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Hôpitaux : vent de révolte dans les urgences

Publie le mardi 5 avril 2005 par Open-Publishing

Les urgentistes en colère ont entamé, lundi, un mouvement de "grève illimitée" de grande ampleur dans les hôpitaux publics pour protester contre la saturation des services d’urgences, les fermetures de lits, et exiger des moyens supplémentaires pour effectuer leur travail et accueillir les patients dans de bonnes conditions, notamment les personnes âgées.

En début de soirée, le ministère de la Santé estimait que la mobilisation était, en moyenne nationale, de 56% dans les Centres hospitaliers universitaires (CHU), et de 76,5% dans les hôpitaux généraux, un taux variant "selon les établissements et les régions".

Selon un communiqué du ministère, les travaux visant à l’amélioration rapide et durable des urgences et de la permanence des soins se poursuivaient "activement entre le ministère, les urgentistes et tous les acteurs concernés".

L’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), à l’origine de cette mobilisation et qui évoquait pour sa part 80% de grévistes en moyenne nationale, a cependant décidé de reconduire le mouvement mardi.

"La question maintenant n’est plus de savoir si on poursuit la grève dans les prochains jours, mais quand on va s’arrêter et pour ça, la balle est dans le camp du gouvernement" a déclaré lundi à l’Associated Press le Dr Frédérique Pain, secrétaire général de l’AMUF.

Le fonctionnement des services n’est toutefois pas perturbé par le mouvement puisqu’une partie des grévistes fait l’objet de réquisitions pour assurer la continuité des soins, et d’autres assurent leur travail la blouse blanche ornée d’un autocollant "En grève".

"C’est un mouvement massif, formidable. On n’espérait plus une telle participation qui montre combien les urgentistes sont attachés à la qualité des soins et au service public", a expliqué de son côté le Dr Patrick Pelloux, président de l’AMUF.

Il a rappelé son exigence "de moyens pour les urgences, pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions et accueillir les patients correctement. Le système ne peut pas continuer à exploser comme ça".

L’un des points essentiels pour Patrick Pelloux est la question "du niveau de prise en charge des personnes âgées, nombreuses dans les services. Quelle est la place accordée aux personnes âgées dans la société ? Quel niveau de prise en chagre on est prêt à leur accorder ? Ce sont des questions essentielles auxquelles le gouvernement doit répondre".

"Plus de 50% des patients que nous accueillons ont plus de 75 ans", a souligné pour sa part le Dr Hakim Cherifi, du service des urgences du CHU Saint-André à Bordeaux, mobilisé à 100%. "Le service déborde à cause du manque de lits de médecine générale. Il nous manque dix lits par jour. Ce n’est pas énorme mais ça changerait la vie" a-t-il déclaré à l’AP.

Selon lui, "on n’a pas su anticiper le vieillissement de la population. Ça va s’aggraver dans les années qui viennent et on n’en tient pas compte".
L’AMUF espère maintenant élargir le mouvement à d’autres catégories de personnels de santé, pour tenir des "états-généraux de l’organisation des soins", selon le Dr Pelloux qui table sur une première réunion, notamment avec des internes de médecine générale, jeudi soir à Paris.

Autre initiative, l’AMUF souhaite rencontrer les groupes parlementaires à l’Assemblée nationale pour les interpeller et leur demander de faire pression sur le gouvernement. PARIS (AP)