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Joelle Aubron et Nathalie Ménigon plus dangereuses que Papon ?

Publie le mercredi 5 mai 2004 par Open-Publishing
3 commentaires

En quels temps vivons-nous ?
La justice a cédé le pas à la vengeance.

Qu’en est-il du respect des lois de la République ?
Il paraît qu’il y a une loi Kouchner pour libérer les prisonniers gravement malades. Qui pourrait affirmer cela ? Seul Maurice Papon, peut-être, qui a pu quitter la prison de la Santé, après trois ans d’emprisonnement, en faisant un bras d’honneur aux 1 680 Juifs de Bordeaux qu’il a contribué à expédier dans les camps d’extermination.

Maurice Papon, malgré ses 93 ans, n’est pas vraiment malade et jouit d’une liberté pleine et entière.

Joëlle Aubron n’a qu’un cancer au cerveau. Peu de choses, en somme. Nathalie Ménigon est également en grave danger mais les verrous de leurs prisons ne semblent pas près de s’ouvrir. Peut-être a-t-on perdu les clés...

En quels temps vivons-nous ?

On a libéré Maurice Papon, au nom d’un humanisme charitable, mais Joëlle Aubron est parfois menottée sur son lit, dans un hôpital sous haute surveillance.

Des policiers rôdent dans les rues, autour de la douillette résidence de Maurice Papon, mais c’est pour le protéger de possibles intrus qui viendraient lui rappeler les morts de Bordeaux, mais aussi ceux du Pont Saint-Michel et de Charonne. D’autres policiers montent la garde devant la chambre de Joëlle Aubron mais leur mission est nettement moins conviviale.

On a récemment libéré Loïc Le Floch Prigent. Celui-là s’est largement goinfré sur les deniers de l’Etat et donc des contribuables. Le Floch est malade, mais sa vie n’est pas en danger. Il se trouve seulement que cet escroc était un grand commis de l’Etat. Tout comme l’avait été Maurice Papon.

En quels temps vivons-nous ?

On nous explique que libérer Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon - après dix-sept ans de prison - pourrait provoquer un trouble à l’ordre public. Billevesées : toutes deux ne quitteraient la prison que pour un lit d’hôpital. Le véritable trouble à l’ordre public a été créé par la libération de Maurice Papon à qui, semble-t-il, l’Etat chiraquien a finalement pardonné. En fait, le trouble à l’ordre public est provoqué par cet Etat, de plus en plus policier, qui espère régler ses difficultés en maintenant en prison les grands malades qu’il ne faut libérer sous aucun prétexte.

En quels temps vivons-nous ?

Quelle est la logique de cet acharnement judiciaire et policier ? Il est clair que, pour ce pouvoir, il ne faut pas que les quatre d’Action Directe puissent un jour retrouver la liberté. Quel que soit leur état de santé !

La sollicitude ne profite qu’aux assassins d’Etat et aux escrocs en col blanc qui ne représentent aucun danger pour les institutions, dont ils sont l’émanation.

Dans notre démarche, il n’est pas question d’idéologie mais de simple solidarité. En revanche, pour ceux qui détiennent les clés des prisons, leur survie morale est peut-être au prix de l’enfermement de quatre militants perdus, rendus malades par le système carcéral.

Qui pourrait hésiter à exiger une remise en liberté qui ne serait qu’une simple mesure humanitaire ? Encore une fois, il ne s’agit pas de charité. Les deux prisonnières de Bapaume ne demandent pas l’aumône mais la solidarité. Nous la leur devons !

Nous sommes là pour dénoncer une attitude de vengeance à perpétuité.
Nous sommes là pour exiger la libération de tous les prisonniers malades, y compris ceux d’Action Directe.

Nous sommes réunis pour rejeter cette justice haineuse qui sélectionne ses bons et mauvais sujets. Il faut bien constater que ces choix ne sont jamais innocents.

Dénoncer cette situation doit faire de nous des coupables potentiels...

Maurice RAJFUS
Observatoire des Libertés Publiques

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Messages

  • "Nous sommes là pour dénoncer une attitude de vengeance à perpétuité."
    Je suis entièrement d’accord avec vous.
    Il était normal que les membres d’AD paient leurs crimes ; il ne sert plus à rien aujourd’hui de les garder en prison pour la forme, me semble-t-il.

    Les 2 autres personnages évoqués font partie de la France d’en-haut : leur prison , c’est certainement un appartement de luxe, les plats qui leur sont servis en prison n’ont sûrement rien à voir avec le rata des engagés volontaires...Peut-être disposent-ils même d’un bureau d’où ils peuvent donner des ordres. Qui s’en étonnerait ?
    De telles "prisons" coûtent cher au contribuable.

    Je trouve déplacé qu’un Papon soit "gardé" aussi précieusement qu’un Ministre !

  • Cher Maurice,

    Baisser les yeux et dire -
    nous regrettons -
    voilà la clef.

    C’est ce que l’Etat attend des militants d’Action Directe.

    Baisser les yeux et dire
     nous nous sommes trompés
    notre lutte était dérisoire-

    Se trahir, suprême humiliation
    pour accéder, clopin-clopant, au bleu du ciel.

    Mais voilà, il y a des âmes en ce monde
    qui ont des convictions et ne baissent pas les yeux.

    Elles sont enfermées et paient chèrement le poids d’un monde équitable.
    Elles s’éteindront dans les cercueils du quotidien carcéral
    parce que l’Etat qui singe Dieu
    n’aime ni la musicalité rayonnante du désordre
    ni les borborygmes du grain de sable.

    17 ans et plus derrière les barreaux
    dans le silence mortifère du vide.
    C’est sur le flanc et la tête dans la bourbe
    que l’Etat aime sa progéniture.

    Baisser les yeux,
    c’est aussi découvrir les excréments du macadam.
    Alors garder les yeux ouverts
    à hauteur d’homme
    et se dire
    Soyons solidaires
    c’est le peu d’humanité à dévoiler
    pour une nécessité.

    Bien à toi,

    Franca Maï

  • En quels temps vivons-nous... Voilà la question à poser.

    La fracture entre la France d’en bas et celle d’en haut. AD le dénonçait déjà il y a 30 ans...
    Toujours leurs actions se sont voulues politiques. Jamais ils n’ont accepté d’être considéré comme des prisonniers de droit commun.

    Regis Schleisser, en bon militant, a appliqué le devoir qui est celui d’un officier en cas de guerre : tenter de s’évader. Où se trouve-t-il, actuellement ? Dans quelles conditions est-il emprisonné ? Les médias ne nous donnent plus de nouvelles.

    AD a payé un lourd tribut à ses convictions : un Cipriano devenu fou à la suite de ses conditions de détention, une Nathalie Ménigon qui en est à je ne sais plus combien de demandes de mise en liberté pour questions de santé, une Joëlle Aubron, maintenant, qui souffre d’une tumeur au cerveau et demande aussi sa mise en liberté.

    Mais les maux dont ils souffrent ne sont rien par rapport au grand âge de Maurice Papon et à la maladie de paux certainement plus invalidante de LoÏc Lefloch Préjean...
    Ils pourront continuer leurs exactions et gruger des millions de gens, accomplir leurs escroqueries à grande échelle sans être inquiétés outre mesure...
    Nathalie Ménigon a quand même été condamnée pour l’exécution de Georges Besse, autre sbire de l’Etat qui ne pouvait nuire qu’à la France d’en bas...

    Moi aussi, je réclame leur mise en liberté immédiate et sans condition pour qu’elles puissent l’une et l’autre se soigner. Je réclame la liberté pour Régis Scheisser et Jean-Marc Rouillan qui sont en prison depuis environ 19 ans alors que leur peine à perpétuité était assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, me semble-t-il... Corrigez-moi si je me trompe...

    Peut-être auraient-ils mieux fait de se faire condamner pour viol ou pédophilie ? Car, aujourd’hui, on place l’argent bien au-dessus de la vie humaine...

    Je transmets mon soutien à tous ces militants qui sont toujours restés intègres et fidèles à eux-mêmes. Ainsi qu’à tous les réfugiés italiens qu’on reconduit maintenant à la frontière, alors que Mitterand leur avait accordé l’asile... France, terre d’asile ? A méditer...

    Cordialement

    Katy