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La question chinoise aujourd’hui (zaz)

Publie le mercredi 16 avril 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

1. Introduction : La Chine en ce moment comme étude de cas

Le boulot autoproclamé de l’Ocséna c’est, dans le principe, de raisonner. Chacun dira que c’est aussi très simplement le boulot normal de tout le monde.

Tout le monde ? Voire ! En vérité on sait bien qu’il doit y avoir notamment un lot de tricheurs assez escrocs s’employant devant tous à raisonner faux mais avec l’air de le faire juste. Et qu’il doit y avoir d’autres cogiteurs aussi, pris dans la masse, qui doivent raisonner en aveugles mais de parfaite bonne foi. Ceux-là s’ils trompent leur prochain c’est parce que d’abord ils se trompent eux-mêmes. Personne évidemment ne se place dans ces catégories négatives : L’Ocséna pas plus que les autres.

Dans les tricheurs, rappelons qu’on suspecte d’abord fermement les politiques (les journalistes aussi, franchement, ça coule de source). Dans les idiots bien sûr on suspecte en gros le peuple (et quelques grands professeurs avec), on le fait de façon rituelle pour ce qui concerne le peuple (mais nous tous quand même, qui en sommes, on ne se suspecte pas d’entrée spontanément, faudrait pas non plus pousser !).

Dans l’affaire chinoise actuelle (en même temps qu’olympique, tibétaine et droits de l’’hommienne), on a, selon nous, une étude de cas possible. Pas facile peut-être ! Sauf au départ où tout paraît clair.

2. La thèse centrale éthique dans la question chinoise

Sauf au départ où tout paraît clair : Y a en effet a priori le bien, le mal clairement établis, y a les bons et les méchants. On se sent tous légitimés, vous, nous, dans cette affaire, par une vérité première, simple, unique qui parle d’elle-même. Nous appellerons la vérité éthique. Face à cette vérité éthique, tout ce qui n’est pas elle paraît n’avoir qu’un poids second, tout argument contraire paraît argutie. C’est ce truc intense qui a levé incontestablement des foules spontanées un peu partout, supermotivées à souffloter la flamme partout où elle passait incidemment. Et cela, comme on sait, pas seulement chez les Français. L’idée c’est que la souffrance de l’autre est première, que l’injuste souffrance à apaiser ailleurs l’emporte sur toutes les considérations qu’elles soient de productivité, de beauté ou de sportivité.

Donc au point où nous en sommes, sans qu’on sache comment et pourquoi exactement, la mayonnaise a pris, on se dit que peut-être bien les JO sont mal barrés. Nous connaissons tous, pensons-nous le topo de cette affaire, on en a semble-t-il suffisamment entendu parler et même pour certains d’entre nous, "on" en a rédigé amplement des calicots.

3. La thèse corollo-intéressée ou thèse économique dominante

A la thèse éthique donc, bien repérée, et sans conteste, il faut indissociablement ajouter une deuxième thèse corollaire, ou complémentaire si vous voulez : les méchants, ici c’est les Chinois, sont totalement aidés par les salauds. C’est la thèse corollo-intéressée. Eux aussi, les salauds, semblent parfaitement identifiés : ce sont nos politiciens qui ont des contrats, nos capitalistes qui ont des marchés. Ce sont aussi ceux de nos politiciens et capitalistes qui n’ont ni contrats ni marchés mais qui ont dans la peau d’être solidaires des autres, etc. et blablabla, morts aux salauds !

Parmi les corollo-salauds bien sûr on trouve aussi, c’est logique ! le CIO, Sarko le bushiste, le CAC, le MEDEF, la finance américaine.

Tout ça est cohérent, tout ça se tient, les JO sont le reflet de tous les intérêts conjugués.

A-t-on bien résumé ?

Ocséna a-t-il quelque chose contre tout ça qui constitue indubitablement le gros du credo qu’on entend.

Non, Ocséna n’a rien contre.

 Ben alors ?!

4 Ici se place l’intervention (médiation ou méthode) de l’Ocséna

 Ben alors, Ocséna voudrait faire son boulot si vous en convenait. Si vous en convenait !

On le disait en démarrant, le boulot de l’Ocséna c’est de raisonner.

 Ah parce que peut-être vous auriez, vous, à l’Ocséna, une méthode secrète pour comprendre les choses autrement et mieux ? : des règles cartésiennes ? une dialectique ? une systémique ? une théorie du chaos, ou de l’immanence ? ou de l’émanation ?

Non, nous n’avons pas si bien, pas si luxueux. L’Ocséna a primo (on suppose que vous connaissez déjà) les zaz qui sont des mots en porte-à-faux, deuxio l’Ocséna a la méthode des déraisonnements qui consiste à faire l’inventaire des théories différentes et contrariantes les plus hétérogènes par rapport à la théorie centrale.

On a donc essayé de collecter ici ce qui curieusement traînait "d’alternatif", si on peut dire, sur la question. En condensant, hein, pour pas s’éterniser de trop.

On n’aurait peut-être pas dû, note, tu vas voir que pour certains ça va nous rendre antipathiques.

5. A la thèse centrale éthique la contre-thèse éthique polymorphe

Contre-arguments glanés d’un peu tous les côtés et dans des formes parfois peut-être contestables :

* Sur la question de la légitimité française ou occidentale en général

 "Des gens qui sont en hyperglycémie permanente et parmi lesquels circulent tant de cas de diabète peuvent-ils donner des leçons de vie à 1 milliard 300 millions d’êtres humains qui ont du mal à s’acheter ne serait-ce qu’un triangle de Vache qui rit pour leur midi."

 "Ceux qui font du vélo dominical peuvent-ils comprendre ceux qui font du vélo quotidiennement pour aller à leur travail au max à un euro."

* Lu sur les droits de l’homme en Chine

 "Nous exigeons la télé dans chaque cellule et 6 chaînes comme en France.
 Mais on n’a pas ça en France dans les prisons.
 Ah bon, vraiment ?"

 "Les Français étant incapables d’influencer leurs gouvernants, c’est quand même une aubaine de pouvoir faire chier massivement l’ensemble de ceux de Chine."

 Quand on n’a pas pu faire la révolution en France c’est une extrême jouissance de pouvoir mettre la merde en Chine en grand.

 "Libérez le Tibet, les Tibétaines ont droit comme les autres au tourisme sexuel occidental."

 "Y a le problème des terribles images répressives prises à Lhassa.
 Ca, c’est sûr ! ça te saisis aux tripes
 C’est comme les images des CRS Quartier latin avec bouclier, jambières et lance-patates, tu comprends pourquoi les jeux ne pouvaient pas échoir à Paris."

Quand la Chine s’éveillera.
 Ouais ben on devrait peut-être faire gaffe avec nos conneries. Lu déjà sur un mur de banlieue : "Pékin-Sarcelles même combat !"

On en a, on en a vu, des dizaines comme ça, de formules et de zaz, qui sont chacun en soi une sorte de mini-théorie. La plupart parmi vous sans doute hausseront les épaules et ce n’est pas cela qui va les ébranler, Soit ! Ok ! Nous on collecte, on prend pour méditer, si ça peut faire méditer ! Personne bien sûr n’y est tenu.

T’as aussi la thèse du choc des civilisations que tout le monde nie par ailleurs, t’as même la thèse qu’il n’y a qu’un choc celui de LA civilisation, qui est la nôtre, et de LA démocratie, qui est chez nous.

Une expression de cet esprit se condense dans ceci :

"Les Chinese ont eu Confucius, ils ont eu Marx après, ils seraient temps qu’ils comprennent que la vérité vraie est dans Baden-Powell."

"Bon ben faudrait peut-être tirer son chapeau à la Chine qui s’en est sortie contre une terrible adversité !
Ben, même les ultra-communistes leur en veulent. :

 Les Chinois n’ont aucun mérite ce ne sont en aucun cas d’authentiques communistes."

Je vais te dire, comme ça quand même la Chine est mal barrée, on est obligé de le reconstater et le redire !

En tout cas la thèse morale centrale véhicule, tournant en satellites, plein de pépites illuminées peut-être illumineuses de Sous-théories contre centrale qu’il fallait répertorier et diffuser.

Mais il y a une contre-thèse économique, contre-centrale aussi, qui vous a peut-être, aussi curieux que ça puisse paraître complètement échappé.

6. A la thèse économique des intérêts, la contre-thèse ou théorie du complot économique anti-chinois

Les capitalistes entrepreneuriaux et financiers et les États eux-mêmes ont tous les intérêts à soutenir indéfectiblement les Chinois même au prix d’accomodements avec l’éthique. On dit ça, ça a l’air de coller.

Faux ! disent certains.

D’abord les intérêts eux-mêmes passent souvent, quoi qu’on en dise, sous le rouleau-compresseur et sous la bite des passions. Cinquante ans d’anticommunisme laisse des traces. On peut imaginer que des groupes actifs et activistes se la pèlent dans le cerveau que des putains de communistes initialement fauchés soient en passe de devenir objectivement les maîtres du monde à venir.

A défaut de réacs nombrilistes et purs nostalgiques purement peut-être imaginaires, on peut aussi se rappeler comme le suggèrent fortement certains que les USA n’en sont pas à une ruse de plus ou de moins dans le jeu qu’ils font avec l’histoire. Les Jap aussi étaient montants et presque maîtres du monde il y a 30 ans, aurait-on oublié cette crise économique et financière très étudiée qui a su les ramener à une plus grande modestie.

Or les Japs d’alors étaient des nains par ra rapport aux Chinois d’aujourd’hui.

Amis, demain nous sommes chinois. C’est à chacun d’aimer ou de ne pas aimer. Mais certains n’aimeraient pas. L’affaire d’aujourd’hui qui a la forme que l’on pense constitue-t-elle une autre bonne affaire pour autres sous une forme qui n’est pas la même.

Il est tant de stopper là, les théories du complot sont souvent déconnantes et suspectes. A vous de voir, à vous de vous prononcer.

Avons-nous par les "déraisonnements" de l’Ocséna élargi l’horizon ? On n’en sait fichtre rien ! On a livré un produit. Point !

7. Comment conclure ?

Concluons vite, on est stressés, et aussi en même temps on est pressés. Bon ben alors concluons par cette première question qui nous est envoyée par un de nos aimables correspondants : L’affaire chinoise des JO c’est l’affaire du Tibet et des libertés relatives aux Tibétains ? ou c’est aussi en général l’affaire des droits de l’homme en Chine ? (peine de mort, détentions longues, droits de la défense court-circuités, etc.). Dans l’apparent double verbe sur la question en ce moment il y a quelque chose qui est flouté de façon gênante.

Deuxième question maintenant sur cette affaire, s’il y a à ce stade des choses floues, et des choses floues dans les choses exposées précédemment, est-ce que par bonne volonté on n’en a pas fait indûment un peu trop.

Ne sommes-nous pas dès lors dans un terrible dilemme à résoudre : s’en sortir entre la douleur réelle infligée au Tibet et le terrible, incroyable affront, donné globalement au Peuple Chinois, peuple douloureux aussi, le plus grand numériquement de la Terre.

Dernière question. L’Occident est-il encore l’avenir de quelque chose ? : A part, l’aspiration à la liberté totale, au rejet de ses dirigeants et au refus de toute contrainte.

Vers quoi au fond allons-nous ? vers quoi orientons-nous l’humanité ? Quelles sont nos chances à tous ?

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... (et pour la démocratie avancée)
 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • "Des gens qui sont en hyperglycémie permanente et parmi lesquels circulent tant de cas de diabète peuvent-ils donner des leçons de vie à 1 milliard 300 millions d’êtres humains qui ont du mal à s’acheter ne serait-ce qu’un triangle de Vache qui rit pour leur midi."

    Quelques commentaires :

    1.Dans notre pays en "hyperglycémie permanente", les Restos du Coeur ont dû distribuer 82 millions de repas en 2007.

    2.Je crois qu’il y a en Chine des PDG membre du PCC qui ont largement de quoi s’acheter, non pas des triangles mais des usines entières de vaches qui rit, ce sont eux d’ailleurs qui ont tout intérêt à ce que rien ne change pour leurs petites affaires.

    3.Plutôt que de parler du peuple chinois, il faudrait parler des "peuples chinois", la plupart n’ont ni la même langue , ni la même culture, ni la même histoire et n’appartiennent même pas à la même etnhie : les Han, les Zhuang, les Mandchous, les Ouigours, les Mongols, les Tibéto-birmans, les Dong, les Coréens, les Kirghizes, les Tatars etc.

    4.Plutôt que de parler de la Chine, il est préférable de parler des Chine, Celle des plaines centrales et des montagnes est défavorisée et subit le pouvoir central depuis des lustres, celle du littoral concentre toutes les richesses et profite à plein régime de ce régime merveilleux qui conjuque politiquement l’ordre stalinien et économiquement le libéralisme le plus débridé...si j’ose dire.

    jeanne marie