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La société civile entre en campagne...

Publie le samedi 23 septembre 2006 par Open-Publishing

« La société civile entre en campagne

Par Aline Chambras, journaliste

Dans la perspective de 2007, de nombreuses associations veulent infléchir les débats, en se présentant auprès des partis politiques comme des forces de propositions et d’initiatives.

Si aucun candidat, programme à l’appui, n’est encore formellement désigné dans la course à la présidentielle, la société civile est, elle, déjà en campagne. Avec deux espoirs : parvenir à peser sur les partis, en leur exposant les problématiques à explorer en priorité et les solutions à y apporter, mais aussi aider à une prise de conscience citoyenne.
Pour, au final, détrôner les sempiternels et dangereux débats sur la sécurité, l’immigration ou le " déclin " de la France...
Ce lobbying, exempté d’intérêt économique, porté par l’intérêt général et apolitique - dans le sens où il s’adresse à tous les partis - à l’exception du Front national - n’est pas une nouveauté. Attac ou la Ligue des droits de l’homme, notamment, ont coutume d’interpeller les candidats.

Mais, pour 2007, la pression associative devrait prendre une importance inédite, avec l’engagement sur le terrain politique d’ONG traditionnellement éloignées des contingences électorales.
Peut-être faut-il y voir les conséquences d’un 21 avril 2002 et d’un contexte social et environnemental alarmant ?... Quoi qu’il en soit, les campagnes électorales à venir (présidentielle et législatives en 2007, municipales en 2008) devront compter sur la participation de la société civile.

L’union fait la force

Pour mieux se faire entendre, certaines ont choisi de se regrouper afin de mettre en commun leurs expériences et leurs propositions.
C’est le cas, par exemple, de cinquante-sept associations écologistes, dont WWF ou Greenpeace, réunies pour l’occasion électorale au sein de l’Alliance pour la planète (http://www.lalliance.fr/).

Inauguré le 22 mars dernier, ce collectif promet, via sa campagne " quelle France pour 2012 ? ", d’obliger les candidats à aborder la question de la défense de l’environnement. Et de tenter de les convaincre de mettre enfin en application les mesures écologistes qu’elles demandent depuis des années.
Au cas où cette union ne parviendrait pas à suffisamment orienter le cours des débats, certains membres de cette " Alliance ", comme Greenpeace ou Les Amis de la terre, se sont engagés dans un autre collectif, lui aussi déterminé à influencer le cours de la campagne 2007.
Réunies sous l’égide " 2007 : urgence planétaire, votons pour une France solidaire ", créée le 6 février dernier à l’initiative du Centre de recherche et d’informations pour le développement (Crid, www.crid.asso.fr ), dix associations interpelleront les candidats et leur soumettront leurs projets, axés sur la défense de l’environnement et la solidarité internationale.

Enfin, les ONG regroupées au sein de Coordination Sud se sont, elles aussi, engagées dans la bataille en lançant l’appel " Élections 2007, pour une France solidaire et ouverte sur le monde " 1.
Soucieuses d’apporter leur expertise en matière de politique publique de solidarité internationale, elles proposent également aux éventuels élus des solutions en matière de politiques étrangère, commerciale et agricole. Reste à savoir si de telles initiatives réussiront à se compléter et si elles sauront forcer les candidats à insuffler davantage d’écologie et de solidarité dans leur programme.

Expertise à l’appui

À ces trois initiatives s’ajoute la montée au créneau d’autres associations, qui veulent, elles aussi, avoir leur mot à dire.
Ainsi, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars, www.fnars.org ) lançait, en janvier 2006, des États généraux sur le thème " L’exclusion n’est pas une fatalité ".
Elle vient aussi de publier un Livre blanc dans lequel elle propose un état des lieux de l’exclusion, région par région, grâce au travail de ses acteurs locaux, ainsi que des solutions pour y remédier. L’ouvrage, envoyé à tous les élus, devrait permettre " de sortir des discours langue de bois des partis qui osent dire que l’exclusion est leur priorité ", précise la présidente, Nicole Maestraci. La Fnars espère par exemple que sont enfin clairement mis sur la table " la question du pilotage entre les compétences et les moyens nationaux et ceux confiés aux conseils généraux dans le cadre de l’action sociale ".

Sur le même thème, Atd Quart-Monde a mis en place, depuis mai 2006, les réseaux " Vie locale citoyenne " (www.atd-quartmonde.asso.fr ).
Ces réseaux ont pour mission principale d’assurer veille et interpellation, en faisant remonter jusqu’à la sphère publique les données relatives à la pauvreté afin de faire de la lutte contre la misère une priorité nationale. Leur rôle consiste également à conseiller et soutenir les élus locaux, notamment départementaux, dans leur lutte contre l’exclusion.

Dans un autre registre, la ligue Roc pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non chasseurs a ouvert un site consacré à la biodiversité (www.biodiversite2007.org ) qui proposera, en temps voulu, un tableau comparatif des programmes des candidats dans le domaine de l’environnement. Histoire d’aider le citoyen à faire son choix et de mettre les politiques face à leurs contradictions, nombreuses dans ce domaine.

Enfin, méthode plus traditionnelle, le réseau Sortir du Nucléaire, lui, appellera à manifester dans cinq grandes villes (Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon et Toulouse) le samedi 17 mars 2006, afin d’imposer la question du nucléaire comme thème majeur de la présidentielle et des législatives. En espérant que ces nombreuses initiatives réussissent à mettre du sel dans les débats... et dans les actions qui suivront. »

1 www.coordinationsud.org/article.php...

Source de l’article : http://www.adels.org/