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LE CRIF (FRANCE) PARTICIPE A LA COLONISATION DE LA CISJORDANIE

Publie le mardi 8 mars 2005 par Open-Publishing
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LE CRIF (FRANCE) PARTICIPE A LA COLONISATION DE LA CISJORDANIE, ET MEME A LA COLONISATION DITE « SAUVAGE »

(rédaction CAPJPO - Euro-Palestine) - Le Conseil représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) participe aussi à la colonisation de la Cisjordanie, et plus précisément encore à ce que le gouvernement israélien, dans sa langue inimitable, appelle la colonisation « illégale », ou « sauvage » (voir aussi rectificatif important, au bas de l’article)

Un rapport officiel, que s’est procuré le quotidien israélien Maariv, vient de mettre en cause le Département de colonisation de l’Agence juive dans l’établissement de dizaines de colonies sauvages en Cisjordanie.

Le rapport, dont le journal publie mardi des extraits, accuse cette section de l’organisme para-gouvernemental chargé de l’immigration en Israël d’avoir "systématiquement établi des points de colonisations illégaux" et propose de stopper ses activités.

En règle générale, les autorités ont fourni en sous-main un appui massif aux colonies sauvages créées sans autorisation, selon ce rapport qui doit être transmis mardi au Premier ministre Ariel Sharon, écrit le quotidien.

Le rapport souligne qu’aussi bien l’armée que divers ministères ainsi que le Département de colonisation de l’Agence juive ont fourni une aide financière de plusieurs millions de dollars pour établir et renforcer ces avant-postes.

C’est ainsi, que l’armée garde ces colonies sauvages, que le ministère de l’Habitat finance l’achat de caravanes, que celui des Infrastructures fournit l’électricité et que le ministère de l’Education finance les jardins d’enfants qui y ont été établis.

Le rapport, dont des extraits ont déjà été publiés en octobre, a été établi par une ancienne responsable du ministère de la Justice, Me Talia Sasson, chargée par le Premier ministre d’examiner le statut juridique de ces points de colonisation.

Le gouvernement israélien, soucieux d’annexer la plus grande partie, voire la totalité de la Cisjordanie, tout en obtenant des Etats-Unis (et de la France, la Grande-Bretagne, etc.) la reconnaissance de sa politique du fait accompli, a en effet inventé, depuis quelques années, une terminologie bien à lui : celle de la colonisation « légale » (bien que condamnée par tous les textes et traités internationaux), et celle de la colonisation « non légale », ou « illégale », ou « sauvage », terme recouvrant les avant-postes et extensions progressives de la première catégorie de colonies.

Le rapport publié mardi confirme simplement qu’il n’y a en réalité aucune différence de statut ni de traitement entre les deux types de colonies. Les dirigeants américains, français (ou égyptiens, jordaniens, tunisiens, etc) tousseront peut-être un peu à la lecture du rapport de Maariv, et pesteront intérieurement contre Sharon qui décidemment n’est pas sympa, ne leur fournissant même pas les couleuvres qu’ils sont pourtant d’accord pour avaler tous les jours. Mais çà leur passera.

Et le CRIF, dans tout cela ? Pourquoi le mettons nous en cause dans le titre de cet article ?

Parce que l’Agence juive (également appelée Agence juive pour Israël), qui est comme on l’a vu plus haut un organisme directement lié à l’appareil d’Etat israélien, est officiellement membre du Conseil représentatif des institutions juives de France !

Petit rappel historique : l’Agence juive fut, dès le début du XXème siècle, c’est-à-dire dans la phase ascendante du mouvement sioniste, l’organisation sioniste dont la mission était de recruter les Juifs candidats à l’émigration en Palestine, et de les y aider à l’atteindre, dans la perspective de la création, avec eux, de l’Etat Juif proposé par le mouvement sioniste.

Depuis 1948, l’Etat Juif existe, et s’appelle Israël, comme on le sait. L’Agence juive a cependant survécu à la création de l’Etat : en se plaçant d’un point de vue sioniste, le maintien de cette agence continuait de répondre à une nécessité, celle de pouvoir agir -éventuellement de manière clandestine ou semi-clandestine- en direction des personnes ou minorités juives en butte à des discriminations, dans des pays n’ayant pas ou plus de relations diplomatiques avec Israël (par exemple, l’Union Soviétique après la guerre de 1967, ou une majorité des Etats arabes, à des époques diverses).

Mais l’Agence Juive a continué d’exister et de prospérer, après 1948, dans tous les pays, y compris ceux qui avaient des relations normales, voire très privilégiées avec Israël.

C’est notamment le cas de la France, pays qui n’a jamais fait obstacle, depuis 1948, à l’émigration de n’importe lequel de ses ressortissants vers Israël. Il suffit à un citoyen français désireux d’émigrer en Israël de s’adresser aux services israéliens, consulaires et diplomatiques : c’est avec eux, et rien qu’avec eux, que se règlent les formalités (dont l’apport de la preuve de la judaïcité du candidat à l’émigration).

Pourtant, l’Agence Juive continue d’exister en France, pas seulement à titre privé (comme peut l’être une organisation sioniste privée, faisant sa propagande à l’instar de n’importe quelle association ou parti politique), mais comme prolongement officiel de l’Etat d’Israël : les employés, très nombreux (ils sont au moins 300) de l’Agence Juive en France ont en effet un statut diplomatique, exactement comme les diplomates de l’ambassade israélienne !

Et on constate donc que ces mêmes agents diplomatiques israéliens, au service de la faction la plus colonisatrice des territoires palestiniens occupés, sont en même temps membres éminents du CRIF.

Le CRIF assume d’ailleurs publiquement cette appartenance, en fournissant, sur son site, à la rubrique « Membres de l’Institution », les coordonnées, numéros de téléphone et de télécopie, de l’Agence Juive pour Israël à Paris, tout comme d’autres associations à objectifs uniquement israéliens mais qui ont la pudeur de maintenir la fiction d’un statut privé (comme l’Association pour le Bien-Etre du Soldat Israélien, l’Hashomer Hatzaïr, ou le Keren Kayemeth le Israel). Et il est inutile de préciser que l’Agence dispose, au sein du CRIF, de ressources et d’une influence incomparablement plus importantes que celles d’associations-membres à objet (culturel, mémoriel, religieux) juif, qui ne sont plus aujourd’hui qu’un alibi et une caution.

La mention du CRIF, dans le titre de cet article, ne participe donc pas d’un quelconque raccourci provocateur de notre part.

Elle rend compte d’une réalité scandaleuse, et dangereuse pour toutes les personnes d’origine juive ou désignées comme telles qui vivent dans notre pays. Car cette confusion volontaire et organisée des genres a pour effet de rendre toutes les personnes d’origine juive otages des politiques les plus criminelles menées par Israël contre le peuple palestinien, en les assimilant à ces mêmes politiques.

Cet épisode nous éclaire aussi sur tous ces pseudo-modérés, ces gens (politiciens de tous les partis, « sionistes de gauche », etc) qui murmurent (le moins fort possible quand même) que Roger Cukierman, le président du CRIF, « exagère » lorsqu’il éructe contre la politique étrangère de la France (pas assez sharonienne à son goût).

Non, ceux qui disent que Cukierman « exagère » sont des hypocrites. Avec Roger Cukierman, le CRIF et l’Etat d’Israël disposent d’un dirigeant légitime, déterminé et conséquent. Participant à une entreprise de crimes de guerre, certes, mais ils peuvent toujours faire la sourde oreille.

RECTIFICATIF : dans l’heure qui a suivi la publication de l’article que vous venez de lire, mardi en début d’après-midi, l’Agence France Presse a publié un rectificatif, indiquant que l’entité mise en cause dans le rapport sur la colonisation n’est pas l’Agence Juive, mais l’Organisation Sioniste Mondiale. Ce qui ne change strictement rien à la situation, au contraire, puisque ladite Organisation Sioniste Mondiale est elle aussi ... membre du CRIF ! Le président de la section française de l’Organisation Sioniste Mondiale, un certain Alex Moïse, a connu une temporaire célébrité, l’an dernier, lorsqu’il s’est fait épingler, et condamner, pour s’être envoyé des messages antisémites à lui-même ! Les prouesses de ce responsable sioniste n’avaient, et pour cause, suscité aucune réaction de la part du CRIF (ni d’aucun des politiciens qui se pressent au dîner annuel de l’institution).

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