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La doctrine étrangère de Nicolas Sarkozy

Publie le mercredi 7 mars 2007 par Open-Publishing

Lors de sa conférence de presse sur les questions internationales le 28 février, N. Sarkozy a annoncé une « doctrine ». Quels en sont les principes essentiels ?

 Nicolas Sarkozy choisit le militaire comme moyen de la politique étrangère. La diplomatie, la négociation, la recherche de solutions politiques sont quasi inexistantes de ses options très atlantistes. C’est l’absence totale de propositions pour un processus de paix sur le conflit du Proche-Orient. C’est le refus de toute négociation sur l’Iran. C’est une Europe de la défense très liée à l’OTAN.

C’est le nucléaire comme « impératif absolu ». C’est la consolidation des capacités de projection et de frappe en profondeur. On cherche en vain une vision permettant d’échapper à la logique de force sur le modèle américain pour contribuer aux solutions politiques des crises et conflits…

 Nicolas Sarkozy rend hommage à Jacques Chirac pour mieux trahir ce qui reste du gaullisme. Il affirme que « ceux qui se disent adeptes de la realpolitik ne sont pas si réalistes que cela. Ils cantonnent l’action diplomatique à un effort pour ne rien changer à la réalité du monde. La stabilité est leur mot d’ordre. L’immobilisme leur obsession. L’immobilisme n’est pas une politique, c’est un renoncement. Je ne veux pas de la stabilité pour la stabilité… » Cette formulation signifie une convergence fondamentale avec un des principes de Bush, de son administration et des néoconservateurs : on ne recherche plus les équilibres et la stabilité. Il faut au contraire redessiner les configurations politiques, en particulier au Moyen-Orient ; changer les régimes jugés indésirables ; façonner de nouvelles relations internationales… D’où l’importance majeure du facteur militaire et de la projection de force. C’est ce que la doctrine américaine nomme la politique d’« instabilité constructive ». On voit les résultats de cette géniale stratégie en Irak…

 Nicolas Sarkozy ne connaît pas les droits des peuples. Il ne parle des droits de l’homme que comme des droits de l’individu. « Notre identité démocratique nous destine à promouvoir la liberté et le respect Gondoles de l’individu dans le monde » ditil. Ce n’est pas seulement une sorte de référence obligée à une valeur démocratique pour accompagner un discours structuré sur la force, le militaire et le sécuritaire. C’est aussi le choix fondamental d’un individualisme, compagnon forcené de l’ultra-libéralisme. C’est l’individualisation progressive des pratiques et des rapports sociaux. C’est avec cette dérive anglosaxonne que l’on ferme la porte aux migrants, que l’on formate une autre société, celle du chacun pour soi et de la concurrence exacerbée. C’est le lynchage programmé de la solidarité. La doctrine Sarkozy est effectivement une politique qui nous est étrangère parce qu’elle est porteuse de reculs éthiques et politiques majeurs directement inspirés du modèle néo-conservateur américain.

Jacques Fath, Responsable des relations internationales du PCF

Sources :

http://unautremonde.gauchepopulaire.fr/index.php/

http://mariegeorge2007.org/spip.php?article518

Article paru dans CommunisteS