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Fausto Bertinotti impose sa ligne : congrès, le Parti de la Refondation Communiste, est réuni jusqu’à dimanche

Publie le vendredi 4 mars 2005 par Open-Publishing

Son secrétaire général a réussi, après un débat interne très dur, à imposer ses visées : participation à un gouvernement de centre gauche en cas de victoire lors des législatives de 2006.

de Alessandro Mantovani, Rome

Fausto Bertinotti a ouvert, hier au Lido de Venise, dans le palais rendu célèbre par le Festival annuel du cinéma, le sixième congrès du Parti de la refondation communiste (PRC). Il a ouvert son intervention en racontant l’histoire de Sara, une travailleuse de l’informatique qui vit la galère des emplois précaires, des licenciements et des humiliations : sa condition est le point de départ pour l’« alternative de société » qui seule, d’après Bertinotti, peut répondre à la crise du capitalisme moderne. Son intervention a aussi abordé les questions de la guerre et des - façons de la combattre, mais aussi le thème, crucial, de la participation du PRC à un gouvernement de centre gauche. Un thème qui se pose à nouveau sept ans après la décision de quitter la majorité parlementaire, ce qui avait, à l’époque, provoqué la chute du gouvernement de Romano Prodi.

Ce dernier, ancien président du Conseil et ancien responsable de la Commission européenne, était aussi au palais du cinéma. En dépit des craintes de la veille, il n’a pas été accueilli par les sifflets ni par les cris de protestations de cette assistance hétéroclite de vieux communistes, de syndicalistes radicaux et de jeunes qui appartiennent aux mouvements - altermondialistes, « antagonistes » ou « gauchistes », ces 671 délégués qui s’opposent, à 40,83 %, à une alliance avec le centre gauche dans le cadre d’une nouvelle « Union » - le nouveau nom de la Grande Alliance. Une Union dont Prodi est toujours le candidat, en vue des législatives de 2006.

dernier mandat à la tête du parti

Le succès de Fausto Bertinotti était néanmoins assuré après les congrès locaux qui, avec une participation très - significative de 50 700 adhérents (sur 97 000), ont donné une majorité de 59,17 % à ses thèses. « L’enjeu de notre engagement, écrit le secrétaire du PRC, est de battre la loi du pendule qui veut que la gauche, lorsqu’elle est dans l’opposition, alimente espoirs et attentes qui resteront déçus quand elle sera au pouvoir, avec une perte de confiance de larges masses populaires qui profite aux forces conservatrices. » Bertinotti a répété que « le gouvernement n’est pas le but stratégique mais il peut se révéler comme un passage nécessaire ». Après le tournant de l’engagement dans le conflit social et dans les mouvements altermondialistes, Bertinotti a complété la rupture du PRC avec le stalinisme et proposé le choix de la non-violence. Il a fait référence à ses maîtres, parmi lesquels le pape Paul VI, dans une « réflexion » sur la religion, mais aussi Pietro Ingrao, le dirigeant historique de la gauche du Parti communiste qui, à quatre-vingt-sept ans, a adhéré à Rifondazione à la veille du congrès.

Soixante-cinq ans, fils d’un cheminot socialiste - vivant dans la ville ouvrière de Sesto San Giovanni, aux portes de Milan, très cultivé bien qu’il ait fréquenté les écoles professionnelles, ancien syndicaliste de la FIOM (métallos), socialiste lui-même avant de se lancer dans l’idée de refonder le communisme, il devient secrétaire lors du deuxième congrès du PRC en 1994 et a toujours été reconduit. Mais Bertinotti a annoncé que ce sixième congrès de Venise sera son dernier à la tête de Refondation. A fortiori il ne sera pas ministre, mais il gardera la présidence du parti de la Gauche européenne.

De l’avis général, Refondation communiste n’aurait pas pu survivre à la crise de 1998 et à son score électoral plus que mauvais (4,3 % lors des européennes de l’année suivante) en l’absence de la forte personnalité de son leader. Les 50 700 participants aux congrès locaux démontrent aussi que ce parti existe grâce à son enracinement, spécialement chez les jeunes. Et désormais le débat est - ouvert avec les différentes - oppositions internes. La plus forte, Essere Comunisti (26,2 %), considérée comme la droite du Parti et dirigée par Claudio Grassi, est - formée d’anciens cadres et militants du Parti communiste italien et notamment du courant de Cossutta, lié à l’URSS jusqu’à la fin : ils ne contestent pas le principe d’un - accord avec le centre gauche mais proposent une démarche différente (« une - négociation et des conditions précises »).

« rupture avec la bourgeoisie »

Les trois autres minorités sont d’inspiration trotskiste. Erre (6,5 %), engagé dans les mouvements altermondialistes, est le courant du président des sénateurs PRC, Gigi Malabarba, et du vice-directeur de Libération, Salvateur Cannavò, tous les deux anciens dirigeants de la Ligue communiste révolutionnaire italienne jusqu’en 1988. Cette motion propose un simple accord électoral avec le centre gauche, tout comme en 1996 : ils sont les premiers candidats en cas d’élargissement de la majorité de Bertinotti. La véritable opposition de gauche, toujours trotskiste, est celle de Marco Ferrando, lui aussi ancien dirigeant LCR : au coude à coude avec Erre (6,51 %, soit 3 318 voix contre 3 316, mais des vérifications sont en cours) sur une ligne de rupture avec Prodi « et la bourgeoisie ». Et seulement 1,64 % pour la quatrième motion d’opposition.

« abolition de la propriété privée »

Bertinotti, lui, répond que tout a changé par rapport à 1998, car « les mouvements sociaux sont au centre de la scène, l’Olivier n’existe plus et le centre gauche ne pourra pas faire la même politique ». Quant à la bourgeoisie, « certaines de ses composantes savent que la financiarisation des marchés ne suffit pas, et elles ont accepté le principe de l’intervention publique dans l’économie », dit le secrétaire général, qui se prépare à des batailles et à des négociations dès la formulation du programme électoral. L’abrogation des lois sur la flexibilité du travail, de la loi anti-immigrés adoptée par la droite et des réformes de l’éducation nationale sont les thèmes d’un débat dans lequel Bertinotti veut introduire le principe de l’augmentation des salaires et des retraites, et la taxation des patrimoines financiers. « L’abolition de la propriété privée, dit-il dans Il Corriere Della Sera, est toujours notre horizon. »

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