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Empêchez cette réunion scandaleuse

Publie le vendredi 2 mai 2003 par Open-Publishing

30 avril - Une association extrémiste juive américaine, dont les dirigeants nient tout droit aux Palestiniens, se propose de tenir la quinzaine prochaine une réunion haineuse à Paris, placée qui plus est sous le signe de la « tolérance » !

Le Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles propage du matin au soir l’idée que la France, terre de l’Affaire
Dreyfus, est le pays le plus antisémite du monde. Il a publiquement participé l’an dernier à la campagne de boycottage de la France, lancée par une autre association extrémiste américaine, l’American Jewish Congress, comme on peut le lire sur le site spécialement créé à cet effet, http://www.boycottfrance.com.

Même un boutefeu comme Roger Cukierman, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF), s’était senti obligé, pour des raisons évidentes, de se démarquer un minimum de ses collègues américains.

Mais c’est quand même à Paris, dans l’enceinte de l’UNESCO, que devrait avoir lieu du 12 au 14 mai prochain cette conférence officiellement intitulée « L’éducation pour la tolérance : le cas de l’antisémitisme résurgent ».

Les organisateurs se targuent du soutien, entre autres, du maire de Paris Bertrand Delanoë qui a prévu une réception en leur honneur, et du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, dont la présence est annoncée à la conférence.

De quelle « tolérance » est-il question, notamment concernant les droits du peuple palestinien, à l’heure où une réouverture du dossier israélo-palestinien, par le biais de la « feuille de route » est à l’ordre du jour ?

La liste des intervenants parle d’elle-même.

Natan Sharansky : Ce politicien israélien, actuellement ministre de Jérusalem et des affaires de la diaspora dans le gouvernement Sharon, est un adversaire acharné de la plus petite concession aux Palestiniens. Il s’est par exemple toujours opposé à la moindre discussion sur le statut de Jérusalem, ou à un démantèlement, même partiel, des colonies.

Le Grand Rabbin (ashkénaze) d’Israël, Israel Meir Lau ? Pas vraiment un modèle d’ouverture, lui non plus. Partisan déclaré de la colonisation, il a aussi donné sa bénédiction à la pratique des « assassinats ciblés » de militants palestiniens par l’armée israélienne. Mais il condamne les Juifs qui fêtent Noël ou le Nouvel An chrétien, les accusant de « saper les fondements de la Nation Juive ». Quant à la question de Jérusalem, pas question de partage des Lieux Saints : tout appartient à l’Etat Juif.

Jeb Bush : On ne présente plus le gouverneur de la Floride, frère du président américain. Non plus que le général américain Wesley Clarke, ancien patron des forces de l’OTAN.

Arno Klarsfeld, champion de la tolérance ? En attendant de revêtir l’uniforme de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, comme il vient de l’annoncer, cet homme s’est fait condamner par la Justice, en France, pour diffamation envers le mouvement anti-raciste MRAP, qu’il avait traité « d’antisémite ». Mais sans rire, Arno Klarsfeld est invité à s’exprimer sur la « Jurisprudence » de la répression de l’antisémitisme !

Les références des animateurs du Centre Simon Wiesenthal sont à l’avenant. Exploitant leur « nom de marque », celui du vrai chasseur de nazis Simon Wiesenthal qui vient de prendre officiellement se retraite à l’âge de 95 ans, estimant avoir accompli sa tâche, ses épigones américains poursuivent de tous autres objectifs.

Le Rabbin Abraham Cooper, docteur en antisémitisme virtuel, parlera de « La haine sur Internet ». Mais n’allez pas chercher dans ses œuvres la dénonciation des sites racistes se réclamant du judaïsme (comme amisraelhai.org, qui a invité ses ouailles à lyncher les pacifistes juifs) : vous ne la trouveriez pas.

Shimon Samuels, patron du bureau parisien du Centre Simon Wiesenthal et coordinateur du colloque, était de ceux qui appelaient l’an dernier au boycottage, par les Etats-Unis, du Festival de Cannes.

Il s’était de même permis de critiquer le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, lorsque ce dernier s’était déclaré « certain que la France n’est pas un pays antisémite ». « Les déclarations d’apaisement de Peres encouragent la négation de la réalité de la judéophobie en France, et affaiblissent les protestations stridentes d’organisations comme la nôtre », avait déploré ce pompier-pyromane, qui parle des Juifs de France comme d’une « communauté assiégée ».

Mais c’est lui qui renforce, ouvertement, la mentalité de repli, en réservant la promotion de son colloque au seul public juif, ou plus exactement à la partie la plus communautaire de celui-ci, comme il l’a fait mercredi à l’antenne de Radio J. « Il faut qu’il y ait le plus possible de Juifs à ce colloque populaire, l’entrée sera gratuite », a-t-il dit, avant de donner les informations pratiques pour se procurer les cartons d’invitation.

L’une des principales activités du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles est la gestion d’un Musée de la Tolérance », consacré au génocide nazi des Juifs, et uniquement à celui-ci Ce caractère exclusif lui vaut d’être critiqué par un autre lobby, arménien celui-là. La communauté arménienne locale reproche ainsi au musée d’être volontairement silencieux sur le génocide des Arméniens par les Turcs (1915-1918, plus d’un million de morts), pour ne pas déplaire à la Turquie, partenaire d’Israël au Proche-Orient. Elle ajoute que le Centre Simon Wiesenthal a bénéficié d’importantes subventions de la part de l’Etat de Californie, à la condition expresse que le thème du génocide arménien soit présent dans les expositions permanentes du musée, mais que cet engagement n’a pas été tenu.

Cette conférence n’a évidemment pas pour objectif de combattre l’antisémitisme, mais, une fois de plus, de tenter d’empêcher toute critique de la politique d’Israël vis-à-vis de la Palestine, en exerçant une fois de plus un chantage éhonté à l’antisémitisme.

D’ailleurs, le camp de la haine anti-palestinienne sera officiellement représenté à la conférence, avec la présence annoncée de deux parlementaires européens, Ilke Schröder et François Zimeray, qui animent à Bruxelles et à Strasbourg un lobby pour mettre fin aux subventions européennes à l’Autorité Palestinienne.

Shimon Samuels n’a pas caché, toujours sur Radio J, que le thème de l’antisémitisme était avant tout un instrument pour empêcher toute critique de la politique d’Israël. « L’anti-israélisme, l’anti-sionisme c’est-à-dire l’antisémitisme, débordent désormais du seul cadre des organisations qui soutiennent les Palestiniens. On le voit dans les Forums anti-mondialisation, comme à Porto Alegre où j’étais, qui sont devenus des Forums anti-juifs ».

Alors, protestons contre cette provocation annoncée, en le faisant savoir aux autorités concernées, en particulier :

 M. Koïchiro Matsuura, Directeur Général de l’UNESCO, 7 Place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France ; email : bpiweb@unesco.org
 M. Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, Place Beauveau, 75008 - Paris ; email : passer par le site du ministère, http://www.interieur.gouv.fr
 M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, Place de l’Hôtel de Ville, 75004 - Paris ; email : passer par le site http:// paris.fr