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La LCR et les candidatures unitaires

Publie le dimanche 24 septembre 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Militants de la LCR19ème, nous avons été à l’initiative du Collectif 19ème pour le NON de gauche et militants actifs de la campagne unitaire dans l’arrondissement.
Après la victoire du 29 mai, avec toute la LCR nous avons défendu la poursuite du rassemblement de la gauche antilibérale dans les luttes et dans les élections.

Ce texte a pour objectif de donner notre point de vue sur les débats en cours dans les collectifs et les échéances à venir.

La LCR et les candidatures unitaires
Face à la mondialisation libérale, à la droite ultra-libérale et sécuritaire et à la conversion social- libérale des partis socialistes, la LCR défend depuis des années la nécessité de rassembler et de construire une nouvelle gauche anticapitaliste.
La LCR s’est prononcée pour des candidatures unitaires antilibérales en énonçant un certain nombre de conditions politiques à un accord unitaire (campagne collective, programme antilibéral, refus de s’allier et de gouverner avec le PS).

Tout en partageant les préoccupations de l’ensemble de la LCR sur les clarifications nécessaires à un rassemblement unitaire (en particulier le programme et le refus de s’allier et de gouverner avec le PS) nous avons regretté la position trop en retrait adoptée par la direction de notre organisation par rapport au processus (refus de signer le 2ème appel pour les candidatures unitaires).

A sa conférence nationale de juin, une majorité de militant-e-s s’est de nouveau prononcée pour les candidatures unitaires et pour la participation aux collectifs candidatures unitaires (sans signer l’appel). Mais une majorité de militant-e-s s’est aussi prononcée pour la présentation d’Olivier Besancenot. Nous pensons qu’un certain nombre de ces militants a fait ce choix par crainte de n’avoir ni candidature unitaire (en cas d’échec) ni les moyens pour la LCR de présenter une candidature propre (signatures de maires).
La CN a donc décidé que la LCR poursuive les débats unitaires et participe aux collectifs candidatures unitaires à tous les niveaux. Elle a aussi décidé la présentation d’Olivier Besancenot tout en affirmant que sa candidature serait retirée en cas de candidature unitaire.

La réunion du 10 septembre
Le bilan est positif. Le nombre de délégués et de collectifs représentés ou validés nationalement, l’adoption d’un calendrier et la constitution d’un groupe de porte-parole illustrent une dynamique encore modeste mais bien réelle.

Il y a eu cependant des aspects problématiques.

Si nous ne partageons pas l’analyse qu’en a fait par la direction de la LCR, la sélection des amendements par une commission sans aucun vote ni aucune explication aux délégués des collectifs n’est pas sans poser problème (comme le vote global du texte par quasi acclamation). Si cette procédure relève du consensus entre les différentes composantes, elle n’est pas satisfaisante et risque de poser de nouveaux problèmes avec l’augmentation du nombre collectifs.
Enfin le choix de constituer un groupe de porte-parole sans José Bové ni Marie-Georges Buffet limite fortement la portée de cette décision. Ici aussi les réticences de certaines composantes l’ont emporté sur la volonté des collectifs.

Des problèmes politiques demeurent.

Si le texte stratégie a connu de nettes améliorations, des ambiguïtés demeurent sur la possibilité de s’allier et de gouverner avec le PS.

L’amendement de Marseille voté à la quasi unanimité des militants des collectifs de la ville (militantes de la LCR du PCF, inorganisés...) comme les amendements défendus par de nombreux collectifs montrent que ce débat a toute sa légitimité et que la position de la LCR est partagée dans de nombreux collectifs.

Et maintenant ?
Sur la question du PS et du gouvernement :
Le texte stratégie est l’expression de tout ce qui fait accord entre les composantes du Collectif national. Il est adopté et constitue désormais la référence commune. Mais il n’est ni juste ni opportun pour rassembler de dire ou d’écrire (comme dans l’Humanité) que « que les délégués des collectifs ont tranché et que la discussion est close ».

Le texte « Ambition-stratégie » affirme à juste titre qu’il existe deux orientations contradictoires à gauche, que le rassemblement antilibéral refusera de participer à un gouvernement dominé par le social-libéralisme, que le programme du PS tourne le dos à la rupture avec le libéralisme, qu’il est inenvisageable de négocier un contrat de gouvernement sur la base de ce programme, qu’il convient de refuser d’intégrer un front de toute la gauche autour du PS, et qu’il est hors de question de participer à une majorité parlementaire de soutien à un gouvernement social-libéral.
Ces formulations nous semblent contradictoires avec les discours de Marie-Georges Buffet évoquant aujourd’hui encore la possibilité de rassembler toute la gauche (donc direction du PS incluse) sur une politique antilibérale.

Car une chose est d’avoir pour ambition de « gagner » la majorité du peuple de gauche à l’antilibéralisme comme pendant la campagne référendaire (une majorité d’électeurs socialistes a voté NON)
Une chose est donc de montrer que nous partageons l’aspiration à battre la droite et l’extrême droite y compris en votant si nécessaire pour le PS au second tour,
Mais c’est pour nous bien autre chose de penser que dans 6 mois « toute la gauche pourrait se rassembler sur une politique antilibérale » ou pour le dire autrement qu’un gouvernement avec le PS pourrait mener une politique de rupture (avec le libéralisme, les traités libéraux de l’Union européenne...).

Cette idée est fausse car ni la catastrophe du 21 avril 2002, ni la victoire du NON le 29 mai 2005 n’ont entamé le ralliement au libéralisme et aux politiques sécuritaires du PS.
Au contraire, Raoul Marc Jennar et d’autres ont à juste titre qualifié le programme adopté par le PS de « plus libéral » ou de « plus à droite » que ce parti n’ai jamais eu. Sans compter les déclarations de Ségolène Royal sur l’encadrement militaire des délinquants, l’assouplissement voir la suppression de la carte scolaire, l’harmonisation nécessaire des régimes de retraite..
Il nous semble erroné de penser que dans 6 mois nous pourrions dans certaines circonstances gouverner avec Ségolène Royal, DSK ou Jospin pour rompre avec le libéralisme, les traités de l’UE, les politiques sécuritaires et les institutions de la Vème république.

Cette idée est dangereuse car pour nous l’enjeu c’est de construire une alternative durable qui puisse demain s’incarner dans une nouvelle force politique de gauche, force qui pourrait redonner espoir à l’engagement collectif et aux luttes et changer en profondeur les rapports de forces (seuls à même de changer durablement les rapports de force dans la gauche !).
Ce n’est pas de la frilosité ou un manque d’ « ambition », bien au contraire c’est la volonté de ne pas décevoir une nouvelle fois et de sacrifier l’espoir d’une alternative politique à la première échéance électorale venue.
En Italie, au nom de la nécessité de chasser Berlusconi, le PRC (Parti de la Refondation Communiste) s’est allié aux socialistes et participe à un gouvernement de « centre gauche » qui veut casser les retraites et continuer à envoyer des soldats en Afghanistan au profit de la guerre de George Bush...

Les luttes, le programme, le ou la candidate unitaire :
L’alternative antilibérale doit se construire dans les luttes et les élections.
Il nous semble que les collectifs candidatures unitaires doivent (à l’image de ce que nous avons fait après le 29 mai) s’inscrire de nouveau dans le soutien aux luttes (une campagne unitaire contre la privatisation de GDF, le soutien aux luttes des sans-papiers, pour le droit au logement...).

Une plate-forme cohérente de rupture radicale avec les politiques libérales et sécuritaires menées depuis 20 ans doit être élaborée. La charte antilibérale peut nous le permettre.

Pour nous, le nom du candidat, ou de la candidate, qui portera les couleurs de l’unité sur le bulletin de vote, dans le cadre d’un collectif de porte-parole (pour les meetings, les affiches,...) ne pourra être celui d’une des principales figures d’un parti.

Le caractère que l’on souhaite durable du rassemblement de la gauche antilibérale ne saurait commencer par une campagne autour du / de la représentant-e national-e d’un parti.

Messages

  • ...clair, étayé, courageux, lucide..."si tous les gars du monde voulaient se donner la main"...

    Bravo LCR Paris 19, il était difficile de dire plus juste, plus vrai, plus net, et il sera des militants PS qui voteront pour ces mots là, car ils ne se contenteront pas de mots, fussent ils de leur parti.

    Et maintenant si toutes les composantes des collectifs, par la voix de leurs militants, voulaient tirer la même charrue, nul doute que ce serait une véritable révolution, celle des militants qui décident de s’en remettre à eux mêmes et de décider, enfin, de leur sort.

    Merci de votre exemple, en espérant qu’il soit suivi massivement, et que les collectifs prennent la direction des opérations.

    Fraternellement.

    C.E.
    ( qui n’est pas à la LCR ni ailleurs d’ailleurs, mais partout où ceux qu’on "nomme" "petits" se laissent enfin convaincre de leur grandeur. )