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LA REUNION : Immigration et respect des droits humains

Publie le samedi 17 juin 2006 par Open-Publishing

UNE INTERVENTION DE GÉLITA HOARAU, SÉNATRICE DE LA RÉUNION, À LA HAUTE ASSEMBL

Gélita Hoarau, Sénatrice de La Réunion, est intervenue au Sénat dans le cadre de la discussion des articles consacrés à l’Outre-mer du projet de loi sur l’immigration.

DROITS HUMAINS

DANS son intervention, la Sénatrice s’est inquiétée que les mesures spécifiques à l’Outre-mer ne portent dans l’Océan Indien atteinte à l’image de la France et ne fragilisent les efforts déployés par La Réunion pour une meilleure insertion dans son environnement régional.
"La lutte contre l’immigration clandestine, ne saurait justifier que l’Outre-mer devienne un laboratoire pour l’expérimentation de mesures inhumaines, contraires au respect des droits fondamentaux et à la fraternité inscrite dans la devise républicaine", a-t-elle proclamé.
Gélita Hoarau a appelé à un plus d’humanité et au respect des droits humains dans les opérations de police conduites à Mayotte. Pour étayer son propos, elle a porté à la connaissance de ses collègues l’opération conduite le 6 juin 2006 à cinq heures du matin dans le village de Combani qui a vu un déploiement de forces armées habituellement réservé aux opérations de grand banditisme.
Elle s’est indignée qu’au terme de cette opération, 60 personnes aient été expulsées dans l’après-midi même de Mayotte en direction d’Anjouan. Dans son rôle de parlementaire, elle s’est interrogée si "ce court laps de temps permet de mettre en œuvre les moyens légaux de recours" contre ces expulsions.
Surtout, Gélita Hoarau s’est émue du sort réservé aux enfants. Ainsi, elle a rapporté que des enfants ont été raflés devant l’école où ils sont scolarisés ou même des enfants qui au retour de l’école se retrouvaient sans maman puisque celle-ci expulsée dans la journée même vers Anjouan.
S’inquiétant de la violation des droits fondamentaux des personnes ainsi visées, la Sénatrice s’est interrogée s’il était possible de se satisfaire d’une société où triompherait l’idée fausse que la sécurité des uns dépendrait de l’insécurité dans laquelle une loi plongerait d’autres déjà si fragiles.
Gélita Hoarau a mis en garde sur les conséquences de cette politique qui ternit l’image de la France qui s’est toujours voulue la patrie des droits humains.
Elle s’est inquiétée de la portée de cette politique dans un contexte marqué dans l’Océan Indien par de profonds changements.
S’adressant au Ministre de l’Outre-mer, Gélita Hoarau a noté que "l’importance et la signification de ces changements n’ont pu échapper à votre attention et vous ne pouvez donc ignorer le trouble et les interrogations que suscitent chez nos partenaires comoriens notamment, les actions que je viens de décrire".
Celles-ci sont, pour la Sénatrice de La Réunion, de nature à compromettre le rôle de La Réunion dans les actions de co-développement.
Gélita Hoarau a conclu son propos en invitant à la "mise en œuvre d’une ambitieuse politique de coopération et de développement, qui est la seule réponse durable au problème posé".

Attention ! Si on n’y prend pas garde, même à La Réunion, ça peut se passer...

Jeudi dernier, sur une dénonciation anonyme (qui rappelle la triste époque des délations dont furent victimes les Juifs pendant l’occupation nazie, ou celles qui mirent au ban de la société américaine des milliers de communistes et de sympathisants), des policiers de la Police de l’Air et des Frontières ont débarqué aux premières heures de la matinée pour arrêter "un Comorien en situation irrégulière".
Comme l’a souligné l’avocat, "la présence de Comoriens dans un immeuble ne suffit pas à caractériser une infraction". Car, cette descente de policiers n’a été motivée par aucune infraction grave. Sauf peut-être un délit de faciès qui, à La Réunion, serait paradoxal.
Plus sérieusement, on peut s’interroger sur, d’une part le bien fondé de cette arrestation, et d’autre part, sur les raisons qui ont motivé cette action policière. Juste une question : les policiers ont-ils reçu des instructions pour "faire du chiffre" ?
En tout cas, il faut souligner que les méthodes employées par les policiers de la PAF, dans ce cas-là, ont été appliquées en dehors d’instruction et d’autorisation du Parquet, garant du respect des lois.
Cela fait beaucoup pour ce que ne serait qu’un simple fait divers... Mais c’est un avertissement. Il faut nous montrer vigilant. Contre toute atteinte aux droits fondamentaux de la dignité humaine. Car, avec le Secours Catholique, on peut s’interroger sur la question : La France est-elle toujours une terre d’asile ?

Alain Witz

Temoignage .