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Hôpital, la santé au péril de la précarité

Publie le lundi 19 novembre 2007 par Open-Publishing
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Hôpital, la santé au péril de la précarité

A faire lire en priorité à tous les partisans de la "libéralisation" des hôpitaux et l’introduction qu’elle induit de la précarisation des personnels. Un service public à qui on aurait donné les moyens, fondé sans ambages sur des impôts qu’on ne réduit pas, de sa mission (personnels formés, à statuts pérennes et convenablement payés + matériels de pointe) aurait probablement sauvé ce jeune.

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Appendicite mortelle pour cause d’emploi précaire

MEDECINE - Malo avait 12 ans lorsqu’il a été opéré d’une appendicite, le 25 septembre 2004, à la clinique du Val d’Ouest, près de Lyon. L’intervention s’est bien déroulée, mais, au réveil, un infirmier lui a injecté dix fois la dose de morphine prescrite. Il avait confondu 1% et 1 mg sur l’étiquette de l’ampoule. Une succession de mauvais réflexes a ensuite réduit les chances de sauver le garçon. Les enquêtes, judiciaires et administratives, ont précisé ces erreurs humaines et mis en lumière les dysfonctionnements de l’infirmerie de l’hôpital, l’utilisation des emplois précaires, l’étiquetage confus des flacons de morphine (lire). Pourtant, seuls l’infirmier et le médecin anesthésiste sont jugés cet après-midi par le tribunal correctionnel de Lyon, pour homicide involontaire...

Après l’opération, le 25 septembre 2004, l’anesthésiste avait prescrit pour le réveil de Malo un antidouleur : 5 mg de sulfate de morphine, en comprimé. Mais deux heures plus tard, un infirmier intérimaire (30 ans) trouve le garçon nauséeux et téléphone à l’anesthésiste. Celui-ci lui demande d’administrer le même dosage, mais en injection sous-cutanée, pour éviter que Malo ne vomisse ses cachets. Légalement, il aurait dû refaire une prescription écrite, précisant en toutes lettres le nombre d’unités à utiliser. Soit une demi-ampoule, l’hôpital utilisant des flacons de 10 mg.

Cinq ampoules.
L’intérimaire a bien eu un doute devant les flacons qui mentionnaient seulement « 1%/m l » mais n’a appelé personne. Il a conclu que 1% égalait 1 mg, a cassé sans tiquer cinq ampoules, et injecté 50 mg de morphine au lieu des 5 prescrits. Puis il a quitté l’hôpital, sa mission terminée. L’équipe médicale n’avait pas son numéro pour vérifier ce qu’il s’était passé. Trois heures après l’injection, une infirmière constate que le garçon a du mal à respirer. Elle rappelle le médecin anesthésiste, qui revient sur le champ. Jean-Yves Chiara est expérimenté, il a 50 ans, vingt d’exercice dont cinq au Val d’Ouest. Selon les infirmières, il suspecte tout de suite le surdosage de morphine –c’est d’ailleurs ce que mentionne le cahier infirmier. Mais le médecin ne réalise pas son caractère massif, ce qui minore sa réaction. Mis en examen en toute fin d’instruction, l’anesthésiste conteste, affirme qu’il a d’abord pensé à un relargage : une libération brutale de la morphine fixée dans les graisses. Les experts jugent l’hypothèse peu crédible. Malo aurait dû être intubé, ventilé rapidement, puis, dès 2 heures, transféré dans un service de réanimation.

Le Samu a été appelé à l’aube, et l’enfant n’a quitté le Val d’Ouest qu’à 8h30, plus de dix heures après les premiers symptômes. Un traitement adéquat aurait« probablement considérablement modifié le pronostic », estiment les experts. Malo est décédé le 28 septembre.

Pour Me Saint-Pierre, avocat de ses parents, « ce dossier souligne les conséquences de la précarisation des emplois à l’hôpital ». L’infirmier remplaçait une salariée en CDD. Il venait pour la première fois au Val d’Ouest, et n’avait jamais travaillé dans un service de soins aigus. La clinique ne le savait pas. Elle n’a pas adapté son accueil. Une infirmière lui a présenté le service, une auxiliaire en puériculture lui a montré l’armoire aux toxiques. « Mon client assume son erreur et il est d’une grande honnêteté, relève Me Picot, son avocate. Dans ce dossier, on a fait à l’économie. Le parquet avait les éléments pour demander le renvoi du laboratoire, et la pharmacie de l’hôpital a aussi commis de nombreuses fautes. »

Aux enquêteurs, l’infirmier intérimaire a indiqué qu’il n’avait jamais pratiqué d’injection depuis la fin de ses études. Il avait très peu d’expérience et la direction régionale des affaires sanitaires et sociales en Rhône-Alpes estimait, dans un rapport postérieur au drame, que les intérimaires devraient, avant d’exercer, avoir l’obligation de pratiquer quelques années en structures hospitalières, comme les infirmières libérales.

Deux notes
Dans la foulée, l’Igas posait le problème de l’emploi « sans restriction » d’intérimaires à l’hôpital. Diplômé en décembre 2002, Stéphen Lopez (33 ans aujourd’hui) s’était fait embaucher en intérim, dès janvier 2003, par une société, l’Appel médical, qui avait noté 14 sur 20 l’entretien d’embauche de ce garçon sortant de l’école, sans demander son dossier d’évaluation continue. L’infirmier s’est bien gardé de le fournir. Lors d’un stage en chirurgie, un an plus tôt, il avait obtenu 3 sur 20 et une lettre de mise au point. Pour s’être trompé deux fois dans le dosage d’injections à des patients.
Ol.B.

http://libelyon.blogs.liberation.fr/info/2007/11/appendicite-mor.html

Qu’en pensent les intégristes du tout marché ? Le jour où ils auront affaire à l’hosto pour eux ou un de leurs enfants, ils regretteront peut-être d’avoir laissé filer le système de santé français vers sa privatisation, avec à leur tête des grands patrons à l’oeil rivé sur la courbe de rentabilité de leur "entreprise" et tellement obsédés par le poids de la masse salariale qu’ils ne pensent plus qu’en termes d’intérim ou de contrats précaires.

Il est bon d’ailleurs de faire lire ces lignes d’un des principaux fondamentalistes du libéralisme qui sévit sur les radios et les télés, Jean-Marc Sylvestre ; lignes écrites en 2003 après qu’il avait failli mourir d’une septicémie. Mais rassurons-nous, il ne s’est agi que de quelques lignes d’égarement, la raison libérale lui est vite revenue. Jusqu’au prochain accident de santé ?

"J’ai failli mourir. .. Quand ca vous arrive à vous, on regarde la planète d’une façon différente.... Ça commence par une banale douleur à l’épaule, ça dégénère assez rapidement en attaque scepticemique et ça se termine par la découverte d’une poubelle explosive à l’entrée de l’aorte... Tout ce qui vous a passionné des années devient totalement dérisoire : la télé de Chirac, les querelles budgétaires, les crises de nerf de Bercy, la chute de la Bourse...

Jusqu’à cet été, je ne connaissais du système de santé français que l’ampleur du déficit de l’assurance maladie. Depuis je sais que ce déficit que j’ai tellement critiqué, m’a sans doute sauvé la vie... En deux mois, j’ai dû subir tous les examens possibles. Il n’y a pas un millimètre de mon corps qui n’ait été radiographié...

En toute logique je n’aurais pas dû survivre.

La chance, oui, cette bonne étoile qui veille sur chacun de nous sans doute... Ma chance la vraie, c’est d’avoir été traité, par une poignée de médecins extraordinaires de compétence... Dans un système, qui, pour être critiqué, n’en demeure pas moins des plus performants... Je sais aujourd’hui que, sans ce système de santé français et la capacité d’investigation qu’il donne aux médecins, j’étais mort.

Dans une logique purement financière, aucun contrôleur de gestion n’aurait pu accepter de telles dépenses. Le "return" était trop improbable.

Cette médecine haut de gamme est évidemment très chère. Deux mois d’hospitalisation dans trois hôpitaux différents, des traitements antibiotiques très lourds, les radios, les scanners, les IRM, il existe des formes de vacances plus économiques. Sans la Sécurité sociale, couplée à des systèmes complémentaires d’assurance financés en partie par l’employeur, je n’aurais jamais eu les moyens de payer cette chance de survie.

La querelle du déficit est sans doute importante, mais elle est dérisoire par rapport à l’enjeu. Quand on sait la valeur détruite chez Vivendi sous le règne de Jean-Marie Messier, ou celle qui s’est évaporée à France Telecom. Quand on sait les salaires que demandent les stars du football, on se dit que les hôpitaux pourraient dépenser un peu plus d’argent sans qu’on les traite d’inciviques...

Le système de santé français est formidable : il faudrait être sûr que tout le monde puisse en bénéficier..."

http://www.democratie-socialisme.org/breve.php3?id_breve=53

Transmis par Antoine Rabadan

Messages

  • Effectivement notre systhème de santé est en danger, ce gouvernement veut privatiser, la médecine à plusieurs vitesses voilà ce qui nous attends !
    Hier c’était les dépassements d’honoraires, demain la première question des praticiens sera de savoir si votre couverture est bonne.
    J’ai entendu ce matin sur RMC, un ponte l’hopital public qui estime que qu’il y a trop d’hopitaux en France, cela veut dire et c’est déjà le cas, ils doivent laisser la place aux cliniques privées !
    Les hopitaux doivent s’occuper des bobos qui ne rapportent pas !
    Ce qui me choque chez cet homme, c’est qu’il soit chirurgien en hopital publique (fonctionnaire)
    Qu’en sa qualité de professeur, il détiennent des lits dans cet hopîtal et pratique avec le personnel et l’infrastructure à titre privé !
    Cerise sur le gateau, notre donneur de leçons est également DEPUTE !
    Mais à propos qu’en est il de son régime de retraite ?