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La précandidature Jospin jette un froid au PS

Publie le samedi 1er juillet 2006 par Open-Publishing
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Aucun prétendant n’envisage de se désister en faveur de l’ancien Premier ministre.

de Jean-Dominique MERCHET et Paul QUINIO

Lionel Jospin candidat à la candidature du Parti socialiste ? Tour d’horizon des réactions parmi la cohorte de candidats déjà en piste.

Segolène Royal

« On verra en septembre »

« Cela ne change rien : j’ai toujours dit que je soutiendrai le candidat le mieux placé. Si ce n’est pas moi, je soutiendrai le mieux placé. On verra au mois de septembre », a réagit hier Ségolène Royal lors d’un déplacement à Rennes. Pour l’entourage de la coqueluche des sondages, la rentrée dans la mêlée de Lionel Jospin est interprétée comme « un hommage au travail accompli ». C’est pour ses amis « la preuve qu’elle a fait le trou », puisque Lionel Jospin aurait accéléré son calendrier à cause de son omniprésence. « Sans chercher à polémiquer », les proches de la présidente de la région Poitou-Charentes préviennent qu’« elle ira jusqu’au bout. » Et rappellent à Jospin qu’il devra comme les autres passer par la case « militants ».

Les fabiusiens

« Pas concernés »

Claude Bartolone, bras de droit de Laurent Fabius, s’interroge : « Je n’ai pas bien saisi les raisons qui pouvaient le conduire à revenir. Ce n’était pas un message adressé aux Français. C’était surtout un message adressé à Hollande ou à ses anciens amis qui soutiennent aujourd’hui Strauss-Kahn. En tout cas, nous nous sentons les moins concernés par cette intervention. »

Strauss-Kahn

Même pas fâché

Jospin lui a pourri son meeting mercredi (Libération d’hier), mais qu’importe : chez DSK, la « disponibilité » de l’ancien Premier ministre est « plutôt bien » prise. « Sur une ligne respectueuse mais sceptique », confie Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris. Une réunion de l’état-major DSKiste ainsi que des coups de sonde auprès des relais en régions ont convaincu hier le député du Val-d’Oise « de ne rien bouger ».

Jack Lang

Se désister ? « Une plaisanterie »

L’ancien ministre de la Culture sera-t-il le premier à se désister au profit d’une candidature Jospin, comme on le murmure au PS ? « C’est une aimable plaisanterie », réagit-il. Il juge pourtant les interventions de Jospin « positives ». Lang est en effet persuadé de « la probable victoire de la gauche en 2007. Celui que nous choisirons sera donc le prochain Président ». Dans ces conditions, « la question que les socialistes doivent se poser est : "Qui est le meilleur pour gouverner ?" » Jospin ? Non, « je pense avoir les qualités pour être celui-là ! » Mais avec sa précandidature, l’ancien Premier ministre a « déverrouillé, décadenassé la situation ».

Arnaud Montebourg

Pense à sa candidature

« Je vous confirme que la question de ma candidature à l’investiture est toujours sérieusement posée, mais que ma décision n’est pas prise. » Ainsi réagit Arnaud Montebourg aux déclarations de Jospin. En attendant, il « regrette que le PS n’ait pas tiré les leçons du 21 avril 2002 et n’ait pas renouvelé ses équipes de direction ».

François Hollande

Soutiendra celui qui gagnera

Mercredi soir, Lionel Jospin a expliqué que son retour supposait que François Hollande l’appelle. Va-t-il le faire ? « Le premier secrétaire prendra sa décision fin septembre ou début octobre », confiait hier son directeur de cabinet. Autrement dit, sur sa propre candidature ou le choix de son candidat préféré. « Le premier secrétaire est difficilement contournable », ajoute Stéphane Le Foll, précisant que son patron « a toujours intégré l’hypothèse » Jospin. « Garant de l’unité » du PS, Hollande prendra sa décision en fonction de « l’intérêt général, du PS, de la gauche ».

http://www.liberation.fr/page.php?Article=394474

Messages

  • Gauche . Le Collectif national pour un rassemblement antilibéral a tenu hier sa première conférence de presse.

    « Nous ne sous-estimons pas la difficulté de la tâche », indique d’emblée Claude Debons en présentant le collectif national d’initiative « pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures unitaires ». Autour de la table, les représentants des partis et organisations signataires de l’appel publié le 13 mai dernier, les Alternatifs, Mars, la Gauche républicaine, Convergence citoyenne et le Parti communiste français, des signataires représentant des courants d’autres organisations tels Christian Picquet de la LCR et René Revol de PRS, ou Francine Bavay des Verts et des signataires comme le syndicaliste Claude Michel, Yves Salesse ou la féministe Monique Dental, des responsables de collectifs locaux comme France Coumian.

    la condition indispensable

    L’objectif du collectif ? « Nous voulons maintenant bâtir un rassemblement de toutes les énergies antilibérales autour d’un projet commun et de candidatures communes. C’est la condition indispensable pour ouvrir la voie à une authentique alternative ». Selon la vice-présidente de la Région Île-de-France Claire Villiers, il s’agit « d’un projet de longue haleine, avec des échéances, celles de 2007. Un projet qui mette les réponses politiques en adéquation avec ce que nous pensons être les exigences populaires ». Premier objectif donc 2007, l’élection présidentielle où, selon Claude Debons, « nous ne partons pas pour témoigner. Nous voulons changer la donne à gauche pour y faire prévaloir une orientation de rupture avec le capitalisme libéral ». L’accord des participants est général sur la stratégie pour cette élection : d’une part, ils affirment qu’ils se mobiliseront « pour battre la droite et l’extrême droite » au second tour et en même temps, qu’ils « ne participeront pas à un gouvernement qui serait dominé par le social libéralisme ». C’est précisément sur ces questions que la direction de la LCR a jusqu’à présent refusé de s’associer à la démarche commune. Elle soupçonne le PCF et certains signataires de travailler à « une gauche plurielle numéro 2 » et s’apprête, à la fin de la semaine, à lancer dans la course la candidature d’Olivier Besancenot. Pour Christian Picquet « rien n’est écrit d’avance. Même si une majorité de la LCR se prononce pour la candidature d’Olivier Besancenot, j’espère qu’elle saura délivrer un message de poursuite de la présence de la Ligue dans les processus unitaires. Parmi les militants de la LCR, l’aspiration unitaire s’est montrée extrêmement forte. Nous ne sommes qu’au début d’un film dont le scénario n’est pas écrit d’avance car le rassemblement n’est plus seulement souhaitable, il est désormais possible ».

    processus populaire et unitaire

    Difficulté sur laquelle beaucoup sont tentés de se polariser, la question de la candidature à la présidentielle. La déclaration de candidature de José Bové la semaine dernière a précipité les interrogations sur ce point. « Il n’y a pas un nom mais plusieurs qui circulent, explique Yves Salesse, et nous n’en avons pas discuté parce que ce n’est pas le moment et que ce n’est pas la question majeure pour nous. La question est de se mettre d’accord sur le fond politique, battre la droite et ne pas participer à un gouvernement à dominante social libérale, et sur le contenu des propositions. Nous ne tomberons pas dans le piège de la personnalisation de la vie politique, quel que soit le nom, la campagne sera portée par un collectif représentant toutes les sensibilités politiques. »

    « Nous ne voulons pas reproduire le choc des ego, renchérit Olivier Dartigolles représentant du PCF. Tout dépendra de notre capacité à créer un processus populaire et unitaire très large. Il y a un énorme travail à accomplir pour que cette dynamique se développe. » « Je suis en province et je multiplie les réunions sur le terrain, annonce pour sa part René Revol membre de PRS. On dirait que plus on est loin du centre et plus la dynamique est forte. Nous devons tenir compte de cette attente qui s’exprime. Nous avons été capables de gérer ensemble la campagne pour le "non" et nous serons capables de mener ensemble cette campagne. »

    o mayer

  • C’est super si Jospin est choisi, c’est donner des assurances à la droite que le PS ne sera pas au second tour, en 2007.
    Un capitaine qui abandonne son navire dans la tempête, laissant équipage et passagers se débrouiller seuls, n’est pas digne de confiance. Et être sûr d’être élu, comme il l’avait laissé paraître à la TV en 2002 relève de la naïveté. Aucun mandat politique n’est assuré pour la vie. Il aurait dû être plus réservé, plus prudent.
    En attendant, passons à autre chose. Ne nous laissons pas distraire.

  • Le PS et le Front populaire en France
    Un article écrit pour la revue suisse "Pages de Gauche"
    dimanche 2 juillet 2006 par Pierre Ruscassie

    L’année 1936 restera dans la mémoire collective de la gauche en France : elle y représente une mobilisation exemplaire qui permit aux salariés de conquérir de nouveaux droits et une expérience dont la gauche pu tirer et peut encore tirer des leçons pour les luttes sociales et politiques d’aujourd’hui. Elle fait partie du patrimoine identitaire de la gauche. Elle fut le moteur de l’engagement d’une génération militante.
    Des conquêtes de 1936 on se souvient surtout des congés payés et de la semaine de 40 heures, qui étaient absentes du programme, très léger, du Front populaire. Ces conquêtes furent celles de la grève générale qui se déclencha avant l’installation du gouvernement Blum. Cette irruption de la grève générale résulta de l’inquiétude que créait le retard pris à installer le nouveau gouvernement : devant la lenteur du processus institutionnel, les salariés ont pris les devants pour assurer la satisfaction de revendications dont la prise en compte n’avait pas été prévue par les responsables du Front populaire.

    Les salariés avaient bien perçu que la victoire du Front populaire était celle d’un nouveau rapport de forces entre eux-mêmes et le patronat. Mais ils n’étaient pas du tout convaincus que les dirigeants répondraient à leurs aspirations s’ils ne leur forçaient pas la main. La victoire électorale était leur victoire, mais certains dirigeants élus et certains partis portés au pouvoir, n’étaient pas leurs dirigeants et leurs partis. Les salariés se sont lancés, en mai 36, dans une grève générale parce qu’ils avaient un doute sur la volonté ou la capacité du Front populaire.

    On a souvent fait la comparaison entre Mai 36 et Mai 81. Certains s’attendant à ce que le scenario de 36 se reproduise en 81. Ça n’a pas été le cas et pour cause. Le Parti socialiste de 1981 était perçu par la majorité des salariés comme leur parti : il bénéficiait de leur confiance. C’était bien aussi le cas de la SFIO et du Parti communiste en 36. Ce n’était pas du tout le cas du Parti radical qui leur était associé dans ce Front populaire.

    Le Front populaire n’était pas une Union de la gauche. Il était une alliance entre les deux partis de la gauche et le principal parti de la droite modérée. La gauche se soumettait au programme de cette droite modérée, son programme était donc aligné sur celui du Parti radical. Le peuple de gauche était fondé à ne pas lui faire pleinement confiance : ce sera la même chambre des députés qui votera les pleins pouvoirs à Pétain en 1940.

    Il faudra attendre 1972 pour que la gauche s’unisse, indépendamment de la droite, autour d’un vrai programme commun de gouvernement. Il sera malheureusement déchiré en 1977 par le Parti communiste car, pour Moscou, il n’était pas question de déstabiliser l’équilibre mondial issu du partage du monde réalisé à Yalta. Le Parti socialiste devra aller, seul, à la victoire en 1981.

    La victoire de François Mitterrand ne fut pas celle de l’Union de la gauche. De 1977 à 1995, la direction du Parti communiste fut engagée dans une violente division de la gauche, avec une petite accalmie entre 1981 et 1984. Le mur de haine que le stalinisme tenta d’édifier entre le PCF et le PS affaiblit la capacité de mobilisation des salariés, facilita le tournant de 1983 vers la politique d’austérité et fut une composante essentielle de la crise de la gauche.

    La division de la gauche, comme sa soumission à la droite, organise ses défaites. La victoire durable demande au contraire l’unité et l’indépendance à l’égard de la droite : l’unité de la gauche autour d’un programme de gauche. Toute la gauche et rien que la gauche autour d’un programme suffisamment audacieux pour mobiliser massivement les travailleurs et leur redonner confiance en la gauche.

    Toute concession programmatique au libéralisme rendrait la victoire plus difficile sinon impossible. Surtout après la victoire du « non » du 29 Mai et la victoire contre le « contrat première embauche » (CPE), les exigences des électeurs sont croissantes : un programme de gauche, pas un programme qui cherche l’assentiment de la droite modérée en s’inspirant du néolibéralisme. Un programme discuté publiquement pour qu’aucune composante de la gauche ne puisse s’y soustraire : un programme antilibéral mais pas un programme de la seule « gauche antilibérale », qui autoriserait les « grands » candidats à s’émanciper de tout programme et à dépolitiser la campagne électorale.

    Un programme d’urgence sociale, pour les 35 heures réelles par la loi, pour reconstruire les services publics, pour une VIe République sociale, pour une Constitution fédérale européenne.

    Pierre Ruscassie, membre de la rédaction du mensuel Démocratie & Socialisme.