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La menace d’un nouveau conflit social marque la rentrée...

Publie le dimanche 31 août 2003 par Open-Publishing

La menace d’un nouveau conflit social marque la rentrée scolaire

Les enseignants sont-ils prêts à repartir dans un mouvement de grève dès la rentrée ? Alors que 12 millions d’élèves s’apprêtent à reprendre le chemin de l’école, la question reste encore sans réponse. Elle devrait être tranchée lors de la prérentrée, lundi 1er septembre, jour habituellement consacré à l’organisation de la rentrée, lors d’assemblées générales organisées à l’appel de l’intersyndicale (FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT, FERC-CGT, FAEN), qui se réunira le même jour.

Malgré les mobilisations du printemps - jusqu’à 3 000 collèges et lycées en grève reconductible au plus fort du mouvement en mai-juin -, la rue de Grenelle pronostique une rentrée normale. OAS_AD(’Middle’) ; Cet été, le gouvernement a entrepris de déminer le terrain. Lors du comité interministériel du 28 juillet, le premier ministre a annoncé une hausse du budget 2004 de l’éducation de 2,8 % et une rallonge de 4 000 postes d’assistants d’éducation d’ici au 1er janvier, qui s’ajoutent aux 16 000 déjà prévus à la rentrée. En 2004, les effectifs enseignants devraient rester stables avec le redéploiement de 1 500 postes du secondaire vers le primaire.

Ces derniers jours, Jean-Pierre Raffarin est monté lui-même au front en recevant les fédérations syndicales en l’absence des ministres de l’éducation, Luc Ferry et Xavier Darcos. Dans un souci d’apaisement, le premier ministre a annoncé que le transfert des techniciens, ouvriers et agents de service, seuls fonctionnaires de l’éducation nationale encore concernés par la décentralisation, ne se ferait pas avant 2005.

Mais ces annonces sont loin d’avoir satisfait les syndicats. Si aucun n’appelle à la grève - tous attendent le résultat des assemblées générales du 1er septembre -, certains ont déposé des préavis pour la première semaine, au cas où.

Le SNES affiche un discours musclé. Faut-il y voir les effets du mécontentement exprimé par certains militants du syndicat majoritaire des enseignants du second degré ? Devant le refus du syndicat de boycotter le bac, une minorité d’adhérents, le jugeant trop timoré, avaient annoncé leur intention de rejoindre des organisations plus radicales.

"Nous ne sommes pas sortis d’une relation conflictuelle avec le gouvernement, assure Denis Paget, secrétaire général du SNES. Il faut repartir dans l’action syndicale." Mais "cela ne se fera sûrement pas dans les mêmes formes qu’en fin d’année dernière", précise-t-il. Selon une consultation effectuée par le syndicat à la fin de l’année scolaire et qui avait recueilli 1 450 réponses (moitié sous forme individuelle, moitié sous forme collective), 76 % des enseignants se disaient prêts à se remobiliser dès la semaine de la rentrée mais se montraient peu enthousiastes au lancement d’une journée de grève "dès les premiers jours" (18 % pour, 24 % contre), encore moins d’une grève reconductible (10 % pour, 43 % contre).

"Notre syndicat aborde la rentrée dans un état d’esprit résolu et combatif, estime Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA. Il nous faudra prendre la température pour démêler ce qui va prendre le pas entre la combativité, la radicalisation, l’abattement, la déception, le repli, voire la démotivation."

A la fin du mouvement, les enseignants manifestaient leur amertume, estimant n’avoir obtenu que des miettes sur la décentralisation et rien sur les retraites. La fermeté, affichée dans un premier temps, sur une application stricte du non-paiement des jours de grève n’avait pas favorisé l’amélioration de ce climat.

Le non-renouvellement de 20 000 aides-éducateurs et la suppression de 5 600 postes de surveillants remplacés par 20 000 assistants d’éducation augmentent encore les griefs. Si on ajoute les départs volontaires en cours d’année des aides-éducateurs, il manquerait entre 10 000 et 20 000 adultes encadrants à la rentrée. Le premier degré, qui accueille plus des deux-tiers des aides-éducateurs, sera particulièrement touché.

Un rapport de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche sur la préparation de la rentrée scolaire 2003 pointe ces difficultés. Ainsi, dans l’académie de Créteil, le taux de remplacement des surveillants et aides-éducateurs "devrait être de 1 sur 2 dans le second degré et de 1 sur 5 dans le premier".

Et de conclure, "la pierre de touche de la réussite de la rentrée se situe incontestablement dans la capacité à gérer avec efficacité le remplacement des aides-éducateurs et des surveillants par les assistants d’éducation". Sans compter les retards dans le recrutement. "Tout sera en place au 1er octobre, a assuré Luc Ferry, lors de la visite d’une école à Ballancourt-sur-Essonne (Essonne), jeudi 28 août. Je veillerai à ce qu’on implante un maximum d’assistants d’éducation dans le premier degré."

La plupart des syndicats soulignent la faiblesse des recrutements aux concours, aggravée par l’absence de candidats sur listes complémentaires et dont les effets se feront surtout sentir à la rentrée 2004. "Il y a deux solutions pour combler le vide provoqué par cette baisse du recrutement, déplore Bernard Boisseau, cosecrétaire général du SNES : soit on recrute de nouveaux non-titulaires, soit on supprime des postes."

Martine Laronche

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--332136-,00.html