Police judiciaire auprès de la Préfecture de police de Paris, conformément à une instruction du Procureur de la République du TGI, section de la presse et de la protection des libertés ?

Ces deux journalistes sont convoqués pour être "entendus sur une affaire les concernant".

C’est par une dépêche de l’Agence France Presse, après un article du site internet Rue89 et suite à un appel de Libération, que le SNJ-CGT a fait le lien entre ces convocations et l’affaire des « Propos hors antenne de Sarkozy », si l’on en croit l’intitulé de la dépêche de l’AFP.

D’après les questions des confrères de ces médias au SNJ-CGT, ces deux journalistes seraient convoqués parce que des « vidéos de surveillance interne à France télévisions, les aurait identifiés » !!!

Si le SNJ-CGT a été interpellé c’est en effet que tous deux ont des mandats de représentants du personnel du syndicat à France télévisions !

A l’aune de ces éléments nous nous posons plusieurs questions :

*à toute heure du jour et de la nuit, des dizaines de journalistes évoluent dans le bâtiment de France télévisions avec des cassettes contenant leurs reportages ; des vidéos enregistrant ces allées et venues serviraient-elles désormais à motiver une convocation par les services de police sans pour autant connaître les éléments contenus ces cassettes ?

* ces vidéos, qui ne peuvent parvenir aux services de police qu’avec la coopération de la Direction de France télévisions, serviraient-elles aujourd’hui à suivre à la trace les journalistes, à violer ainsi la liberté de la presse et à les considérer comme des délinquants ?

*les journalistes de France télévisions sont-ils désormais surveillés en permanence par des vidéos mettant en cause la liberté de la presse ?

Ou bien est-ce tout simplement parce que ces journalistes, au-delà d’appartenir à une rédaction connue pour son indépendance à l’égard des pouvoirs politiques quel qu’ils soient, sont aussi des journalistes SNJ-CGT élus par leurs pairs, qui n’ont pas ménagé leur peine dans la bataille intersyndicale menée depuis le 8 janvier 2008 contre la loi assassine du Président de la République asphyxiant financièrement l’audiovisuel public, en première ligne pour s’opposer à la reprise en mains du pouvoir exécutif des contenus éditoriaux ?

Paranoïa ?

Non, car nous constatons quotidiennement des tentatives d’intimidation des journalistes professionnellement les plus irrévérencieux de France 3 et engagés dans le combat syndical.

Hier encore, c’était Xavier Naizet, journaliste à France 3 Orléans, délégué du personnel SNJ-CGT, menacé de poursuites judiciaires pour avoir réappelé le passé d’extrême droite du Secrétaire d’Etat au Commerce.

Nous n’oublions pas comme le rappelait Le Figaro du 14 août 2008 que le sénateur UMP Alain Gournac déclarait : « Je trouve inacceptable que la CGT devienne majoritaire dans les organes de presse ». Notre confrère poursuivant : « Le sénateur a convaincu le Ministre du travail et l’Elysée du bien fondé de cette position » !

Comment ne pas rapprocher ces faits de la criminalisation de l’action syndicale, des descentes de police de plus en plus fréquentes dans des rédactions, de l’interpellation au petit matin d’un journaliste et, dernier en date, les 6 mois de prison requis contre Isabelle Cottenceau de TAC Presse (M6) accusée, une première dans les annales judiciaires, de « complicité de violence volontaire » pour avoir fait son métier et aujourd’hui menacée de six mois de prison avec sursis !

Cette dérive étatique, policière et judiciaire, est inquiétant pour les libertés en général et pour la liberté de la presse en particulier.

Le SNJ-CGT, premier syndicat de journalistes à France télévisions apporte et apportera tout son soutien aux deux journalistes de France 3 et à tous les journalistes en butte à l’autoritarisme de l’Etat.

Dans les jours qui viennent il va riposter à la hauteur de l’enjeu, il en va des libertés publiques.

Paris le 25 mars 2008

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