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Israél rouvre le dossier iranien

Publie le dimanche 3 juillet 2005 par Open-Publishing

Irritation de l’Etat hébreu, puissance atomique régionale, suite à l’élection de Ahmadinejad

de MICHELE GIORGIO JERUSALEM traduit de l’italien par karl&rosa

Mahmud Ahmadinejad sourit de son élection mais ses premiers pas, ou, mieux , ses premières déclarations sur la scène internationale - "nous n’avons pas besoin d’avoir des rapports avec eux", a-t-il dit en se référant aux Usa et à Israël - pourraient avoir déjà mis en mouvement quelque chose. La question du nucléaire iranien, déjà centrale l’année dernière, passe maintenant au tout premier plan.

La conquête du fauteuil de chef de l’Etat par un ultraconservateur, qui suscite des interrogations un peu partout, fera peut-être tomber les derniers "scrupules" de ceux qui soutiennent depuis longtemps la "nécessité" d’une attaque contre les sites atomiques iraniens. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, a réagi dimanche avec irritation à la victoire (et aux paroles) de Ahmadinejad et a accusé les pays (européens d’abord) qui ne boycottent pas Téhéran.

C’est pourquoi l’isolement total pourrait être le premier pas en direction de l’attaque aérienne : des Usa ? d’Israël ? Ou d’une coalition internationale ? Le leader travailliste Shimon Peres, qui s’y connaît en nucléaire, vu qu’il est, de facto, le père de la bombe atomique israélienne dont tout le monde, de Washington à Bruxelles, connaît l’existence mais ne dit rien, a été plus explicite que Shalom.

"Notre conclusion - a-t-il dit - est que la combinaison dangereuse entre extrémistes, arsenaux non conventionnels et isolement de l’Occident continuera et qu’elle va générer nombre de problèmes pour le monde libre. La victoire de Ahmadinejad fera aggraver les problèmes que Téhéran représente pour le reste de la communauté internationale et en augmentera l’isolement diplomatique". Des paroles qui ne laissent prévoir rien de bon pour la région. D’ailleurs, l’aviation militaire israélienne est en train de s’entraîner pour des missions d’attaque à longue distance.

"Israël a compris depuis longtemps que le cercle des menaces contre l’Etat est devenu de plus en plus large et c’est pourquoi des mesures pour augmenter notre rayon d’action ont été adoptées. Cela revient à dire que nous nous entraînons pour des missions à moyenne et longue distance", déclara en mars dernier à la deuxième chaîne de la télé israélienne un pilote, identifié seulement comme le lieutenant-colonel D. La télé diffusa ensuite des images de la centrale nucléaire iranienne de Bushehr.

Le chef des services d’informations militaires, le général Aharon Zeevi, avait affirmé publiquement au début de 2005 que Téhéran - en possession de missiles terre terre avec une portée de 1.500 Km - pourrait fabriquer sa première bombe atomique à l’horizon de 2008. "Si on ne fait rien, l’Iran pourra, d’ici six mois, produire de l’uranium enrichi, ce qui devrait lui permettre de produire à l’horizon de 2008 sa première bombe atomique" dit le général. La possibilité d’une attaque aérienne s’est faite plus concrète même si elle n’est pas imminente. Israël avait envoyé en 1981 ses chasseurs bombardiers pour détruire la centrale atomique irakienne d’Osirak (Tammuz), dans les environs de Bagdad.

Depuis, l’aviation - fleuron des forces armées israéliennes - a fait de nouveaux pas en avant grâce à l’arrivée (février 2004) à la base de Ramon de 102 F-161, c’est-à-dire de la dernière génération de chasseurs bombardiers américains, capables de frapper très loin. Et on ne peut pas ne pas tenir compte du fait que le nouveau chef d’état major, Dan Halutz, est l’ex commandant de l’aviation militaire. D’ailleurs, déjà en décembre dernier, c’était Efraim Kam, le vice-directeur du Centre d’études stratégiques de Jaffa, qui avait décrit indirectement l’inévitabilité d’une opération militaire contre l’Iran.

"Un Iran armé de bombes atomiques se comportera non seulement d’une façon plus agressive contre Israël - écrivit-il dans un long article pour le Forum israélo-palestinien Bitterlemons.com - mais va accroître son statut dans toute la région jusqu’à influencer la politique de pays plus modérés. Des Etats comme l’Egypte, la Syrie et l’Arabie Saoudite chercheront à se doter eux aussi d’armes nucléaires et entameront une course au réarmement dans tout le Moyen Orient". L’isolement et l’attaque éventuelle contre Téhéran, laissait entendre Kam, pourraient rencontrer aussi le consensus d’une partie du monde arabe.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/28-Giugno-2005/art26.html