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La famille, héritage archaïque

Publie le lundi 20 avril 2009 par Open-Publishing
11 commentaires

C’est un sujet qui me travaille depuis de nombreuses années déjà. La place qu’on attribue à la famille dans nos sociétés, le poids qu’elle a et surtout, ne nous cachons pas, ses effets néfastes sur nos comportements depuis des générations.

Car s’il est bien un bloc inamovible en ces temps de pseudo-changement, c’est la famille. Instrument sacré, on a longtemps jugé un Homme à l’apparence de sa famille, et sa réussite sociale tenait à la longueur de sa vie commune avec quelques personnes réduites. Que de potentiels gâchés pour cette fichue famille. Que de jugements hâtifs ont été faits à des Hommes pour n’avoir pas placé cette valeur au centre de leur définition d’existence.

Rares sont ceux disposant du courage ou de la lucidité pour remettre en question cette structure millénaire, ce culte de l’enfermement et du rejet du monde extérieur. Rares sont ceux capables de se détacher de ces codes pour acquérir une pleine liberté, et d’autant plus rares sont ceux qui résistent jusqu’à leur mort. J’ai l’orgueil de penser que je serai de ceux-là, que ces valeurs qui ne sont pas miennes ne le deviendront jamais, et que je ferai toujours égoïstement passer mon bonheur et celui de ceux que j’aime avant la procréation.

La famille est une société dans la société. Elle est un groupe, régi par des règles et des codes, qui évolue au sein du groupe général constituant une société. La famille contribue à plein à ce système d’enfermement d’individus dans une classe ou un milieu social. L’école et l’éducation pour tous sont de jolies chimères, mais quiconque d’à peu près éveillé sait pertinemment qu’elles ne suffisent pas à offrir toutes les chances à un enfant, et que c’est l’influence de son milieu, de sa famille, qui décidera de son parcours et de sa vie. L’ascenseur social est une farce digne du loto et il ne touche que les rares enfants suffisamment géniaux pour ne pas nécessiter un soutien de leur famille. Une autre forme du droit du sang. De son franc racisme nous sommes passés à une hypocrisie volontaire bercée par une douce utopie mensongère. La famille, la généalogie sont toujours les éléments déterminants d’une vie.

Afin d’éviter l’éclatement de la famille comme valeur pilier on a transformé en vérité certaines théories et induit certains principes moraux comme nécessaires à l’existence d’individus. Ainsi on sait désormais qu’un enfant ne sera pas mieux élevé ou éduqué que par ses deux parents biologiques, qu’une descendance génétique crée un lien affectif et que l’enfant doit un tas de choses plus absurdes les unes que les autres à ses ancêtres. Il faut surtout éviter l’ouverture au monde, l’extérieur est un danger incontrôlable une fois qu’il a pénétré le cercle de la famille. On érige en règles des principes concernant des individus, dont on sait qu’ils sont chacun différents les uns des autres. Absurdité volontaire d’un système qui ne veut pas disparaitre. Tout comme il est des enfants éduqués et élevés parfaitement par leurs parents, il en est tout autant qui virent au drame dans un entêtement rappelant les imbécilités les plus crasses de l’humanité. Car au nom d’un lien affectif imaginaire on sacrifie le bien-être de l’enfant à la curiosité permanente et au besoin de comprendre en assistant aux choses. Elever un enfant est une tâche rude qui dure longtemps. Elle demande une présence, une écoute, une attention de presque chaque instant, ainsi qu’une compréhension et une stabilité émotionnelle importante. L’enfant est doué d’un instinct hors du commun, un faux équilibre de façade ne le dupera pas et bien souvent il s’attribuera l’origine des douleurs qu’il ressent. Si l’enfant réclame papa et maman ce n’est pas parce que ces mots et ce lien sont inscrits dans son sang, c’est simplement parce que c’est ainsi que sont appelées devant lui ces personnes qu’il côtoie chaque jour, qui le nourrissent, lui offrent un endroit où dormir, le consolent et le soignent. La filiation ne crée aucun lien, c’est le contact qui en est l’origine.

Notre conception de la famille est dangereuse. Elle va à l’encontre des principes d’ouverture d’esprit et d’ouverture au monde, elle maintient les enfants dans un milieu qu’ils ne peuvent choisir et leur impose des valeurs dont ils ne peuvent dire s’ils les aiment ou non. Elle les inscrit dans une histoire qui n’est pas la leur et qu’on leur transmettra au nom du principe d’héritage. La structure familiale érige avant même sa naissance les fondations de la vie de l’enfant et se met au service de la société de classes et de l’immobilisme. On ne peut demander à des individus d’être ouverts d’esprits si ils ont grandi entourés de gens qui leur ont conseillé de se méfier de l’extérieur. On ne peut changer une société sans changer sa base. Et jamais, dans des débats d’opinion publique je n’ai assisté à des réflexions sur cet état de fait. Il faut cesser de voir notre conception de la famille comme un refuge. Elle ne protège de rien et ne fait qu’accroitre le mal qui nous ronge.

Messages

  • Comment peut-on écrire des âneries pareilles ?

    Voilà une conception bien bobo de la famille, car dans bien des cas (chômage longue durée, divorce, épreuves douloureuses) la famille est le dernier rempart :

     elle permet de ne pas se retrouver à la rue quand on arrive au bout de ses assedic
     elle permet de soutenir un de ses membres en cas de pépin financier, en prêtant de l’argent sans intérêts contrairement aux banksters qui ont créé la crise
     elle est un cocon de solidarité, elle est l’oreille compatissante, le soutien sur qui on peut compter

    Mais ceci dit je comprends que dans la tradition bobo elle soit aussi le lieu de toutes les mesquineries et de tous les coups foireux : nous ne parlons pas de la même famille.

    La famille populaire est un rempart contre le démantèlement du système social !

    • Si vous relisez 1984 la famille a disparu car la société refuse que se créent des solidarités et des modes de vie qui ne soient pas inspirés par Big Brother.

      La figure de Big Brother, paternaliste et omniprésente veut se substituer à la famille, et au couple bien sûr...

      Bon je mets ça sur le compte d’un coup de mou de Bellaciao, mais que je ne vous y reprenne plus ! :p

    • Ce n’est pas bellaciao qui écrit ou publie la plupart des articles postés ici. Merci de ne pas l’oublier. Les forums sont en accès libre la plupart du temps pour créer le débat. Donc débattons et ne mettons pas tout sur les épaules des admins du site ! Si cet article ne plait pas ( à moi non plus il ne me plait pas trop mais il pose une question intéressante) et bien apportons de nouveaux éléments pour le critiquer.

    • La famille dans beaucoup de sociétés, et pour parler de nos modèles occidentaux , est une structure essentielle a la reproduction de l’ordre social, et est toujours appelée a la rescousse par les régimes autoritaires. Apprentissage de la soumission, éducation par la violence, reproduction des inégalités.Un lieu par exellence ou les droits humains - des femmes et des enfants - sont quotidiennement violés, chez les prolos, les bobos et tutti quantti. Voir les travaux des féministes, et sur la violence éducative alice miller.

      http://www.alice-miller.com/index_fr.php

  • Je vois dans ton article plus une critique de l’éducation "familiale" que de la structure elle même.

    On a de plus en plus de familles "recomposées" où la valeur d’"héritage familiale" est plus floue.

    Le sujet est complexe et le débat risque d’être intéressant.

    • PAS SI CON QUE CERTAINS LE DISENT...... c’est dans la famille que se produisent les crimes les plus graves ;inceste parricide etc MAIS COMMENCONS PAR SUPPRIMER L HERITAGE (patrimoine financier ....succession....)

    • ooooooooooooh,
      "la famille populaire rempart contre le demantèlement du système social"

      j’adore.!!!!!!!!!!!

      on croirait entendre jeannette Thorez.

    • la famille se perpetuant par le couple et les mômes, faudrait dejà s’arrêter a ce stade là.

      bon c’est plus à la mode.
      tout le monde veut se marier et pondre des semblables .
      et plus c’est la crise, plus ils en font.

      quelle misère !

      quant aux heritages financiers, même très modiques, ils permettent aux pervers de se deployer,
      que deviendraient ils sans ces exhutoires ?

  • A bien y réfléchir, et après en avoir discuté avec une amie qui lit chacun de mes articles, il est fort probable que le sujet central qui me préoccupe soit davantage la charge éducative que sa structure ou sa place dans notre société moderne.

    Car il faut le reconnaitre, des choses ont changé. Pas forcément en bien, pas forcément dans le bon sens, mais la fidélité ad vitam eternam n’est plus aussi présente qu’auparavant, on rabâche moins le besoin de deux parents unis jusqu’à la mort pour le bien-être du gosse, bref, la structure s’est "assouplie".

    Tout n’est pas parfait pour autant, l’éducation des enfants notamment est toujours aussi mal mise en place qu’auparavant, mais avec des notions différentes.

    Ce qui me gêne vraiment je crois, c’est que cette structure hermétique, quelle que soit son architecture, coupe l’enfant de valeurs que ses parents ne peuvent avoir. Car ses parents sont des adultes formés, aux codes établis qui, par ignorance simple ou par bêtise, ne penseront pas la plupart du temps à le tourner vers ce qui existe d’autre. L’enfant va subir les schémas d’éducation pré-conçus de son milieu. Certes on va lui donner des repères, mais on va pour cela négliger sa capacité à s’intéresser, à regarder, à comprendre vite. On va l’enfermer, consciemment ou non, dans un processus de développement qui le conduira relativement près de l’arbre dont il est tombé. Ce schéma participe du cloisonnement de notre société et de sa répétition. Car de ses parents, l’enfant apprendra qu’il lui faut avoir un travail, une femme, des gosses, et ainsi de suite, le serpent se mord la queue.

    Je pense que mon article est raté, je n’ai pas réussi à y exposer l’enchevêtrement de problèmes que je vois dans cette base de notre société. A trop me focaliser sur la vision judéo-chrétienne de la famille qui m’horripile, j’ai oublié de développer les nouvelles formes de structures familiales et la place centrale de l’enfant comme accomplissement d’un individu à égalité du travail. C’est une nouvelle réflexion à mener, mais au moins, pour cela, cette ébauche n’aura-t-elle pas été inutile.

    • Je me dirai pas qu’il est raté cet article, bien au contraire, car il a mis le doigt sur un problème très très complexe.

      Quand à moi, lorsque je parle d’"héritage familiale", je ne pense pas au patrimoine financier mais et surtout au patrimoine culturel.

    • réponse à rhuyzar Non ton article n’est pas raté , il était sans doute nécessaire puisqu’il suscite des commentaires et il révèle du courage:Il faut oser soumettre à examen ce tabou universel . Et j’espère bien que ton propos trouvera un très large écho ,et se prolongera en réflexions plus aprofondies .Pour moi il est déjà très réconfortant de ne plus me sentir si déséspérément seule à penser très largement ce que tu exprimes. Et je ne règle pas ici des comptes avec un institution dont j’aurais personnellement à me plaindre ...
      signé Réséda