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LE COLLECTIF ENSEIGNANTS - ARTISTES - LOUVRE POUR TOUS DEMANDE UN DROIT DE REPONSE A FRANCE 2

Publie le mardi 14 décembre 2004 par Open-Publishing
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Dans l’émission Thé ou café du dimanche 12 décembre 2004, Catherine Ceylac a invité le Président-Directeur du Louvre avec qui elle s’est entretenue. Voici des extraits de leur conversation :

A propos de la rénovation de la gallerie d’Apollon :

CC — C’est grâce au mécènat ?

HL — C’est grâce au mécènat . C’est grâce à Total, qui a financé... euh...l’entier de cette restauration et c’est vraiment maintenant grâce à l’appui de mécènes comme ...euh... Total que nous sommes...euh...capables de mener ces...euh...chantiers de rénovation du musée.

CC — Vous ne craignez pas qu’en donnant une grande part maintenant au mécènat puisque vous y êtes contraint, de galvauder l’image du Louvre ?

HL — Non je ne pense pas. Je ne pense pas. C’est des choses que nous ne pouvons faire qu’avec l’appui de ces sociétés. Ca ne veut pas dire que l’Etat se désengage, l’Etat fait des efforts considérables pour le Louvre, mais pour mener à bien des chantiers qui sont dans un musée comme le Louvre de cette ampleur, et vous imaginez ce que c’est que la maintenance d’un bâtiment comme le Louvre...si nous voulons mener à bien des chantiers de rénovation, voire de conquête d’espace à l’intérieur du Louvre, nous ne pouvons faire (sic) que grâce à l’appui de l’argent privé.
De mon point de vue, c’est une excellent chose.

(...)

A propos de la suppression de la gratuité des enseignants et des artistes :

CC — Vous avez remis en cause, et ça a été une petite polémique (sic), la gratuité des enseignants ainsi que des artistes. Pourquoi ?

HL — Nous avons remis en cause...euh.. nous n’avons pas remis en cause la gratuité des enseignants. Nous avons dit (sic) "les enseignants peuvent entrer au musée lorsqu’ils marquent, je dirais, leur intérêt pour le musée". C’est une façon de renforcer leur rôle de prescripteurs.

CC — En les motivant ?

HL — En les motivant et c’est vrai que c’est quelque chose qui marche bien puisque nous avons 500 000 jeunes scolaires qui viennent chaque année.

Le collectif Enseignants-Artistes pour la gratuité du Louvre pour tous s’insurge contre les inexactitudes exprimées par Henri Loyrette.

1. La gratuité des enseignants et des artistes a bel et bien été supprimée, puisqu’il leur est demandé de payer 8 euros 50 lorsqu’ils se présentent au musée sous cette qualité. Elle correspondait depuis des décennies pour les enseignants, depuis des siècles pour les artistes, à un acquis professionnel fondé sur la nécessité de disposer de ressources culturelles maximales parmi ces catégories de la population. Elle a été supprimée également pour les étudiants en histoire de l’art de plus de 26 ans, ainsi que pour leurs homologues étrangers de tous âges, donnant à la mesure une dimension douteuse relevant de la préférence nationale.

2. L’Etat est entré, sous couvert de "décentralisation" et d’"autonomie" des établissements sous sa tutelle, dans un processus de désengagement qui s’accélère. Le Louvre est sorti du système des Musées nationaux, il est désormais un Etablissement Public et Administratif (EPA) qui l’oblige à faire appel à ce que Henri Loyrette qualifie de "mécènat". Or, le mécènat implique un désintéressement du mécène. La publicité de multinationales à l’intérieur du musée, la gratuité offerte aux salariés desdites multinationales et perdue pour enseignants et artistes, contredisent l’affirmation de Henri Loyrette, selon laquelle il s’agirait de mécènat. Cette situation traduit au contraire une privatisation du Pratrimoine culturel national public.

3. Les enseignants dans leur immense majorité estiment injurieuse l’appréciation de Henri Loyrette, qui n’appartient pas à leur Ministère de tutelle, selon laquelle il serait nécessaire de les "motiver" afin qu’ils acceptent de jouer leur rôle de "prescripteurs".

4. Henri Loyrette a affirmé dans divers médias, dont l’Humanité hebdo du 13 novembre 2004, qu’il était nécessaire d’accroître le nombre de visiteurs scolaires, le chiffre de 500 000 étant selon lui insuffisant. Pourquoi prétend-il aujourd’hui que, grâce à la suppression de la gratuité pour les enseignants ce chiffre est devenu satisfaisant, alors qu’il correspond aux statistiques antérieurs à la suppression de la gratuité enseignante ?

5. Le collectif Enseignants-Artistes-Louvre pour tous considère qu’il est indispensable de permettre l’entrée gratuite pour tous au musée du Louvre, à l’instar de ce qui se pratique aux National Gallery de Londres et New York.
Il a recueilli à ce jour des milliers de signatures sur la base de cette revendication. Il est soutenu dans son action par nombre d’élus de tous partis politiques, dont plusieurs ont porté ses préoccupations dans l’hémicyle de l’Assemblée nationale.

6. Le combat mené par notre collectif n’est pas une "petite polémique". Il s’amplifie de jour en jour, avec d’autant plus de force que les catégories professionnelles qui en portent principalement les revendications ont le sentiment de ne pas être estimées à leur juste valeur par les pouvoirs publics.

7. Notre collectif a la conviction de lutter pour une juste cause, dont le progrès social et la réduction des inégalités constituent le coeur. Notre combat ne s’achèvera que lorsque son objectif aura été atteint.

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