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HLM : attente record, 1,3 million de ménages frappent à la porte

Publie le samedi 30 juillet 2005 par Open-Publishing

HLM : 1,3 million de ménages frappent à la porte

File d’attente record et baisse du turnover des locataires depuis 1999.

De Tonino SERAFINI

On n’a jamais compté autant de demandeurs de logements sociaux. Selon les chiffres officiels, 1,3 million de ménages sont inscrits sur les listes d’attente. La file risque encore de s’allonger puisque le turnover des locataires ne cesse de baisser dans le parc HLM. C’est une tendance lourde qui se manifeste depuis 1999. Et le retournement n’est pas pour demain, au vu des réalités du marché locatif.

« L’écart entre les loyers HLM et ceux du privé n’a cessé de se creuser. Dans certains bassins d’habitat, l’échelle va de 1 à 3. Même dans les quartiers réputés peu attractifs, on assiste à une baisse de la rotation », pointe Patrick Kamoun, conseiller à l’Union sociale de l’habitat (USH) qui fédère les organismes de HLM de l’Hexagone. Certains bailleurs sociaux, comme le Logement français qui gère un patrimoine de 72 000 logements, constatent même que la baisse de la mobilité des locataires est plus accentuée dans les zones urbaines sensibles (ZUS, 6 % de rotation) que dans le reste de leur patrimoine (8,4 %). « Cela tient probablement à l’appauvrissement des familles qui habitent dans les quartiers en difficulté. Lorsqu’elles ont un logement, elles le gardent parce qu’elles n’ont pas le choix. Compte tenu de leurs revenus, ces ménages n’ont pas de perspective de trajectoire résidentielle. Pas de possibilité d’accéder au parc locatif privé, ni à la propriété », analyse Pierre Carli, directeur général du Logement français. Dans ces quartiers souvent stigmatisés, les files d’attente s’allongent comme partout ailleurs dans le pays.

En France, le parc HLM compte 4 millions de logements. En 1998-1999, le taux de rotation était de l’ordre de 12,5 % en moyenne nationale. En conséquence, près de 500 000 logements se libéraient chaque année et pouvaient être loués aux personnes inscrites sur les listes des demandeurs. L’an dernier, le turnover est tombé à 10 %. Seulement 400 000 HLM sont donc redevenues disponibles : 100 000 de moins comparé à il y a six ans. Problème : les programmes nouveaux (76 000 logements sociaux ont été financés en 2004) ne compensent même pas la baisse de mobilité des locataires en place.

En plus des écarts entre loyers HLM et parc privé, le turnover est affecté par un phénomène plus structurel. La population HLM vieillit. « Or, plus on est âgé, moins on bouge. Au-delà d’un certain âge, on ne quitte plus le logement social pour accéder à la propriété, par exemple », commente-t-on aux HLM.

Outre les ZUS, les bassins d’habitat où la situation du logement est déjà très tendue (Paris, Côte d’Azur notamment) sont spécialement touchés. Dans la capitale (102 700 demandeurs de HLM), la rotation est tombée au taux « catastrophique » de 5,3 % en 2004, déplore Jean-Yves Mano, adjoint au maire (PS) chargé du logement. « L’essentiel de notre turnover est le fait de décès des locataires âgés et de mutations professionnelles. A part ça, la situation est extrêmement figée. Plus personne ne songe à louer dans le privé. Et, au vu des prix de l’immobilier, le nombre de locataires qui s’en vont pour acheter un logement est devenu marginal. » A Paris, la baisse touche en particulier les grands logements (3,3 % de rotation), là où précisément la demande HLM est la plus forte.

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