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En coulisse, le PS se déchire pour savoir que penser de l’Europe

Publie le lundi 29 octobre 2007 par Open-Publishing
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Conseil national socialiste.

de David Revault d’Allonnes

A la tribune, il n’en a pas été question. Ou si peu… « Nous allons être responsables et collectifs », a promis aux socialistes un François Hollande particulièrement optimiste, à propos du traité de Lisbonne. Epineux sujet, que tous s’étaient accordés pour prestement évacuer de l’ordre du jour du Conseil national (CN), le « parlement » du parti, réuni samedi à Paris. Seul le député européen Vincent Peillon a brisé le tabou, qui, dans son intervention, a appelé à « voter oui, dans la clarté ».

De quoi attirer à cet ancien partisan du non d’acerbes commentaires. Sur la forme : « On s’était tous mis d’accord pour ne pas en parler au CN, et il en parle au CN », pestait Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande. Et, bien sûr, sur le fond : « C’est époustouflant de le voir défendre avec la même ferveur le oui qu’il combattait il y a à peine deux ans, ironisait Razzye Hammadi, président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Vincent doit faire attention à ces virages répétés à 180 degrés. Il va finir pas tourner en rond. »

« Compliqué ». « Si on peut penser ensemble et collectivement, c’est mieux », voulait croire, en arrivant, François Hollande. Mais l’habitus socialiste est tenace. Et la question européenne, bannie des débats, n’a pas manqué de ressurgir dans les couloirs. « Attention, ça devient compliqué », prévient un cadre. Car les dissensions, très sûrement, sont montées d’un cran, entre les tenants de l’abstention, les militants du oui, les anciens partisans du non passés au oui ou retranchés, cette fois, derrière la question du référendum. Dans cette dernière catégorie, Laurent Fabius l’assurait : « Il faut un référendum, qui est la seule procédure démocratique. » Et peu importe si celle-ci, à l’évidence, n’aura pas lieu et si la forme, ici, permet de ne pas trancher le fond : « C’est une position qui permet de rassembler les socialistes, et ce n’est pas une chose mineure. »

La consultation populaire permet aussi, bénéfice collatéral, de fustiger ceux qui, comme Ségolène Royal, l’ont récemment abandonnée. « Ce n’est pas parce qu’elle remet en cause le Smic, les 35 heures et le référendum qu’on ne doit pas soutenir la position qui était la nôtre au moment de la présidentielle : aux Français de se prononcer », taclait Claude Bartolone, lieutenant de Fabius. François Hollande a indirectement répondu à ce dernier, en indiquant qu’il ne plaidera pas pour la consultation populaire auprès de Nicolas Sarkozy, qu’il rencontre ce matin. Le premier secrétaire s’attache à dédramatiser. « Il faut qu’on fasse gaffe à ne pas traîner cette histoire, expliquait son bras droit Stéphane Le Foll. Les choses sont apaisées. »

« Faire comme si ». Reste que le François Hollande, qui penche à titre personnel pour le oui sans pouvoir le dire, et envisage l’abstention comme une position synthétique susceptible, à défaut d’avoir le mérite de la clarté, de ne pas mécontenter trop de socialistes, se trouve désormais sous la pression des partisans du oui. Dont nombre de proches de Ségolène Royal. Vincent Peillon : « Un parti comme le nôtre ne peut pas ne pas avoir d’opinion. On se mettrait à nouveau dans une nasse et on se décrédibiliserait. » Patrick Bloche : « L’argument de l’unité est louable. Mais nous avons été habitués depuis des années à des synthèses hollandiennes où l’on trouve tout et son contraire. Cette fois, j’ai envie que le PS pense quelque chose sur l’Europe. Quitte à penser la même chose que Sarkozy. » Julien Dray : « On ne pourra pas s’éviter une crise. Il vaut mieux assumer et s’en sortir par le débat politique plutôt que d’essayer de faire comme si il n’y avait pas de crise. »

Le « débat politique », justement, a été repoussé au bureau national du 6, voire du 13 novembre, pour laisser aux socialistes le temps d’en discuter. « Ensemble et collectivement »…

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