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La di la pa fé...*

Publie le mardi 5 septembre 2006 par Open-Publishing
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DEVANT les recteurs réunis le 24 août à l’École Normale Supérieure, Gilles de Robien, notre cher Ministre de l’Éducation nationale, s’est livré dans sa déclaration au Premier ministre venu clôturer les travaux de ce “séminaire de rentrée” à une “auto-distribution” de bons points, sans doute motivée par l’approche des échéances électorales de 2007...
Nous nous permettons d’y mettre quelques bémols...

"La rentrée 2006", affirme-t-il, "est la deuxième rentrée scolaire qui renforce la qualité de l’accueil et de l’intégration des élèves handicapés".
 C’est aussi une rentrée de plus où des enseignants des écoles non spécialisés sont amenés à intervenir dans des structures de type AIS (Adaptation et Intégration Scolaire) faute de recrutement suffisant de personnels spécialisés ; où également on note une insuffisance d’assistants de vie scolaire. Pour couronner le tout, on attend toujours les décrets d’application de la loi sur le handicap votée en 2005 !

"C’est la deuxième rentrée scolaire où nous nous engageons à aller encore plus loin dans l’amélioration du remplacement des professeurs absents", clame-t-il haut et fort.
 sauf que le fameux dispositif auquel il est fait allusion ne concerne que les "absences prévisibles", c’est-à-dire les moins nombreuses. Pour les autres, la règle reste “on ne remplace pas les absences de durée inférieure à 15 jours”.

"C’est la première rentrée scolaire pour les écoles et les collèges des réseaux “ambition réussite”".
 la belle affaire, lorsque ce dispositif n’est assorti d’aucune formation professionnelle spécifique. D’autre part, personne au Ministère ne s’est donné la peine de lancer une évaluation sérieuse du dispositif des ZEP. On est coutumier du fait dans notre pays. On lance un dispositif pour mettre son nom dessus sans avoir au préalable évalué ce qui avait déjà été fait.

"C’est la première rentrée scolaire où tous les élèves de CP pourront apprendre à lire avec les méthodes les plus efficaces".
 Merci pour les enseignants du 1er degré qui, sans doute, ne connaissent pas leur métier et qui ont produit, c’est certain, des cohortes d’illettrés ! Vous êtes passé entre leurs mains M. de Robien !

"C’est la première rentrée scolaire où tous les élèves de collège recevront chaque trimestre une note de vie scolaire".
 Il n’y a pas de quoi s’en vanter ! Ce dispositif a été imposé contre l’avis unanime de toutes les composantes du Conseil Supérieur de l’Éducation. Par le biais de cette note supplémentaire dont le but est de sanctionner les "comportements déviants", on tourne résolument le dos à l’éducation à la citoyenneté et à l’évaluation formative.

"C’est la première rentrée scolaire où sera proposé, aux jeunes qui le souhaitent, l’apprentissage junior".
 Le SGEN-CFDT dit "non à l’apprentissage à 14 ans !". Cette mesure renforce la discrimination sociale et stigmatise un peu plus une partie de la jeunesse ; elle entérine de fait la fin de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, instaurée en 1959 ; vide de son sens le socle commun de compétences et de connaissances qui, pour être commun, doit aussi être acquis par tous dans un même lieu.

"C’est la première rentrée scolaire où les parents d’élèves auront un rôle et une place désormais reconnus dans le code de l’éducation".
 Comme s’il suffisait que des préconisations soient écrites dans un document, fut-il officiel, pour que par miracle, elles soient mises en œuvre ! Ce ne sont pas les écrits qui font qu’une communauté éducative fonctionne ou pas, mais bien la volonté de chacun d’œuvrer pratiquement pour l’amélioration du système.

"C’est la première rentrée scolaire où les directeurs d’école pourront, tous, être aidés dans leurs tâches".
 Quelle avancée sociale M. le Ministre ! Vous employez des personnels très précaires (EVS) pour accomplir auprès des directeurs d’école des tâches administratives qui correspondent pourtant à des besoins permanents.

"C’est la première rentrée scolaire où les principaux de collège et proviseurs de lycée pourront s’appuyer sur un conseil pédagogique pour travailler à l’amélioration des performances de leurs élèves".
 Le SGEN-CFDT revendique depuis longtemps la mise en place d’une instance d’animation pédagogique dans les lycées et collèges. Nous avons donc un a priori favorable pour ce dispositif, pour autant qu’il soit doté de véritables moyens de fonctionnement, notamment du temps libéré pour les collègues qui y participeront, ainsi que la mise en place d’un “vice-président élu”.

"C’est la première rentrée scolaire où entre en vigueur le socle commun de connaissances et de compétences qui permettra à tous les enfants de France de partager les mêmes repères culturels, intellectuels et civiques".
 Belle idée. Encore faut-il qu’elle ne soit pas contredite dans la pratique par une politique de filiarisation des études en collège, comme risquent de le faire les fameuses classes dites "de découverte professionnelle", ainsi que l’institutionnalisation de l’exclusion précoce par le biais du dispositif de "l’apprentissage junior".

Je ne sais pas, M. le Ministre, si cette rentrée scolaire sera ou non la dernière pour vous, mais trois ans après le bras d’honneur que vous avez adressé aux personnels de l’Éducation nationale en sortant de la Préfecture de La Réunion - il est vrai qu’à l’époque, vous ne saviez pas que vous seriez un jour notre Ministre de tutelle -, nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à vos personnels, sans lesquels, rappelons-le tout de même, aucune école, collège ou lycée ne fonctionnerait ...

Jean-Louis Belhôte,
Secrétaire général du SGEN-CFDT Réunion

La di la pa fé...*
Article paru dans Témoignages le mardi 5 septembre 2006

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