Accueil > GUADELOUPE - ECHEC DU DIALOGUE - LE MEPRIS

GUADELOUPE - ECHEC DU DIALOGUE - LE MEPRIS

Publie le mardi 17 novembre 2009 par Open-Publishing

Lu sur le Blog de Chien Créole :

lundi 16 novembre 2009
L’échec du dialogue

LE MEPRIS

8 mois de dialogue de sourd

C’était la réunion de la dernière chance. Le gouvernement, après huit mois de dialogue de sourd, pouvait encore répondre aux points sur lesquels il s’était engagé le 4 mars, ce qui lui avait permis d’obtenir la suspension de grève de la part d’un LKP crédule (voir http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/tous-basse-terre-samedi-matin-8h00.html ). Des points dont tous ont bien été forcés de reconnaître la légitimité et le bienfondé. Des points qui ont été portés par toute une population, pendant la plus longue grève générale que la France ait jamais connue. Ces points là, Sarkozy, dans son allocution fleuve du 6 novembre avait bien pris soin de les éviter. Samedi 14 novembre au matin, le LKP avait encore l’espoir ténu d’obtenir des réponses concrètes de sa représentante, Marie-Luce Penchard, à la préfecture.

« Tout un bordel »

Le LKP était invité dans le cadre d’une réunion de la commission de suivi. Ça a mal commencé : on a signifié à la délégation du LKP que seule la moitié d’entre eux pourrait rentrer, alors qu’ils entendaient être reçus à dix. Il a fallu une heure de négociation, de tergiversation pour que la ministre consente à recevoir la délégation dans son ensemble. Il faut dire que les médias étaient présents et qu’Elie Domota avait beau jeu de rappeler que la veille, alors qu’il s’agissait de grignoter des petits fours et de faire couler le champagne à flots, tout le monde pouvait rentrer au lycée hôtelier où Man Penchard recevait ses amis de l’UMP. Mais « quand il s’agit de rencontrer des Guadeloupéens venus parler de problème précis, et bien c’est tout un bordel » s’est emporté le porte-parole du LKP.

Un impératif impérieux

Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. Lorsqu’enfin, ils ont pu prendre place dans la salle de négociation et avant même que ne commence officiellement l’entretien, ML Penchard leur a signifié qu’elle avait des choses de prévues et qu’elle partirait en conséquence à 11h00. Stupéfaction au sein des délégués : comment régler des problèmes aussi sérieux en si peu de temps ?! Les représentants du LKP et les Guadeloupéens ont apprécié d’apprendre le soir même au journal de RFO ce qu’elle avait de si important à faire : elle est partie donner officiellement le coup d’envoi à la saison de la cueillette des melons (allez dans « journal de l’outre-mer », sélectionner Guadeloupe – 14 novembre sur www.RFO.fr si vous ne me croyez pas.)

On comprend mieux quand on sait que la ministre a déjà fait savoir qu’elle entendait "jouer un rôle" dans les élections régionales de 2010, où la droite locale n’a pour l’instant aucun candidat sérieux. D’ailleurs le matin même, avant la réunion avec le LKP, toujours sur RFO, on la voit prendre un bain de foule et serrer des mains au marché de Basse-Terre en compagnie de sa mère, l’incontournable Lucette Michaux-Chevry. Elle expliquera à la journaliste qui lui demande si elle est déjà en campagne qu’elle a juste l’habitude d’acheter ses fruits au marché le matin !..

« Faites ce que vous avez à faire »

L’entretien a démontré que, si elle se soucie de son image et des futures élections, elle n’avait cure des revendications des Guadeloupéens. Elle a refusé d’aborder dans un premier temps les problèmes essentiels que le LKP entendait régler, ressassant les propos que le préfet avait tenus un mois plus tôt. Voyant le temps passer, les délégués ont insisté pour qu’elle réponde. Elle s’est alors focalisée sur le calcul des ayant-droits aux 200 euros d’augmentation mais même sur ce point, somme toute subalterne par rapport à la question fondamentale de l’amputation de la clause de convertibilité (l’obligation faite aux patrons de prendre à leur charge l’intégralité de l’augmentation de 200 euros au terme des trois premières années), tout accord s’est avéré impossible puisque le collectif a obtenu comme fin de non-recevoir un « si vous n’êtes pas contents, faites ce que vous avez à faire. ».

« Yo péké fé sa yo vlé »

Une fois ressorti, Domota va prendre un micro et fustiger l’attitude de la ministre dont le seul objectif est selon lui de reprendre la région à Lurel (PS) et qui n’a pas prévu d’apporter de réponses pour les Guadeloupéens. « C’est nous qui devons apporter les réponses », proclame-t-il, en en appelant à l’unité et la solidarité. « On ne peut pas accepter le mépris, on ne peut pas accepter l’arrogance, on ne peut pas accepter qu’ils nous prennent comme serpillères, et ce n’est pas parce que man Penchard est Guadeloupéenne qu’il faut qu’elle s’imagine qu’elle peut faire ce qu’elle veut avec nous ! » assène Domota en paraphrasant l’hymne du LKP, « yo péké fé sa yo vlé, adan péyi annou. » Il déclare solennellement que le LKP va appeler à la reprise du mouvement dans les jours qui viennent et demande à chacun de s’engager à faire un travail de conscientisation et de préparation, dans les sections, dans les quartiers, dans les communes, dans les entreprises pour préparer la mobilisation. Il propose enfin, avant de se séparer, d’effectuer une petite marche afin de « se remettre en jambe », qui réunira plusieurs centaines de manifestants.

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)