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ITALIE - Berlusconi et Fini, un divorce annoncé

Publie le samedi 31 juillet 2010 par Open-Publishing

de Dominique Dunglas

Le mariage n’est plus. Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini, cofondateurs du PDL, le parti au pouvoir, viennent de rompre. L’alliance entre les deux hommes forts de la droite italienne ne fut jamais un mariage d’amour. Du point de vue du caractère, tout sépare les deux hommes. Fini est froid et calculateur, Berlusconi charismatique et instinctif. Le premier fut nostalgique du Duce, le second socialiste.

Leur chemin politique commun débute pourtant en 1993 lorsque le Cavaliere appuie Fini dans la course à la mairie de Rome. Première ambiguïté. Selon Berlusconi, cet épisode dédouane Fini de son passé néofasciste. Fini pense de son côté qu’il ne doit rien au Cavaliere et que c’est le temps qui l’a replacé dans le jeu politique transalpin. Mais leurs intérêts convergent et ils arrivent au pouvoir ensemble en mars 1994. Le gouvernement ne dure que 7 mois. À partir de ce moment-là, leur aventure politique est émaillée d’incidents. En 1996, Fini s’oppose à la formation d’un gouvernement d’unité nationale souhaité par Berlusconi afin d’empêcher l’arrivée au pouvoir de la gauche. En 1999, Fini présente aux élections européennes une liste concurrente de Forza Italia, la formation de Berlusconi. L’alliance se recompose néanmoins et la droite emporte les élections en 2001.

De très brèves embellies

Mais, en 2003, la distance entre les deux hommes devient publique lorsque Gianfranco Fini affiche ouvertement son mépris pour Berlusconi, qui avait traité au Parlement européen un député allemand de "kapo". L’année suivante, un bras de fer entre les deux leaders conduit au limogeage du ministre de l’Économie, Giulio Tremonti, proche collaborateur de Berlusconi. En 2007, alors que la gauche est au pouvoir, le dauphin tente de renverser l’aîné. En vain, car ce dernier crée du jour au lendemain le Peuple de la Liberté (PDL), un parti sensé rassembler toute la droite.

"Nous touchons le fond", déclare Fini à l’annonce de la naissance du PDL. Mais il est contraint d’y adhérer sous peine de disparaître de la scène politique. Paradoxe de celle alliance contre-nature : alors que jamais les deux hommes n’ont semblé aussi inconciliables, ils se retrouvent cofondateurs du PDL et retournent ensemble aux affaires en mai 2008. Berlusconi redevient président du Conseil et Fini s’empare du perchoir de l’Assemblée nationale. L’embellie ne dure pas. Car les deux chefs de la droite italienne s’opposent sur tout : la lutte contre l’immigration clandestine, le rôle de la Ligue du Nord dans la majorité, la liberté de la presse, la réforme de la justice...

Fini reproche à Berlusconi de se conduire en "monarque absolu", la presse berlusconienne attaque le président de l’Assemblée sur sa vie privée. Mais c’est sur la question de la légalité que la crise dégénère. Une série de ministres ou de responsables du PDL de stricte obédience berlusconienne est impliquée dans des scandales financiers et des affaires de mafia. Le président de l’Assemblée exige leur démission. Berlusconi, lui-même dans le collimateur de plusieurs parquets, refuse. Pour le reste, il s’agit d’un crescendo d’accusations et de menaces croisées. Jusqu’au divorce final.

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