Accueil > J’aime la France et je suis fier d’être nègre, africain et immigré

J’aime la France et je suis fier d’être nègre, africain et immigré

Publie le jeudi 18 mai 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

MONSIEUR le Premier ministre,

Je suis heureux d’exprimer, à l’occasion de notre seconde visite dans notre île depuis la crise du chikungunya, ma joie de vivre ici, à La Réunion, dans un département d’Outre-mer, où je respire l’amour des Français, (créoles, cafres ou noirs) ! (...)

Puisse mon statut de Noir, d’Africain et d’immigré, ainsi s’évanouir pour céder la place à celui de citoyen du monde et déclarer haut et fort à l’attention du ministre de l’Intérieur que : J’aime la France, et que je suis aussi fier d’être nègre, africain et immigré. (...)

Monsieur le Premier ministre, votre seconde visite à La Réunion arrive quelques jours à peine après les célébrations du 10 mai que la Nation vient de vivre, aux couleurs de la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre humanité : au nom de ceux qui plaident la réconciliation, la vérité et le dialogue, et sans exclusive, je vous prie de bien vouloir transmettre à Monsieur le président de la République, nos remerciements, pour l’hommage rendu aux victimes de cette œuvre effroyable « qui a épuisé l’Afrique », comme il l’a dit dans son discours, le 10 mai 2006 au Palais de Luxembourg à Paris !

Par contre, Monsieur le Premier ministre, ne peut-on pas dire, justement, que le projet de loi sur « l’immigration choisie » que propose votre gouvernement n’est pas en cohérence avec l’esprit de cette commémoration, ni en rapport aux déclarations du chef de l’État le 10 mai dernier ? (...)

Monsieur le Premier ministre, il me semble que ce projet de loi met la France en contradiction avec ses principes, ses valeurs et viole, de manière frappante, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Est-ce bien honorable Monsieur le Premier ministre ?

Ceci m’amène, pour conclure, à vous demander, Monsieur le Premier ministre, ce que vous faites du souci de dignité humaine inscrit dans la dite déclaration que la France brandie au Monde entier depuis des siècles (1789-2006).(...)

Monsieur le Premier ministre, comment votre gouvernement peut-il être amené à fermer les portes aux immigrés africains au moment où la France aimerait écrire une nouvelle page importante de son histoire dans le mouvement amorcé à l’occasion des célébrations du 10 mai 2006... ?

Que faites-vous, Monsieur le Premier ministre, de votre sensibilité de ce qui est juste et humain ?

Permettez-moi, par conséquent, d’insister sur cette question Monsieur le Premier ministre. (...)

Enfin, je vous prie, Monsieur le Premier ministre, de ne pas oublier de rappeler au N°2 de votre gouvernement, "noble homme de France", que nombreux sont des Africains qui aiment la France et qui, malheureusement, sont menacés par le projet de loi sur « l’immigration choisie » !

Voulez-vous croire, Monsieur le Premier ministre, à ma plus haute considération ?

Samuel Mouen
(Noir, Africain et immigré)

J’aime la France et je suis fier d’être nègre, africain et immigré
Article paru dans Témoignages le jeudi 18 mai 2006

Messages