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EDUCATEURS PAS DELATEURS

Publie le mardi 29 juin 2004 par Open-Publishing

Educateurs pas délateurs, par sophie

La légitimation de la délation n’appartient qu’aux systèmes totalitaires, résistons....

Hier nous dénoncions la mission d’intégration des marginaux aux normes sociales que la société voulait nous voir appliquer. Aujourdh’hui il faudrait devenir les garants de la paix sociale, un simple maillon de la répression formalisée par les lois Sarkosi et Perben, en utilisant la délation.

La misère sociale constitue à elle seule un délit, les chômeurs de longue dûrée,les R.M.Mistes,les prostiuées, mendiants, gens du voyage deviennent les boucs émissaires d’une société qui produit elle même le processus de marginalisation par la misère.

Il faudrait "mériter" les indemnités chomâge, les allocations de misère après avoir été licenciés, assumer individuellement la faillite du système...

Délit de sale gueule, de marginalité, de pauvreté, de jeunesse...

Dénoncer deviendrait un acte civique...on voudrait faire de nous les nouveaux indics du système. Mais dans quels régimes la délation se transforme-t-elle en acte civique ? Hitler dés son arrivée au pouvoir en 1933 incitait la jeunesse à dénoncer ceux qui professaient des idées contraires à l’idéologie du Reich. Le gouvernement de vichy en instituant la délation a conduit des millions de juifs, d’homosexuels, d’opposants politiques de gitans dans les camps de la mort.

Les états unis sous le maccarthysme dans les années 50,ont recruté d’anciens nazis au sein de la CIA pour faire "la chasse aux rouges" Sans oublier les gigantesques massacres, internements, procès arbitraires de la Russie Stalinienne.

Est-ce ce type de société que nous voulons ?

La dictature apparait là où l’ennemi interieur est désigné : Ici l’ennemi interieur c’est le pauvre, l’immigré, le parent défaillant,le marginal...Ils seraient arnaqueurs profiteurs, paresseux, parasites, déviants, sauvageons...

"Rétablissons l’ordre moral, mettons fin à la mixité dans les écoles, finissons en avec l’éducation, chations, humilions, réprimons..."

Il existerait par conséquent une citoyenneté à deux vitesses celle qui a droit de cité, et celle qui doit être dénoncée.

Paradoxalement la loi du 2 janvier 2002 avait pour objectif de mettre l’usager au centre des dispositifs, afin qu’il devienne acteur des interventions éducatives, et que ses droits soient respectés.S’agissait-il là d’un alibi ?

La législation n’a plus cours quand elle est contredite par l’éthique.

L’article 21 de la constitution de 1958 stipule :lorsque "le gouvernement viole les libertés et les droits garantis par la constitution la résistance sous toutes ces formes est le plus sacré de tous les droits et le plus imperieux des devoirs"

En tant que travailleurs sociaux nous devons souscrire à ce droit de refus que nous soyons républicains, communistes, anarchistes.

Les élus ne sont pas nos mandataires et en aucun cas nous ne leur signalerons les personnes que nous suivons, dont le seul délit est d’avoir été exclu des normes sociales. Nous boycotterons les questionnaires stigmatisants qui font référence aux origines ethniques, à l’immigration clandestine, à l’absenteisme scolaire, aux mesures judiciaires éxercées dans les familles...

Nous continuerons à travailler sur la base de la relation de confiance, d’entraide, de libre adhésion, socle de la loi de 1972 sur les statuts de la prévention spécialisée mais aussi du travail social en général. A chacun son job ! Nous continuerons à orienter les usagers vers des systèmes de défense collectifs, comités de chômeurs, DAL, les services sociaux n’étant pas en mesure de gérer cette faillite générale, ou plutôt cette généralisation de la misère...C’est le gouvernement qui est hors la loi !

Il ne suffit plus de constater, de se lamenter,il faut renforcer ce formidable courant qui commence à se dessiner au sein des collectifs de travailleurs sociaux, réagir dans de nos institutions, nos syndicats, pour ne pas se laisser instrumentaliser.

Sophie