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LE FOOTBALL N’EST PAS UN JEU

Publie le mercredi 5 juillet 2006 par Open-Publishing
33 commentaires

de JACQUES GUIGOU

Le football n’a jamais été un jeu. Contrairement à d’autres jeux transformés en sports par la valorisation du capital, le football n’a pas d’ancêtres dans le panthéon des Jeux ;il lui manque un mythe grec ; un temple au service de l’État antique. Du coup, ses laudateurs ne s’en remettent pas, eux qui, pour pallier ce manque, compare les sinistres dandine-ments des stades à une "tragédie grecque" ou encore à un "combat homérique" !

Le calcio, pratiqué par les aristocrates embourgeoisés des Cités-États italiennes de la Renaissance, manifeste déjà une activité agonistique destinée à arbitrer la lutte des factions qui gouvernent la ville. Les football associations de l’Angleterre industrielle du milieu du XIXe siècle jettent ensuite les bases de cette religion du sport qui, s’adressant à tous les milieux sociaux, allait pendant plus d’un siècle tenter de désamorcer les luttes de classe par la diffusion de "l’esprit d’équipe sur le terrain de jeu".

Aujourd’hui, le football est donc devenu ce qu’il a toujours été : un opérateur de capitalisation des activités humaines. Agent essentiel de la société mondiale du capital, mais traversant chacun de ses partisans au coeur de son être, le football convertit en dévots de la valorisation des individus à la recherche d’une fusion factice autant que funeste.

Maintenant, la lutte contre « le Mondial » doit viser l’ennemi tout entier. Dissocier un football, donné comme une activité naturelle et éternelle d’homo ludens, d’un autre football comme système économico-médiatique mondial, serait une mystification supplémentaire. Critiquer le football-spectacle, son empire financier, ses pratiques mafieuses, le climat de guerre qu’il entretient, la multiplication des « petits-boulots » précaires qu’il suscite, ou bien encore la drogue politique qu’il injecte dans la société ne suffit pas. Car, de distinctions en distinctions, nous serions alors sur le même terrain que cette « dizaine d’associations caritatives marseil-laises, qui, inspirées par le mouvement des sans-papiers ont créé un collectif « sans-billets » afin de permettre « aux plus démunis » d’assister aux matches de la Coupe du monde » (à la vraie, pas à son double rackettiste, « le Mondial des sans » !). Nous faudrait-il aussi trouver très « pédagogique » la proposition de cet ancien directeur de l’Institut supérieur de pédagogie de Paris qui, « jouant la culture », veut faire des retransmissions de matchs une occasion de connaissance géographique des pays lointains ? A moins que, adepte du double jeu, nous suivions l’exemple de cet universitaire lillois, auteur d’un opuscule sur La Barbarie du stade et déclarant qu’il ne suivra aucune rencontre ni dans un stade, ni à la télé, mais qu’il ira « taper dans un ballon avec ses copains » !

Si le football possède une telle capacité d’aliénation sur tant d’hommes de la planète, c’est qu’il entretient chez ses adeptes une sensation de participation à la bonne fraction de l’humanité : celle qui doit gagner, celle qui agit pour le triomphe de la négation spectaculaire de l’économie dans et par « le Jeu ».

Or, tant que règnent les conditions présentes de domination du capital sur toutes les activités des hommes, le jeu, pas plus que la fête, ne sont possibles. Dans la société de classe moderne, seul les moments révolutionnaires purent réaliser les bouleversements qui firent de la révolution, du jeu et de la fête, un seul et même événement historique. Seul le prochain bouleversement révolutionnaire, cette fois à titre humain, saura nous mettre en continuité et en rupture avec les dimensions ludiques et festives de la communauté des hommes.

Copyright éditions de l’impliqué Montpellier 1999

Messages

  • Or, tant que règnent les conditions présentes de domination du capital sur toutes les activités des hommes, le jeu, pas plus que la fête, ne sont possibles

    Eh bien, on doit se marrer avec toi !

    Jips

    • faisons la fete et de la musique, sans complexes ;)

      http://les-zizous.net

    • Exactement, et on emmerde les pisse-froids et autres tristes figures !

      Jips

    • Fête ?
      Musique ?
      Chiche !!! J’ai hâte de voir et d’entendre ça !

      Car pour l’instant...
      Gaz d’échappements, cornes de brume, claxons et hurlements, tessons de bouteilles et papiers, camionnettes de police aux croisements principaux du centre-ville, voilà ce qu’on voit et entend parfois jusqu’à 4 h du matin...

      Ah bon ? C’était ça la musique et la fête ?
      Aaahh, d’accord : suffisait de l’dire !

      [ Et la mort ? Le viol ? L’agression ? c’est la fête aussi ces épisodes de fin de match ?
      Il est vrai qu’on en parle à peine aux infos : b’â ouiche, côté émulation collective et grand’messe populaire, c’est moins vendeur comme sujet... ]

  • Le foot, comme tous les autres sports, exprime la nature profonde de l’être humain à savoir qu’il est belliqueux, conquérant, dominateur, roublard, ingénieux, vaillant, joueur quoi. Le foot c’est un succédané de guerre contrôlé, sur un territoire bien délimité, avec ses codes, ses règles... et la bénédiction de la finance, du travail et des spectateurs. Le foot et tous les sports s’apparentent aux jeux romains et grecs antiques.
    Alors, pour la paix et la salubrité de nos sociétés, vive le sport, vive le foot plutôt que la guerre !
    Une femme

  • Tout à fait d’accord avec l’analyse proposée par ce texte. Toutefois, il y manque la mise en évidence de la renaissance de nationalismes jusqu’alors en sommeil, parfaitement approuvés et justifiés par les médias (notamment, il n’est qu’à écouter les analyses proposés sur le réveil du « patriotisme allemand » ), et l’utilisation qu’en font les hommes politiques en place.
    Hier, il était risible de voir aux infos, le président de l’Assemblée Nationale tout fier, trônant devant une bannière bleu à la gloire de l’équipe de France de foot.

    Quelle différence avec les jeux romains ?, si ce n’est qu’actuellement le but n’est plus la mort de l’adversaire. La finalité reste identique :divertir le peuple et le détourner lde mécontentements latents en transcendant un ego nationaliste.

    Lino

  • je ne peux que constater que les soirs de match,de grands écrans sont installées devant les cafés,des chaises sont étalées sur les trottoirs,les hommes se pressent les uns contre les autres,gueulent,font des commentaires,crient,se bourrent la gueule et alors le plus stupide,le plus affiligeant c’est que dès la fin du match,ils ne restent pas entre eux à faire la fête pour célébrer la victoire si victoire,non,tous,comme des ........ sautent dans leur bagnole et font le tour des boulevards en klaxonnant comme des tarés pendant minimum 2H !!!!!!!!!!!!Quand ça fait des jours et des jours qu’il fait plus de 35degrés,que l’incinérateur crache sa dioxine,que la pollution est là,on a déjà du mal à respirer et eux ils tournent et tournent....... si seulement ils utilisaient cette énergie,cette ferveur,pour améliorer leurs conditions de vie.

  • RAS L’BOL DE CETTE COUPE DU MONDE DE MERDE !!

    LES CLODOS DE MON QUARTIER N’EN ONT QUE FAIRE DE CETTE MASCARDE CAPITALISTE ABSURDE ET HONTEUSE !

    ET CHIRAC ET LES AUTRES QUI RÉCUPÈRENT L’ÉVÈNEMENT ALORS QU’ILS MÈNENT LA POLITIQUE LA PLUS DURE QU’ON AIE JAMAIS CONNUE.

    HONTE À L’HUMANITÉ D’OCCIDENT

  • Ok, alors si je t’entend, cautionner un évènement culturel qui n’a aucune portée révolutionnaire revient à être partisan d’une manipulation des masses.. Si tout était aussi simple.. Je crois que la seule embûche à la révolution c’est la vie elle-même, bien trop complexe pour nos pauvres volontés..
    Si on veut être simple ; je propose que tous les gens qui ont de belles idées comme nous (amour, égalité, fraternité, liberté...)s’immiscent en douce à toutes les échelles du pouvoir.. Tiens, si j’étais président ?

    Routchy qui sait forcément pas à quel point il est aliéné et qui fait avec, pour l’instant.

    • A l’heure où l’on ne cesse de parler de tolérance dans les milieux progressistes, voici un sport de compétition qui (toute considération sur sa dimension coloniale et capitaliste mise de côté) est imposé à tout le monde. Aux personnes qui aiment comme à celles qui n’aiment pas. Imposé à la télé, dans les journaux, sur les cannettes, sur les paquets de biscuits, dans les publicités, dans les discours politiques, dans les rues (où on n’entend que les footeux). Il y a un bourrage de crâne évident. Il est connu que les rencontres sportives internationales comme la coupe du monde sont du divertissement. Et depuis des temps immémoriaux, c’est un moyen de détourner l’attention de la population pour faire passer les pires lois qui soient.

      Comment peut-on d’ailleurs hurler cocorico ? Est-ce que nous avons de quoi être fier-es ? Si oui, de quoi ? D’avoir rentré un ballon dans un panier ? Il serait temps de voir la gueule qu’elle a la France aujourd’hui, et franchement, il n’y a pas de quoi pavoiser !

      J’ai lu plus haut qu’il vaut mieux le foot que la guerre (??????) Mais ces deux activités marchent main dans la main ! C’est bien par le développement du sentiment patriotique qu’on envoie des gens à la mort, c’est bien par le développement de ce même sentiment qu’on colonise, qu’on exploite, qu’on expulse, etc...

      N’oublions pas que les nazis adoraient les sports de compétition pour assoir leur propagande sur la race aryenne. Et n’oublions pas que nous n’en sommes pas si loin, de ce régime horrible qui entâche de manière indélébile l’humanité. Que les camps de rétention sont des camps de concentration qui ne disent pas leur nom. Pas des camps d’extermination, mais des camps de concentration. Tout comme les camps de concentration nazis, des gens y sont empilés, les uns sur les autres, dans des conditions sanitaires effroyables, au seul motif qu’ils sont étrangers. La délation est obligatoire en France, comme elle l’était sous Pétain. Les rafles, dans les écoles, sur les lieux de travail, dans les appartements, sont une réalité quotidienne pour les immigré-es.

    • Concentrons donc plutôt notre énergie à combattre le fascisme. Le goût de la liberté retrouvée est meilleur et plus durable qu’une coupe que d’autres auraient gagné pour des intérêts patriotiques, capitalistes, colonialistes, etc...

  • Le problème est qu’un jeu tel que le football est devenu un métier. Toute la dimension ludique d’un match de football a disparu même au niveau local. En 1968 des footballeurs avaient tenté le football autogestionnaire c’est-à-drie sans arbitre. Du coup quand on commet une faute on le reconnaît....La naïveté du jeu reprend ses droits.
    Le foot c’est comme tout le reste, il ne sera que ce que l’on en fera. On peut être contre la société de consommation mais on est bien obligé de vivre dedans. Le football actuel c’est pareil....
    a part cela je ne comprends pas l’engouement actuel pour une équipe qui a gagné un match contre le Portugal pas trsè passionnant.... En 1982, la France perd sa demi-finale face à l’Allemagne mais le match a été d’une telle intensité qu’il est presque devenu mythique. Je doute qu’il en soit de même avec la demi-finale face au Portugal.

    • Eh, les black, blanc, beur de la fameuse équipe de France SOLIDAIRE, si vous en avez vraiment dans le short, c’est le moment propice d’adresser un ultimatum à Sarkosy afin qu’il mette immédiatement un terme aux expulsions des enfants de sans papiers, vos frères. Chiche !
      Tzigane

    • "c’est le moment propice d’adresser un ultimatum à Sarkosy afin qu’il mette immédiatement un terme aux expulsions des enfants de sans papiers, vos frères. Chiche !"

      Bien trouvé ;)

      Je crois bien que c’est la seule chose qui me réconcillierait avec les miliardaires du gazon...

      Mais il y a peu de chances, à moins que ce ne soit stipulé dans les clauses du contrat avec bouygues ou je ne sais quel opérateur "mécène" de l’équipe de Frrrrrrance...?

      Fañch

  • Purée, qu’ils sont tristes et gris, parfois, nos "révolutionnaires" éclairés !

    Le Yéti

    • N’y voir que le côté ludique, c’est ce qu’on a encore de mieux à faire. Ca met le coeur en fête. Peu importe que des parasites viennent s’y greffer pour se remplir les poches (publicitaires, commerçants, etc...). La vie c’est fait de pleins de petits bonheurs. Alors profitons-en ici et maintenant.

    • « …tristes, gris, parfois nos révolutionnaires éclairés... pisse-froid et autres tristes figures… » que de qualificatifs pour ceux qui sont réticents, voire indignés, par l’importance donnée à l’« événement footbalistique » et à la ferveur populaire que cela déclenche.

      Ce qui est troublant quand même, amateurs de foot :

       C’est de voir toute une partie de la population française se gargariser de l’exploit de « son équipe nationale blacks-blancs-beurs », alors que, dans le même temps, des expulsions de sans papiers sont en cours.

       C’est d’entendre les supporters hurler des phrases du type « qui ne saute pas n’est pas français … ». Ben voyons ! Pourquoi n’y ont-ils pas pensés plus tôt les futurs expulsés ? fallait sauter… pour être français.
      Cela ne me fait rien de ne pas me reconnaître dans cette France là. Ca ne sera pas la première fois, ni la dernière, où l’on me dira que je ne suis pas français. Faut-il pour faire « peuple » également regarder la Star’Ac ou ce type de fadaises narcotiques ?

       C’est aussi de voir des drapeaux bleu-blanc-rouge s’agiter dans les rues, n’est-ce pas le signe d’un regain de nationalisme ? Vous m’excuserez mais les seuls étendards que je supporte sont rouges ou noirs ou les deux ensemble.

      Détrompons-nous ce spectacle n’est pas qu’un amusement, il est utilisé, manipulé par nos hommes politiques qui y voient l’occasion de redorer leur image, pour d’autres de se rapprocher du « peuple en liesse » et en tout cas l’occasion de brosser le "peuple" dans le sens du poil. Qui plus est, il fait les choux gras de firmes capitalistes.

      Alors supporters de l’équipe de France, m’en fiche d’être un triste et gris pisse-froid à la triste figure, Je ne jubilerais pas avec vous dimanche, l’histoire des stades me fait froid dans le dos, trop d’événements dramatiques s’y sont déroulés.

      Lino

    • Aux jeux de Munick les nazis étaient présents,aux prochains Sarko y sera certainement.L’histoire se répète ?
      François.

    • Et pourtant, en tant que non-amateur de foot, je suis aussi troublé :

       De voir que certains prétendent faire plus pour les sans-papiers que les amateurs de foot (sur on ne sait trop quelle base...)

       De voir que ceux qui disent détester la star-ac n’ont pourtant pas la capacité intellectuelle (ou alors l’honnêteté ?) de percevoir le sens d’un slogan comme "qui ne saute pas n’est pas français … " proféré ds un stade

       de tolérer les drapeaux noirs et rouges (ça suffit à faire un brassard nazi au fait, pour rester ds le même niveau d’associations foireuses...) à l’exclusion d’un joli drapeau français, symbole de citoyenneté, de droits de l’Homme etc. Le contraire du nationalisme, c’est aussi le repli sur soi ou sa communauté, la ghettoisation à l’américaine, l’approbation ouiouiste d’une surclasse européenne (ces chers uebermenschen) etc.

      "Détrompons-nous ce spectacle n’est pas qu’un amusement, il est utilisé, manipulé par nos hommes politiques qui y voient l’occasion de redorer leur image, pour d’autres de se rapprocher du « peuple en liesse » et en tout cas l’occasion de brosser le "peuple" dans le sens du poil. Qui plus est, il fait les choux gras de firmes capitalistes."

      là je dois avouer je suis assez d’accord...mais je doute qu’une majorité de footeux ne le soit pas aussi ! eh oui, figurez-vous que certains de ces affreux dégénérés ont une AME ! ils peuvent être déchirés dans leurs convictions ! J’en connais ! Personne ne vous demande de supporter l’équipe de France, mais de là à cracher méprisamment à la gueule de ceux qui le font, pour des raisons que vous seuls êtes sûrs de connaître, il y a un pas que seul un véritable pisse-froid a pu franchir.

      Levochik

    • Cher Levochik,

      Je suis surpris par cette charge massive et désordonnée. Il n’est pas dit que je resterai coi devant tant de vigueur.
      Il faut avouer, parfois, que la lecture ne suffit pas si elle n’est pas doublée du sens de la compréhension, alors pour être clairement compris :
        Je n’ai pas la prétention d’affirmer en faire plus que les amateurs de foot pour aider les « sans-papiers », simplement, je souhaiterai que cette énergie soit dépensée de manière identique pour des luttes autrement plus graves. Cela me semble ne pas être le cas, dommage.
        Je te remercie de mettre en doute mon honnêteté intellectuelle ou ma capacité de compréhension, me connaissant plutôt bien, je crois qu’il n’y a pas péril en la demeure. D’entendre des individus, s’approprier une idée et d’inventer des « règles » d’attribution de nationalité me fait froid dans le dos, de là à s’approprier le discours de notre ministre de l’intérieur, il n’y a guère de distance, c’est du moins ce que je crois.
        Quant au chapitre « … à l’exclusion d’un joli drapeau français, symbole de citoyenneté, de droits de l’Homme etc » il ne faut pas oublier d’y rajouter, toute l’épopée hautement glorieuse de la colonisation, et de l’évangélisation qui font, qu’aujourd’hui, des peuples entiers crèvent de notre égoïsme capitaliste. Je ne pense pas, comme toi, que le contraire du nationalisme soit le renfermement sur soi, bien au contraire c’est l’ouverture sur les autres, c’est l’internationalisme, auquel je crois fermement, et, qui est symbolisé par l’étendard rouge.
        Je n’ai pas pour habitude « de cracher méprisamment à la gueule de ceux qui… » supporte le foot, pas plus que sur la gueule de quiconque d’ailleurs. Mais il me semble avoir le droit de dire le ras- le- bol de cette pub « mondial foot » .

      Je pense que s’il t’a été nécessaire de réagir de manière si violente, c’est que mon propos t’ aura interpellé quelque peu, même de manière inconsciente. Et puis, à l’heure où je t’ écris, je suis tranquille : sur Bellaciao j’ai pu lire d’autres textes faisant part de cette même incompréhension, tu vas passer du temps à répondre à tous ces détracteurs, bon courage.

      Il n’empêche que la coupe est passée et que la France ne l’a pas eu, OUF ! Retour à la vraie vie !!!

      Lino

    • "un joli drapeau français, symbole de citoyenneté, de droits de l’Homme"

      ahahaha rien que ça, ça m’a déjà fait beaucoup rire, merci pour ce moment de poilade.
      Allez, vive la France hein, et surtout on est on est on est les champions, tout ça... :)))

      Fañch

  • Vaste débat mais passionnant. Je suis d’accord pour dire que la fonction latente du sport (en l’occurence du football) comme de nombreuses activités à commencer par la télé dans son ensemble est de nous détourner des enjeux sociaux, économiques et politiques. Ceci étant dit, je pense que la fonction manifeste du sport (et en particulier du football) est positive.
    Voici par exemple, l’extrait d’un article de l’auteur uruguayen progressiste Eduardo Galeano (intitulé "Qu’est-ce que tu y connais, toi, à un terrain de foot ?") :

    "Un symbole puissant, une histoire mystérieuse : on ne sait pas pourquoi, même si les théories ne manquent pas, mais le fait est que dans le monde d’ aujourd’hui, beaucoup de gens trouve dans le foot le seul espace d’identité dans lequel se reconnaître et le seul dans lequel croire encore. De quelque manière que ce soit, quels que soient les raisons, la dignité collective a beaucoup à voir avec la trajectoire d’un ballon qui se déplace dans les airs.
    Et je ne me réfère pas seulement à la communion que le supporter a chaque dimanche avec son équipe depuis les tribunes du stade, mais aussi et surtout aux parties jouées dans les prés, dans les petits terrains, sur les plages, dans les rares espaces publics qui ne sont pas encore dévorés par une urbanisation en folie. Enrique Pichon-Rivière, psychiatre argentin, chercheur passionné sur la souffrance humaine, avait constaté l’efficience du foot comme thérapie pour les pathologies provenant du mépris et de la solitude. Ce sport partagé, qui se savoure dans le jeu en groupe, contient une énergie qui peut considérablement aider ceux qui sont méprisés à apprendre à s’aimer et ceux qui semblent condamnés à l’incommunicabilité perpétuelle à se sauver de la solitude
    ."

    On peut déplorer le fait que peu de ces grands champions s’engagent comme ils pourraient et devraient le faire. Alors autant rendre un hommage aux rares qui le font comme Lilian Thuram qui s’est opposé clairement à Nicolas Sarkozy et qui est très impliqué dans la lutte contre le racisme. Il faut également être conscient de la tentative de récupération de nos politiques mais c’est tellement grotesque que les gens sont de moins en moins dupe et c’est ainsi par exemple que Dominique de Villepin a été fortement sifflé au Parc des Princes au moment de son apparition sur l’écran suite à la victoire contre le Portugal mercredi soir.
    Pour conclure, je reprendrais les propos de Thuram qui disait suite aux explosions de joie après la victoire contre le Brésil : "Je trouve que le football a cette capacité de réunir les gens,
    c’est magnifique. Il est simplement dommage qu’il faille attendre la Coupe du monde pour vivre ces moments là. Chacun pourrait réfléchir à ça : pourquoi ne pas vivre plus souvent des moments de bonheur avec les gens ?"

    Henri.

    • C’est exact que le foot a le don de passionner les gens.

      Mais je pense pas que ça les rassemble.
      De plus en plus, cela ressemble à une fête par procuration.

      Dans le stade , par ordre décroissant d’importance, il y a :

       Sur le terrain les joueurs, des demi-dieux séparés du monde des vivants par d’enormes grilles et des cerbères en uniforme qui empêchent les mortels de penétrer dans l’Olympe.
      Des fois, un type à poil reussi cet exploit, avant d’être rattrapé par les forces de l’ordre.
      Comme dans la mythologie grecque des mortels font des incursions dans le monde divin.

       Dans le stade, la caste des demi-dieux, ceux qui ont eu le ticket.
      C’est de plus en plus net pour la coupe du monde.
      Seuls quelques privilégiés ou des supporters absolus qui s’y prennent plusieurs mois à l’avance ont le privilège de voir le match en vrai.

       Les autres, tous les autres, qui sont loin de l’évènement.
      Ils y participent pourtant passivement devant un écran.
      Devant les écrans géants installés partout en france, l’ambiance d’un vrai match est reproduit artificiellement.
      Ce qui compte donc, c’est bien de se réunir pour célébrer un événement, c’est d’en faire parti.

      Je crois que c’est une erreur de dire que tout cela unit les gens et applani pour un temps les différences.
      Le temps du match n’est qu’une parenthèse durant laquelle les spectateurs ont l’impression de participer à un évènement d’une importance majeure, qui les dépassent.

      C’est exact aussi qu’il peut avoir un côté festif au football, mais alors en dehors du match, avant et après.

      Pendant le match lui même, c’est presque comme une sorte de messe paienne.
      Les gens ne se parlent pas, ne sont pas ensemble, ils sont hypnotisés par le spectacle de la pelouse verte.

      Et au moment du but, "ON A GAGNE" signifie bien qu’on s’est identifié aux dieux en short, mais pas vraiment qu’on a l’impression de partager une joie intense avec tous les autres spectateurs.

      Mais tout ça n’est pas bien grave, Dimanche vers 23h00, quelques millions de gens éteindrons leurs postes, enfileront leurs pyjamas, direct au lit, et iront bosser le lundi matin.

      La fonction sociale du foot est peut-être là : pendant 90 minutes, oublié qu’on va bosser lundi matin.

      jyd.

    • Si la Coupe nous revient dimanche, je renouvelle l’appel plus haut pour que l’équipe de France se prenonce
      clairement contre les expulsions d’enfants de notre territoire. Une telle initiative qui requiert du courage, ferait l’effet d’un véritable coup de tonnerre qui comblerait d’aise M. Sarkosy.
      Tout le monde hélas ne s’appelle pas Lilian Thuram. Rêvons !
      Tzigane

    • à travail aliéné, loisirs aliénés...

  • Bonne idée de demander aux joueurs de cette équipe de France (du moins à certains d’entre eux) de se prononcer clairement contre les expulsions d’enfants de notre territoire car vu leur position ça aurait un impact très fort. Mais bon ce n’est pas gagné il faut être honnête !
    Tiens, si jamais l’équipe de France gagne demain soir, Thierry Roland va devoir faire le tour de la Concorde à poils...belle punition pour toutes les conneries qu’il a pu dire !
    Henri.

    • Je pense que se serait un suicide de l’esprit critique que de refuser toute critique de fond du football sous pretexte que c’est un sport populaire. Cela n’empeche en rien par ailleurs de respecter ceux qui aiment ce sport.

    • Je parie que tu dirais la même chose d’un championnat du Monde de Scrabble ? Encore une oeuvre capitaliste, ou le vainqueur et ses 7 ou 8 centaines d’euros, pour des décennies d’entraînement, va se faire une retraite dorée dans un paradis fiscal...
      Faut pas trop raler sur les footballeurs professionnels. Ils gagnent beaucoup, c’est vrai, mais ils bossent énormément avant d’arriver à un tel niveau, et ce niveau de salaire n’est pas appliqué éternellement. Par ailleurs, beaucoup donnent beaucoup de leur argent, parrainent des associations caritatives ou humanitaires, etc. Je ne dis pas qu’il faut les idolâtrer aveuglément, mais un peu de réflexion avant de raler, ça ne ferait pas de mal.
      Quand on part à la retraite à 34 ans, on a intérêt à avoir gagné beaucoup d’argent si on veut continuer à vivre au moins normalement. Je ne les plains pas, loin de moi cette idée, mais je préférerais qu’on s’en prenne à des dirigeants démissionnaires ! qui s’octroient des indemntiés de départs équivalant à trois années de départ. Cf Noël Forgeard, EADS, qui ne devait certainement pas être smicard, juste semi-cadre. Un employé qui démissionne n’a jamais rien, encore un exemple merdeux...

    • Bof, comme disait Bernard Tapie la semaine dernière chez Ardisson, si la plupart des joeurs Français choississent de jouer dans des clubs étrangers, c’est pour pas payer d’impots en France. Alors la fibre sociale des zizous et compagnie... Et puis un mec qui gagne 27 millions deuros par an et qui en donne 100000 à une oeuvre caritative tous les ans, est juste aussi généreux qu’un smicard qui en donne 44.

      M’enfin, j’imagine que si un capitaliste tombe sur ce site il va sacrément se bidonner de voir que des gens qui se réclament plus ou moins de la chapelle marxiste font l’apologie de la méritocratie et l’éloge du sacrifice récompensé poussée jusqu’à son dernier degrès. L’humain et ses paradoxes décidemment.

    • Tierry Roland et Sarko à poil sur les Champs, ça serait un scoop !