Grève des travailleurs sans papiers : Besson muselle t-il la presse ?

de Jules

Depuis le 12 octobre, des grèves massives ont été engagées par les travailleurs sans papiers, appuyés par 11 organisations syndicales et associatives. Malgré ces grèves avec occupation d’une ampleur spectaculaire, puisque plus de 3200 travailleurs sans papiers occupent plus de quarante lieux en région parisienne, peu ou rien n’est dit. En effet, les médias ne relayent que très peu d’informations à ce sujet.

Libération, qui dit faire de l’info "un combat", n’a toujours pas évoqué les grèves dans ses colonnes, tout juste un petit article publié hier (mercredi 21 octobre, soit 9 jours après le début ) sur son site internet, laissant son lectorat ignorant de la situation. Après le fameux "sans papiers patrons même combat", ils évoquent les travailleurs en lutte en parlant de "clandestins" … Les « soldats de l’info » auraient –t - ils déserté le front ?

Libé n’est pas le seul média à rester muet devant ce mouvement historique. Le premier soir de la grève, lorsque 1700 salariés avaient investi en même temps leur lieu de travail, France 2 y consacra un maigre sujet d’environ vingt secondes, suivi d’un reportage de six minutes sur le retour volontaire et rémunéré d’un afghan dans son pays d’origine (France 2 en parlera plus dans son journal de 13h quelques jours après). De la même façon, Siné Hebdo est littéralement aphone sur l’événement. Les sites d’info si virulents d’habitude à l’encontre du pouvoir , comme rue 89, Mediapart ou encore Bakchich n’en parlent pas non plus. Seuls l’Huma, Le Monde et Bellaciao.org relayent régulièrement les nouvelles du front.

Les affaires Clearstream ou du petit Gregory semblent être plus intéressantes à leurs yeux. Ce conflit est pourtant déterminant puisque les grévistes demandent, en plus de leur régularisation, l’assouplissement des conditions de cette dernière, et l’égalité de traitement de tous ces dossiers, afin de mettre fin à l’hypocrisie préfectorale qui pèse de tout son pour retarder les régularisations.

Il est amusant de constater que tous les médias restant actuellement bouche bée devant l’Acte II de la grève des travailleurs sans papiers, étaient bien plus bavards à propos de l’évacuation des locaux syndicaux occupés par la Coordination sans papier 75 (CSP 75). Ces médias ont-ils n problème avec la CGT, l’organisation la plus présente dans cette grève ?

Subissent-ils des pressions de la part de gros annonceurs comme la RATP, qui a fait évacué illégalement par les CRS l’un de ses ateliers dans le 18e arrondissement de Paris, occupé alors par les grévistes d’ASTEN ? Le gouvernement demande-t-il aux chaines de télévisions de taire le mouvement social ? Besson muselle-t – il - la presse ?