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La figure du mouvement antiguerre américain : Cindy Sheehan

Publie le lundi 5 septembre 2005 par Open-Publishing

de David Samson

Son fils Casey est tombé en Irak, en 2004. Campant avec des milliers de pacifistes devant le ranch de George Bush, elle a décidé de lui demander "quelle noble cause" pouvait bien justifier sa mort ?

"Même [si George W. Bush] venait me parler maintenant, cela ne suffirait plus. Cela ne mettrait pas fin au mouvement antiguerre, car nos troupes sont encore en Irak", affirme Cindy Sheehan, devenue l’égérie du mouvement pacifiste en faisant le siège du ranch de Crawford (Texas), où le président a passé ses vacances du mois d’août, avant que Katrina, le cyclone, ne vienne l’interrompre.

Pendant trois semaines, Cindy a campé sur ses positions, rejointe par d’autres opposants à la guerre, afin d’obtenir de Bush une réponse à sa seule question : "quelle noble cause justifie la mort de mon fils ?" Fondatrice du mouvement Gold Star Families for Peace (Les mères pour la paix ayant perdu un enfant à la guerre), Cindy, qui n’avait jamais milité auparavant, ne s’arrête plus. Le 31 août, elle quitte Crawford pour démarrer le Bring Them Home Now bus tour (Ramenez-les maintenant à la maison), qui rejoindra la mobilisation pacifique prévue à Washington fin septembre.

Son fils, Casey, est mort à Sadr City, en avril 2004, peu de temps après son arrivée en Irak. Dès le mois suivant Cindy réussissait, avec d’autres familles de soldats « morts pour la patrie », à obtenir un entretien avec le président. Mais elle garde un profil bas lors de cette rencontre, ce que les médias conservateurs ne manqueront pas de relever, de même qu’ils dévoileront la procédure de divorce dans laquelle cette catholique pratiquante s’est engagée. Ils l’accuseront aussi d’être manipulée par la gauche radicale. Les mieux intentionnés en feront un esprit simple devenu l’icône nationale de la protestation contre la guerre.

Cindy Sheehan, une bonne âme rejointe à Crawford par Joan Baez, symbole de la - mobilisation contre la guerre au Vietnam ? La Maison-Blanche a déjà commis une erreur en tentant de la persuader d’abandonner « Camp Casey », qui nargue le ranch de Bush. Ne serait-ce pas une autre erreur que d’en faire une créature des médias ou un pantin de la gauche radicale ? Le 22 août, elle se défendait de ces accusations médiatiques en écrivant : « Maintenant ils déforment, mentent et scrutent tout ce que j’ai pu dire, alors qu’ils ne scrutent jamais ce que George Bush a dit (...). Au lieu de demander à George (...) s’il veut bien me rencontrer, pourquoi ne lui posent-ils pas les questions qu’ils auraient dû lui poser pendant tout ce temps-là : (...) Pourquoi vous nous avez dit qu’il y avait des armes de destruction massive et des liens avec al Qaeda alors que vous saviez que ça n’était pas le cas ? (...) Pourquoi n’arrêtez-vous pas de dire que "la mission est terminée", alors que vous n’avez aucune idée de quelle mission il s’agit et que vous ne cessez de la modifier, comme vous changez de chemise de cow-boy ? »

Cindy, qu’on accuse de poser des « questions bêtes », n’a ainsi rien d’un esprit simple. Face à une utilisation massive du mensonge et de l’amalgame, elle ne fait rien d’autre qu’opposer une politique de la vérité, fondée sur la seule force contenue par toute parole vraie.

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