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Irak : le bourbier irakien

Publie le jeudi 30 juin 2005 par Open-Publishing

de Pascal Boniface Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), auteur de " Vers la 4ème guerre mondiale ? " paru chez Armand Colin

Malgré le ton confiant de son discours, il est peu probable que George W. Bush ait réussi à convaincre ses compatriotes de la justesse de sa position sur l’Irak. Les sondages deviennent extrêmement mauvais pour le Président des Etats-Unis, puisque 56% des Américains estiment aujourd’hui que la guerre a été une erreur, alors qu’ils étaient les deux tiers à le soutenir sur ce sujet en 2003.

Le représentant républicain de Caroline, Walter Jones, est représentatif de ce changement. Lui qui avait interdit au Congrès l’expression French Fries pour la remplacer par Freedom Fries, demande désormais un retrait, au moins partiel, des soldats américains d’Irak.

Avec trois bases militaires dans sa circonscription, il est en effet bien placé pour sentir la montée du mécontentement des soldats qui ne comprennent plus le sens de leur présence en Irak. Et, tout élu républicain qu’il soit, il tient à l’être à nouveau en novembre 2006.

Jusqu’où pourra tenir le Président Bush ? Y a-t-il un nombre de morts au-delà duquel il ne pourra plus soutenir le principe d’une présence militaire américaine en Irak ? On compte en effet aujourd’hui 1700 morts. Or, 92 % d’entre eux ont été tués après la fin officielle des combats, symbolisée par l’arrivée triomphante de George W. Bush sur un porte-avion, le 1er mai 2003, avec derrière lui la pancarte "Mission accomplie".

L’armée commence à avoir des difficultés de recrutement du fait du nombre dissuasif de morts. Le public américain ne voit plus où cela mène. Mais ce qui compte plus encore que le décompte des tués et des blessés, c’est la certitude que l’on est en train de mener une guerre qui ne peut pas être gagnée. En négociant à la fois avec les insurgés, tout en avouant qu’il faudrait encore presque douze ans pour terminer la mission destinée à préparer les forces irakiennes à prendre la relève, il n’est pas certain que Donald Rumsfeld ait facilité la tâche de l’Administration Bush.

L’opinion a basculé lors de la guerre du Vietnam, après l’offensive du Têt en 1968, lorsqu’il est apparu évident que les Vietnamiens ne renonceraient, pas et que la guerre ne pourrait jamais être gagnée. En Irak, c’est dans un autre bourbier, quoi qu’il en dise, que George W. Bush a plongé son pays.

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