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LA REUNION DEPARTEMENT FRANCAIS ?

Publie le samedi 4 février 2006 par Open-Publishing

RETOUR DES PARLEMENTAIRES RÉUNIONNAISES

Chikungunya : "La bataille ne fait que commencer, nous sommes devant l’inconnu total"
Publié dans l’édition du samedi 4 février 2006 (Page 3)

À leur retour de Paris, hier matin, la sénatrice Gélita Hoarau et la députée Huguette Bello ont donné une conférence de presse en présence d’Éric Fruteau, qui s’est exprimé au nom du PCR. Face à la situation de crise que connaît maintenant La Réunion, ni l’Assemblée nationale, ni le Sénat ne restent insensibles. Les 2 institutions envisagent de mener une mission parlementaire.

SANTÉ PUBLIQUE

SI la progression du chikungunya alarme désormais tout le monde, c’est parce que comme le note Éric Fruteau, "une vingtaine de certificats de décès mentionnent le chikungunya parmi les maladies ayant provoqué ou contribué au décès". Le conseiller général de Saint-André met un point d’honneur à rappeler que "depuis longtemps, le Parti communiste réunionnais a tiré la sonnette d’alarme", sans être écouté. Pour lui, le plan de bataille qui s’est activé depuis quelques jours est "une première réaction", mais "la bataille n’est pas finie".
Pour lui, "il est temps de tirer les conséquence de l’épidémie sur le plan humain : quelles séquelles chez les malades et pour les plus fragilisés, personnes âgées, handicapées, chez les femmes et les femmes enceintes ?". Temps aussi de tirer les conséquences sur "le plan économique, touristique et sur la pénurie des services de santé".

À quand le biologique ?

Hier, Éric Fruteau insistait une énième fois sur l’importance de mener une lutte biologique "même si la lutte biologique a un coût important... Peut-on se permettre de jouer avec la santé ?". D’autant plus que le Téméphos, actuellement utilisé, est un produit qui sera interdit dès septembre 2006 dans toute la zone européenne. Il réclame pour le Réunionnais "le même traitement que n’importe quel Français de métropole" et questionne sur la disparition du service de prophylaxie, seul apte à nous mettre "à l’abri d’autres maladies propres à notre hémisphère". Éric Fruteau souligne une "double responsabilité : celle d’éradiquer la maladie ponctuellement, mais aussi celle de se prémunir, de prévenir l’invasion de n’importe quelle autre maladie".

Mission sénatoriale en mars

Si comme nous l’annoncions hier, une mission sénatoriale d’information va bien venir à La Réunion, cette réponse reste tardive. Dès le moi d’octobre, la sénatrice Gélita Hoarau avait alerté au sein de la commission des Affaires sociales le ministre de l’Outre-mer, François Baroin. À nouveau, lors du débat public sur la grippe aviaire, elle avait ensuite alerté le ministre de la Santé et des solidarités Xavier Bertrand qui, en débloquant peu de crédit, a eu "une réaction très insuffisante" à l’époque. Très insuffisante, car déjà, Gélita Hoarau demandait que l’épidémie soit déclarée "cause nationale, car La Réunion seule ne peut pas faire face à cette épidémie". C’est alors que la sénatrice a adressé une lettre au président du Sénat, demandant la mise en place d’une commission d’enquête sénatoriale.
Ce mercredi 1er février, elle a été reçue par le président du Sénat Christian Poncelet et par le président de la commission des Affaires sociales Nicolas About auquel son courrier avait été transmis. Elle nous confiait hier à l’aéroport que tous deux sont très attentifs à la situation réunionnaise. Le président Nicolas About a proposé à Anne-Marie Payet et à Gélita Hoarau de présenter le 23 février, en commission, une communication sur ce fléau et de dresser un bilan des mesures d’urgences engagées dans l’île par le gouvernement.
Cette communication sera suivie, courant mars, par la venue en mission d’information du président de la commission, en compagnie des 2 sénatrices réunionnaises. Gélita Hoarau explique qu’ils "viendront sur le terrain, à la rencontre des praticiens, des hospitaliers, des collectivités, de la cellule de crise et des patients", que le but est "d’évaluer la gestion de la crise et la mise en œuvre des mesures pour voir si la mission menée par le ministre de la Santé a pris toutes les mesures qu’il fallait" et "remonter les manques qu’il faudrait combler, ainsi que l’état de la gestion de la crise". La sénatrice précisait ainsi que "le rôle du Sénat n’est pas seulement de légiférer, mais aussi de vérifier, de contrôler et d’aider le gouvernement dans la prise de décision". La réaction sénatoriale lui donne le sentiment d’être "enfin écoutée, enfin entendue".

Surveiller les mesures et les compléter

Une dizaine de jours avant la venue du ministre Xavier Bertrand, lors des questions au gouvernement, c’est Gélita Hoarau qui lui avait conseillé, ainsi qu’au Premier ministre, de venir sur place, voir de leurs yeux notre situation : "il a vu par lui-même et il a débloqué des mesures", commente la sénatrice qui ajoute que plusieurs informations sont parvenues au Sénat, jeudi, sur la pénurie des aides-soignantes dans l’île et qu’une réflexion s’organise tant pour "faire venir ici des aides-soignantes, mais aussi former les infirmiers ici qui sont au chômage et les employer". Un point sera fait en mars sur ce sujet précis.
Une question qui animera sa communication comme la mission sénatoriale sera aussi de savoir “comment enrayer la maladie et comment préparer l’avenir ?”. Gélita Hoarau se demande aussi "qui va coordonner les 1.000 Contrats d’avenir du Conseil général, 900 “emplois verts” du Conseil régional, 2.000 militaires d’ici fin février annoncé par le préfet ?". Pour une action efficace, il faut aussi "prendre les moyens de protéger l’avenir" et c’est une double question qu’elle a posée au Sénat. Elle veut "qu’on nous donne les moyens de nous protéger biologiquement" et fait une nouvelle fois référence aux méthodes péruviennes de lutte biologique contre les moustiques où la noix de coco sert d’incubateur au BTI, et où chacun, avec du coton, de la cire, peut se prémunir et agir. Faisant référence au épidémie du passé, de grippe espagnole, de paludisme, de dengue, elle rappelle à ceux qui pourraient ne pas y penser que nous sommes dans un autre hémisphère, et que la lutte sanitaire pourrait permettre de créer de nombreux emplois. Xavier Bertrand, soucieux d’une bonne santé publique, ne la désapprouve pas.

Faire venir des chercheurs

Enfin, pour lever les incertitudes médicales comme celles soulevées par le spécialiste Claude Gindrey sur les séquelles neurologiques, les dangers en fin de grossesse et au 1er trimestre de la grossesse, à la formation du fœtus... Elle a insisté auprès de Nicolas About "pour que soit mise en place une équipe de chercheurs qui puisse également assurer le suivi de la maladie et de son évolution". Elle concluait ainsi : "la bataille ne fait que commencer, nous sommes devant l’inconnu total" en sollicitant le secours des médias dans leur rôle d’information et en questionnant le rôle identique d’éducation sanitaire que l’Éducation nationale devrait être amenée à jouer.
Huguette Bello a rencontré jeudi le président de l’Assemblée nationale à qui elle a remis les pétitions réunionnaises. Elle a également informé la presse que Jean-Louis Debré a décidé d’inscrire à l’ordre du jour de la prochaine Conférence des présidents, fixée au mardi 7 février, la proposition de résolution qu’elle a déposée le 17 janvier sur l’épidémie de chikungunya et qui a été co-signée par les députés Christophe Payet et René-Paul Victoria. Une mission parlementaire à l’assemblée nationale se penchera sur le diagnostic, les moyens de lutte et leurs conséquences ainsi que sur les moyens à adopter dans le futur.

Eiffel

Chikungunya : "La bataille ne fait que commencer, nous sommes devant l’inconnu total"
Article paru dans Témoignages le samedi 4 février 2006 (Page 3)
URL : http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=13245