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L’Europe, encore plus de libéralisme...

Publie le jeudi 17 mai 2007 par Open-Publishing

L’Europe, encore plus de libéralisme...

Par Michel MENGNEAU

Si l’on ne peut pas dire que l’Europe ait été totalement occultée lors de la campagne des présidentielles, il n’en demeure pas moins que beaucoup de directives et orientations européennes intéressant notre avenir furent survolées, voire volontairement oubliées par les deux finalistes de la course à l’Elysée.

En attendant le prochain sommet européen le 21 et 22 juin, où les chefs de gouvernement des divers pays attendent le nouveau président Français et son accord sur le mini-traité, la commission continue néanmoins de sévir.

A travers les différentes lois et accords en gestations, deux propositions méritent notre attention tant l’avancée ultra-libérale y est manifeste.

Personne n’a oublié la Directive Bolkestein ayant suscité un tollé général et qui eut pour conséquence indirecte le « Non » Français et Néerlandais. Pourtant, son champ d’application est effectif avec toutefois quelques exclusions, parmi lesquelles figuraient « les services de santé ». Comme les libéraux conduits par Toine Manders ne pouvaient se contenter de se genre d’échec, sous prétexte de favoriser la concurrence dans ce secteur, ils tentent à nouveau d’ouvrir le marché des soins dans toute l’Europe.

A la limite, qu’un simple quidam puisse aller se faire soigner dans un pays autre que le sien pour des raisons personnelles, familiales ou lors d’un déplacement, n’est pas forcement une mauvaise idée. Mais où le bas blesse, c’est que les prises en charge, le remboursement des soins médicaux ne sont pas régis par un système commun. Le principe Français, la sécurité sociale, qui est reconnue à travers le monde comme le plus simple et le plus équitable ne pourra pas rembourser les prestations demandées à un patient Polonais venus pour des raisons de confort se faire opérer dans un gand CHU de notre pays. Donc, le patient va se tourner vers une clinique privée qui lui demandera qu’elle sont ses moyens financiers, et aussi s’il est couvert par une assurance quelconque et de préférence privée. Déjà l’on pressant la médecine à deux vitesses, celle des riches et celle des pauvres. Et surtout la généralisation et la prise en main de nos systèmes de santé par le biais des assurances libérales. Dont on connaît les lacunes, et surtout les injustices qu’elles créent pour les simples citoyens des Etats-Unis et, plus proche de nous, de l’Angleterre.

Comme cette hypothèse ultra-libérale faisait partie des desiderata de la présidence Merkel, le vote aura donc lieu le 24 mai à Strasbourg avant la fin de son mandat. Apparemment, les Verts et les Socialistes européens voteraient contre, ce qui est en soi une bonne nouvelle ! Mais, pour la France, vu l’attitude ambiguë de Madame Royal et de son entourage, des doutes font fermenter du scepticisme dans les esprits...

Dans la même lignée, les acquits sociaux, ils s’agit de la remise en cause des moyens que nous utilisons pour pérenniser nos de retraites. La France est dotée du système par répartition qui malgré le vieillissement de sa population ne fonctionne pas si mal que l’on veut nous faire croire. Pourtant le Conseil EcoFin du 8 mai (Conseil aux affaires Economiques et Financières) préconise d’inviter les ménages à cotiser pour des retraites volontaires. Et recommande à la commission de favoriser l’ouverture d’un « marché unique des produits de retraite (sic) ». A l’évidence, on va vers la généralisation des fonds de pension. Une nouvelle fois cette orientation corrobore les prérogatives annoncées par Angela Merkel au début de sa présidence.

Avec cette ouverture très appuyée en direction d’un Europe très libérale, on comprend mieux les rapports privilégiés qui ne manqueront pas de s’instaurer entre la Chancelière Allemande et le nouveau Président Français - dont j’oublie toujours le patronyme, en vieillissant ma mémoire se ramollie.

Mais aussi, cela va dans le sens des propositions de Madame Royal puisqu’elle avait annoncé en catimini dans le « Journal des Finances » du 24 mars que le financement des retraites basculerait inéluctablement vers les milieux financiers ; elle ne peut être plus clair sur son penchant vers l’ultra-libéralisme.

Et sans doute pas plus gêner que cela par la victoire de son adversaire libéral, elle a dansé le sourire épanoui pour fêter sa mémorable « déculottée » du 6 mai. Les Sans-Culotte de 1789 dansaient et chantaient sur les airs de la Carmagnole et de Ca-ira, mais eux, ils avaient gagné !!!

L’Europe reste donc une priorité, même pour les législatives. Car un parlement d’opposition avec une vraie Gauche pourrait faire barrage à l’application de ces directives et lois iniques venues d’une Europe qui n’est pas celle de nos aspirations.